Lentement mais sûrement

Roger Meyrath

L’ADAPTH, association sans but lucratif créée en 1985, a pour vocation de promouvoir la cause des personnes handicapées et à mobilité réduite et de trouver des solutions pratiques dans l’environnement quotidien pour assurer à ce public un maximum d’autonomie et d’indépendance : conseil, réalisation d’expertises et d’études, développement de nouveaux outils, mise en réseau, l’association est sur tous les fronts. Interview de son président, Roger Meyrath.

M. Meyrath, pouvez-vous revenir rapidement sur les missions de votre association ?

L’ADAPTH est une association sans but lucratif créée en 1985 et conventionnée par le ministère de la Famille et de l’Intégration depuis le 1er janvier 2000. Bureau de conseil en accessibilité composé d’ergothérapeutes et d’un ingénieur, l’ADAPTH guide les maîtres d’œuvre, les professionnels du bâtiment, les élus et également les particuliers dans leurs projets de construction ou de rénovation de bâtiments ainsi que, de manière générale, de tout l’environnement bâti, soit ainsi également les espaces publics et la voirie. L’objectif recherché est de rendre les lieux publics, mais aussi privés, accessibles à tous, et ce, peu importe le handicap : mobilité réduite, déficiences visuelles, auditives ou encore mentales, etc.
Pour réaliser ses expertises, l’ADAPTH se réfère à différentes législations nationales et européennes de même qu’à son expérience pratique de par ses contacts avec de nombreuses associations de personnes handicapées. ‘association sans but lucratif réalise l’étude de grands projets avec l’aide et les compétences complémentaires d’autres associations issues du monde du handicap. Cette collaboration s’effectue sous le nom de MEGA, (Multidisziplinären Experte-Grupp fir Accessibilitéit).
Le conseil se fait sur base de l’analyse de plans ou de lieux existants. Je tiens à préciser qu’il n’est que d’ordre fonctionnel et qu’il n’inclut par là pas la faisabilité technique qui reste de la responsabilité de l’architecte et de l’ingénieur.

Fabiano Munisso, ingénieur industriel auprès de l’ADAPTH, nous avait fait savoir l’an passé qu’il restait beaucoup à faire en matière d’accessibilité au Grand-Duché en comparaison avec certains de nos voisins. Comment voyez-vous la chose ?

Il est vrai que le Luxembourg accuse un certain retard dans le domaine par rapport à certains pays européens dans lesquels la cause est bel et bien un acquis social présent depuis plusieurs années voire plus. Je pense que nous nous posons encore trop de questions avant de mettre en œuvre des infrastructures accessibles à tous. Et lorsque les élus communaux pensent à en réaliser de nouvelles ou d’en adapter des anciennes, ils ne sont pas forcément conscients qu’il existe de nombreux handicaps, et omettent ainsi de prendre en compte certains aspects cruciaux. Généralement, les bureaux d’étude en charge des projets de construction ou de rénovation se retrouvent confrontés aux mêmes problèmes. C’est à ce stade que nous intervenons.?Il reste également un gros travail de sensibilisation à accomplir, travail qui incombe à Info-Handicap qui fait aussi partie du MEGA.
Les communes luxembourgeoises ont cependant pris conscience que les besoins de leurs citoyens évoluent, notamment en raison du vieillissement de la population, et les choses bougent lentement. Si certaines communes sont encore en retrait dans le domaine, d’autres au contraire ne se limitent plus au simple respect de la loi sur l’accessibilité introduite en 2001, mais s’efforcent de proposer des solutions exemplaires qui vont bien au-delà. Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement l’accessibilité dans les bâtiments ou l’aménagement qui sont concernés, mais également les activités de loisir, culturelles, les concerts, etc.?Pour vous donner quelques exemples de projets : l’extension de la mairie de Luxembourg-Ville, le complexe scolaire Belval Sud, et, en phase de réalisation le «Shared Space» à Bertrange.
Une autre évolution très prometteuse, le fait que de plus en plus de communes se dotent d’une commission en accessibilité, c’est-à-dire des personnes qui veillent à ce que les services et infrastructures puissent être utilisés par tous, même dans les communes de moindre envergure.

Vous évoquiez le «Shared Space» à Bertrange qui fait beaucoup parler de lui et que nous avons eu l’occasion de présenter. Pourquoi participer au projet, et en quoi consiste votre travail dans ce contexte ?

Le concept «Shared Space» est certes une philosophie d’aménagement attrayante des rues commerçantes et des artères principales urbaines, mais n’est pas sans poser certaines difficultés aux personnes à mobilité réduite. Plus concrètement, les routes, les rues commerçantes, les parvis et les trottoirs ne font plus qu’un grand espace commun au sein duquel les différents usagers doivent apprendre à cohabiter. ?Le problème réside dans le fait que les personnes à mobilité réduite se retrouvent privées de leurs repères habituels. A nous d’être inventifs et de concevoir des solutions qui leur permettent de se déplacer sans difficulté et sans danger dans cet espace. Nous sommes pour cela en train de plancher sur un concept de lignes de guidage tactiles pour les aveugles et malvoyants qui leur permettra de s’orienter et de se déplacer en toute sécurité, par exemple.

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