Esch-sur-Alzette ou le producteur d’énergie verte
C’est suite à une directive européenne qui voulait libéraliser le marché de l’électricité que la ville d’Esch-sur-Alzette a dû créer une société en 2007. Si Sudstroum a commencé avec la clientèle de la ville, elle distribue maintenant partout dans le pays. Elle diversifie aussi ses activités vers le conseil, l’aide financière et œuvre afin de disposer de sa propre production d’électricité 100% verte. Rencontre avec Jeff Paulus et Torsten Schockmel, respectivement directeur technique et directeur administratif et financier de Sudstroum.
Toujours en quête d’une production d’électricité verte à Esch-sur-Alzette?
JP: Oui, nous sommes toujours à la recherche de moyens de production sur le territoire de la commune d’Esch-sur-Alzette. L’éolienne étant exclue, faute de terrain adéquat suffisamment éloigné des habitations, le photovoltaïque est pour l’instant la seule solution pour produire de l’énergie verte dans notre réseau. Nous voulons promouvoir cette alternative et motiver nos clients à opter pour une production photovoltaïque en leur reversant un pourcentage de leurs aides étatiques et communales en plus. Mais puisque Esch-sur-Alzette compte 80% de locataires, nous envisageons de créer des coopératives.
TS: Nous voulons installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments de la commune et nos clients pourront participer au projet en choisissant dans quel quartier investir. Les ménages les plus modestes pourront eux-aussi prendre part au projet avec une action qui devrait se trouver autour des cent euros. Sudstroum réalise le financement et les participants achètent des parts; ce qui limite les risques pour les investisseurs.
Nous étudions à l’heure actuelle, les bâtiments qui peuvent recevoir une telle installation. Nous nous intéressons tout particulièrement aux toits des écoles primaires, dépôts et autres qui peuvent accueillir une production de 30KW (maximum prévu par la législation).
Quel est le potentiel de ce projet?
JP: C’est le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) qui réalise l’étude. Les expertises sont en cours afin de définir le potentiel, l’efficience et l’efficacité du projet. Cependant, il est clair qu’au vu du nombre de bâtiments (et donc de toits) que compte la ville d’Esch-sur-Alzette, le photovoltaïque est la meilleure des possibilités. D’autant plus que la législation actuelle interdit l’installation de panneaux photovoltaïques dans les champs.
TS: Si l’on prend le potentiel des toits de la commune uniquement, on arrive à une estimation de 1.670MWh. Ce qui représente sept pour cent de la consommation totale de la ville. Cela peut apparaître comme une maigre ambition mais ce n’est qu’un début et nous espérons pouvoir commencer dès cette année. Notre conseiller en énergie a déjà recensé sept sites intéressants. Nous commençons avec la commune de par nos liens étroits et notre ambition partagée d’aider les habitants. La prochaine étape étant de trouver des entreprises qui seraient prêtes à mettre à disposition leurs toits afin de participer au projet.
Vous êtes un fournisseur d’énergie verte mais il semblerait que vous diversifiez toujours plus vos activités. Pourquoi?
JP: Il est vrai que nous offrons gratuitement l’expertise et les conseils de notre expert énergétique et souhaitons aller encore plus loin. Ceux qui veulent renouveler leur vieille installation énergivore peuvent déjà bénéficier des aides communales et nous participons à cette initiative pour nos clients. Ainsi, pour l’installation de capteurs solaires photovoltaïques, nous reversons 10% de la subvention accordée par l’Etat. Le remplacement d’une chaudière à combustible fossile pour une pompe à chaleur, c’est 10% de la subvention accordée par l’Etat avec un maximum de 750 euros pour une maison individuelle et un maximum de 3.750 euros pour une maison à appartements (750 euros multipliés par le nombre d’appartements). Le remplacement de lampes domestiques à incandescence ou halogènes pour des lampes LED de classe “A+“ ou “meilleure“ bénéficie de 50% du coût d’acquisition. Enfin, le remplacement d’appareils électroménagers énergivores comme le sèche-linge, lave-linge, frigo et congélateur pour de nouveaux classés “A+++“ ou “meilleure“ bénéficient d’une subvention de 10% du coût d’acquisition.
TS: Nous devons diversifier nos activités car le marché actuel est remis en question. Le gouvernement souhaite favoriser les énergies vertes d’ici 2040 pour répondre aux directives européennes mais on sait que c’est très difficile pour un petit pays comme le Luxembourg de se mettre à la page. Si le charbon et le nucléaire permettent une production constante, ni le solaire, ni l’éolienne ne le peuvent. L’avenir de Sudstroum sera d’aider encore plus ses clients tout en promouvant le photovoltaïque mais dès lors qu’on produit de l’électricité verte, il nous revient de proposer des solutions pour gérer les flux qui ne seront plus constants.
Le marché des contrats à long terme va probablement disparaître en même temps que les productions polluantes. C’est pourquoi nous collaborons avec le LIST pour étudier des projets déjà mis en place au Danemark. Imaginez que via un signal, un particulier ou une entreprise allume ses équipements aux moments où le pic de production est le plus important. En retour de quoi, il bénéficiera d’une ristourne sur sa facture d’électricité. L’avenir des énergies vertes repose sur notre capacité à gérer la production en fonction de la consommation.