Faciliter l’accès à la connaissance
«Langues» et «Informatique» sont deux des seize grands domaines que recense le portail électronique de l’INFPC. Sans surprise, ce sont aussi les plus cliqués. Portail lifelong-learning.lu, dispositif de cofinancement de la formation en entreprise, Observatoire de la formation, «c’est en s’appuyant sur ses outils de développement que l’INFPC entend jouer son rôle de facilitateur de l’accès à la formation», assure Dominique Matera, directeur de l’Institut national pour le développement de la formation professionnelle continue.
Pouvez-vous nous présenter l’INFPC?
L’institut a été créé en 1992 afin de répondre aux besoins de l’économie en matière de développement des compétences au sein des entreprises. En effet, la formation tout au long de la vie est un concept qui a émergé dans les années 90 et qui visait la construction d’une société cognitive. L’objectif était de faire de l’économie européenne une économie fondée sur la connaissance. Au Luxembourg, le législateur et les partenaires sociaux ont pris conscience de l’importance de cet enjeu et ont élaboré un texte de loi visant à organiser et à règlementer la formation professionnelle continue.
L’INFPC a donc été créé afin de promouvoir les dispositifs d’accès à la formation mis à disposition des entreprises et des individus. Depuis le 1er janvier 2000, les entreprises bénéficient d’une aide financière de l’Etat pour mettre en œuvre leurs plans de formation. L’INFPC promeut le dispositif et contrôle les demandes de cofinancement des entreprises, qui peuvent percevoir jusqu’à 20% du montant total de l’investissement annuel en formation. Ce dernier comprend tous les frais de mise en œuvre des formations (salaires, coût des formations, hébergement, déplacement, location de salle et autres).
Quels sont vos outils de promotion?
L’INFPC gère et anime le portail lifelong-learning.lu, qui reprend toutes les informations relatives à la thématique de la formation tout au long de la vie. Il dispose en outre d’un Observatoire de la formation qui, en portant un regard sur l’évolution de la formation continue au Luxembourg, fournit des éclairages aux politiques publiques. Enfin, un département communication met en œuvre la stratégie de communication de l’INFPC en mettant en valeur ses outils et publications et en promouvant les offres de formation ainsi que les dispositifs d’accès à la formation: congé individuel de formation, validation des acquis de l’expérience…
Pouvez-vous nous présenter plus précisément ce qu’est le portail lifelong-learning.lu?
Je dirais que c’est la concrétisation du concept de formation tout au long de la vie. C’est un outil unique, une pièce maîtresse de la promotion de la formation tout au long de la vie, dans le sens où il facilite l’accès à l’information sur tout ce que comporte cette thématique. Un individu y trouvera les formations pour développer ses compétences et un responsable de formation ou DRH y trouvera tous les éléments pour élaborer son plan de formation. Ce portail vise l’exhaustivité de l’information sur l’offre de formation présente au Luxembourg afin de fournir un service complet et fiable à chaque internaute, qu’il représente une entreprise ou soit dans une démarche personnelle. A ce jour, il réunit plus de 170 organismes de formation qui présentent plus de 7.000 formations.
Justement, n’y-a-t-il pas une compétition entre ces organismes?
Une certaine compétition, mais stimulante. Suite à la mise en place du dispositif de cofinancement étatique de la formation professionnelle continue, au début des années 2000, il s’est créé un marché sur lequel s’est développée une offre de formation abondante. Cette offre vise à répondre à la demande des entreprises pour lesquelles la formation constitue un levier stratégique de compétitivité et un facteur important d’innovation et de croissance. Elle doit également répondre à la demande des individus dans une optique de développement personnel et d’accroissement de leur employabilité.
Le marché de la formation est un marché ouvert et l’une des actions de l’INFPC consiste à renforcer la visibilité et la lisibilité de l’offre de formation. Notre objectif est, en effet, de fédérer sur notre portail l’ensemble des organismes de formation présents au Luxembourg. Le jeu de la concurrence existe sans doute, mais il appartient à chaque acteur de se différencier, notamment à travers la qualité de ses services. L’un des axes de la stratégie nationale du “Lifelong Learning“ consiste précisément à définir des critères destinés à améliorer la qualité de l’offre de formation.
La version papier est-elle vouée à disparaître?
Pour le moment elle a encore le vent en poupe. Son succès n’a fait qu’augmenter au fil du temps. En 2010, nous y recensions 77 contacts, aujourd’hui il y en a 339, dont 170 sont membres du portail lifelong-learning.lu. Le répertoire des organismes de formation en version papier est un support promotionnel qui attire les organismes de formation et les incite à s’identifier et à présenter leur offre. Par ailleurs, c’est le seul support qui donne une visibilité quasi complète de l’offre de formation effective au Luxembourg. Depuis 2000, 1.200 autorisations d’exercer ont été délivrées à des organismes de formation; la question est de savoir ce que sont devenus ces organismes. Le répertoire des organismes de formation fournit une réponse à cette question. Par ailleurs, les organismes de formation sont demandeurs puisque, dès la parution du répertoire, ceux qui n’y sont pas recensés nous contactent afin d’y figurer.
Crise financière de 2008, transparence fiscale, contexte de fuites des données, émergence de l’IT; les changements dans l’économie luxembourgeoise sont nombreux, la formation en fait-elle partie?
Nous traversons, en effet, une période particulière et le Luxembourg doit relever un certain nombre de défis pour garantir la pérennité de son économie. L’investissement dans le développement des compétences des salariés revêt, plus que jamais, une importance capitale dans le contexte actuel et pour les perspectives à venir. Mais l’histoire montre que le Luxembourg est habitué à relever les challenges liés aux mutations économiques (sidérurgie, finance, société de la connaissance…). Sur un marché du travail qui tend à privilégier de plus en plus les emplois qualifiés, on peut considérer la formation comme une variable d’adaptation essentielle. Il s’agit donc, pour l’individu, de développer des compétences en fonction des contextes pour être mieux armé sur le marché du travail. Digitalisation, FinTech, biotechnologie, logistique sont autant de défis qui requièrent des compétences spécifiques. Ainsi, les organismes de formation doivent s’adapter aux évolutions des demandes (plus d’individualisation, instantanéité de la réponse formation, modularisation, nouvelles méthodes pédagogiques…). Ils doivent également accompagner de plus en plus le passage de l’acquisition des connaissances au développement et à la mobilisation des compétences en situation de travail. Enfin, ils auront à étendre leur rôle de conseil et d’accompagnement dans la gestion et le développement des compétences.