Une institution au service de l’innovation

Le Conseil pour le Développement Economique de la Construction est une association de professionnels pilotée par la Fédération des Entreprises Luxembourgeoises de Construction et de Génie Civil et le Groupement des Entrepreneurs du Bâtiments et des Travaux Publics. «Nous réunissons aussi bien les artisans que les industriels» nous confie Bruno Renders, administrateur et directeur général de CDEC.
 
Convaincre et former au développement durable
CDEC est articulé sur plusieurs piliers privés que sont l’IFSB, qui est la société la plus ancienne, Cocert qui est l’agence de conseil en énergie, le pôle d’innovation Neobuild et la startup IMSIM créée en 2014. Ces quatre structures sectorielles privées ont vocation à accompagner le secteur de la construction vers plus de compétitivité durable, vers plus de construction intelligente mais aussi à relever les défis qui l’impactent.
Comme celui qui prendra effet le premier janvier 2017 et qui contraindra toutes les nouvelles constructions à répondre au triple A des maisons passives, ce qui place le Luxembourg comme le pays européen le plus avancé en la matière. C’est dans ce sens que CDEC a établi depuis de longues années, une stratégie qui vise à former les professionnels du secteur aux innovations technologiques et à les accompagner sur le plan de l’ingénierie. «Nous sommes très ancrés sur la partie développement durable», explique Bruno Renders. Et notamment sur l’axe des technologies qui concernent les maisons passives, les bâtiments à énergie positive ou à énergie zéro et qui imposent une certaine forme de mutation des entreprises et de leurs salariés.
La stratégie vise donc, d’un côté, les produits et les technologies de la construction durable, mais aussi le management durable qui accompagne le processus de construction car un bâtiment durable nécessite aussi un management durable.
C’est pour cela que «nous travaillons depuis longtemps sur la RSE, accompagnant les entreprises et les organisations comme les communes afin qu’elles mettent en place une vraie politique RSE». Une méthodologie CSR, “Cooporate Social Responsability 26000“, qui est la liaison entre la RSE et la norme ISO 26000 relative à la durabilité, leurs est ainsi proposée.
Cela se traduit également dans le projet CSR Value qui vise la mise en place du management du développement durable dans le domaine de l’attribution des marchés publics. Le but étant de s’inscrire dans l’économie circulaire en ne tenant pas uniquement compte du prix mais en y incorporant des critères de durabilité. Par exemple, ne plus avoir recours à une entreprise étrangère pour poser des pavés venus de Bordeaux dans une rue de Luxembourg-Ville mais de faire le choix d’une entreprise locale qui incorpore dans sa politique interne, les notions de santé et de sécurité de son personnel sur les chantiers.
«C’est très important pour nous».
«De même, nous faisons beaucoup d’actions auprès des jeunes», nous explique Bruno Renders car «le secteur est vieillissant et a besoin de recruter une main-d’œuvre qui ne doit plus uniquement savoir manier la truelle et le ciment». C’est dans ce but que L’IFSB ouvre régulièrement ses portes aux écoles et que le groupe CDEC a lancé via sa start-up IMSIM, le jeu IMBUILD sur tablettes et smartphones afin de sensibiliser les plus jeunes aux maisons passives. Avec 4.500 nouveaux stagiaires, les chiffres de la formation sont rassurants. Les chefs d’entreprises ont pris conscience de l’importance des formations pour leur compétitivité. L’IFSB a accueilli pas moins de 1.800 salariés manuels et autant de personnel d’encadrement qui sont venus se former sur ses bancs.
Le “Luxembourg Smart Construction Institute“, aussi appelé LUSCI, reprend ainsi toute l’offre de formations pour les techniciens, ingénieurs, architectes et dirigeants d’entreprises de construction proposées qui fait notamment la part belle aux nouvelles technologies, Smart building et à l’internet des objets (IoT) du bâtiment. Un rapport du MIT recense 25 milliards d’objets connectés en 2015 et en prévoit 50 milliards à l’horizon 2020 dont 45% seront destinés aux bâtiments. «Il s’agit donc d’adapter nos compétences vers les nouvelles technologies». Bruno Renders donne pour exemple la modélisation 3D d’un bâtiment, le “Building Information Modeling“. C’est une révolution numérique dans la conception des bâtiments; «ne pas avoir d’employés formés dans ce domaine, c’est rater le virage du numérique».
 
 
Plus que des bâtiments intelligents
Le pôle innovation Neobuild a 3 ans, son laboratoire compte de nombreuses nouvelles technologies comme par exemple pour la première fois en Europe, des verres électro chromatiques qui s’adaptent à l’intensité lumineuse. «Il y a beaucoup de technologies dans le bâtiment mais aucune de laboratoire», nous assure Bruno Renders. Des lumières LED captent même l’électricité que les plantes produisent, «les opportunités sont infinies avec ce type d’innovation», nous dit-il. Plus de mille capteurs permettent de suivre le monitoring du bâtiment mais permettent aussi de suivre le niveau de confort de l’usager. C’est notamment pourquoi il fait l’objet du prix santé en entreprise 2015, remis le 12 juin par le ministère de la Santé.
Un autre prix est venu récompenser l’innovation du bâtiment, celui du “Smart Building“ remis le 3 décembre 2015 lors du “Green Building Solutions Awards“. Cette cérémonie s’est tenue dans le cadre de la COP 21 et le Luxembourg a remporté pas moins de 3 prix sur les 8 mis en jeu.
De plus, Neobuild représente le Luxembourg au niveau international en étant le partenaire officiel de la Plateforme Construction 21,réseau social où les professionnels du secteur échangent, créent et alimentent des communautés, et peuvent aussi trouver des études de cas en lien avec le développement durable. En plus de l’Algérie et du Maroc, ce projet se développe dans dix autres pays européens.
Neobuild a pour objet d’anticiper le futur et les technologies qui impacteront le secteur de la construction de demain. Son bâtiment compte plusieurs systèmes de ventilation,plus de 30 systèmes d’éclairage différents, ainsi que des panneaux photovoltaïques.. Il intègre aussi des matériaux innovants comme des composites plastiques.
Il a également intégré une serre sur son toit et en cultivant fraises, tomates et salades, il est le premier bâtiment luxembourgeois à se lancer dans l’agriculture urbaine ou Urban Farming. «Nous nous sommes inspirés de Montréal qui accueille la plus grande surface de serre urbaine fermée, de New York qui compte la plus grande ferme urbaine à ciel ouvert et de Singapour dont 10% des légumes commercialisés poussent sur les toits de la ville, bientôt ce sera 50%».
L’agriculture urbaine est transposable à Luxembourg; une étude récente montre qu’en 2013, le Grand-Duché a eu besoin de 62 hectares de terres agricoles pour produire ses 2.200 tonnes de légumes. CDEC s’est donc prêté au calcul. En laissant de côté les bâtiments publics et les résidences et en ne mesurant les surfaces de toits de bureaux combinés aux toits des bâtiments des zones industrielles uniquement.
Ce n’est que 20% de cette somme finale qui est égale aux 62 hectares de terres agricoles luxembourgeoises. À la question de savoir si Bruno Renders veut envoyer nos agriculteurs sur les toits du Kirchberg, il répond sans aucun intégrisme: «de la même façon que cela se fait sur tous les toits des nouveaux bâtiments à Singapour. Comme on le fait à Montréal où il fait moins vingt, quatre mois par an». Les bâtiments de bureaux sont tous ventilés mécaniquement, l’air est à température constante, une hygrométrie constante et un CO2 constant, tout ce dont les légumes ont besoin pour pousser.
Cela donnerait une nouvelle fonction noble au bâtiment et créerait de nouveaux métiers, des « GreenJobs » que l’IFSB développe et encourage encore. «Une serre de 600 m2 va bientôt alimenter les cuisines de notre restaurant et si tout le monde faisait cela on aurait plus besoin de faire venir nos salades du fin fond de l’Europe».

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