Intelligence artificielle, impact déjà réel



La journée du 23 mars résonnera sans doute longtemps comme un échec pour Microsoft et son dernier bébé: Tay, une intelligence artificielle supposée s’exprimer comme une jeune fille de 19 ans, interagissant de façon enjouée avec des milliers d’internautes via Twitter.
 
«Plus vous discutez avec Tay, plus elle devient intelligente», avaient décrit ses concepteurs. Mais c’est plutôt l’inverse qui s’est produit car, après quelques heures, l’I.A. énonçait des propos haineux. «Hitler avait raison, je déteste les juifs»; «Je hais les féministes, elles devraient (…) brûler en enfer», a-t-elle notamment déclaré. Tay, dont l’ambition initiale était simplement de bavarder, a en effet très vite été victime d’un détournement de ses capacités par une masse de « trolls », pour finalement être désactivée après 24h d’activité. 

En théorie, l’intelligence artificielle équivaut à l’aptitude d’un logiciel à apprendre et décider par lui-même. L’un de ses fondateurs, Marvin Minsky, définit la discipline comme: «La construction de programmes informatiques qui s’adonnent à des tâches qui sont, pour l’instant, accomplies de façon plus satisfaisante par des êtres humains». Ses origines remontent aux travaux d’Alan Turing qui conçoit, en 1950, une expérience pour reconnaître si une machine est « consciente » ou non, basée sur la faculté de celle-ci à imiter le comportement humain. Depuis, ce domaine de recherche remporte un grand succès et est à l’étude dans de nombreuses universités et entreprises.
Son histoire est jalonnée de dates clés, comme la victoire en 1997 de l’ordinateur Deep Blue d’IBM contre le champion du monde d’échec, Garry Kasparov; ou bien celle, en mars dernier, d’AlphaGo de Google sur le maître du jeu de go, Lee Se-Dol, dans un match en cinq manches: une victoire bien plus impressionnante que celle sur Kasparov au vu de la très grande complexité du jeu de go. Enchainant les parties contre lui-même afin de progresser, AlphaGo a prouvé que les machines peuvent non seulement apprendre seules mais également s’améliorer, ouvrant ainsi un champ inouï de possibilités pour l’avenir. 

L’I.A. n’est plus seulement une technologie embryonnaire. Elle se manifeste déjà dans notre quotidien: reconnaissance vocale, traducteur instantané, logiciel de ciblage comportemental pour la publicité, outil de suggestions comme ceux d’Amazon, Netflix ou YouTube, et bien entendu moteur de recherche. Toutes ces applications prennent discrètement de plus en plus de place dans nos habitudes, via nos objets connectés, prouvant ainsi qu’il ne faut pas avoir peur de l’intelligence artificielle elle-même – qui nous assiste et nous aide –  mais du peu de conscience que nous avons de sa présence autour de nous.    SoM

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