Une “success story” luxembourgeoise

LG Magazine vous propose, en collaboration avec la Chambre des Artisans, l’histoire à succès d’une entreprise artisanale. Pour cette première, nous avons décidé de nous intéresser à l’entreprise Léon Kremer s.àr.l. qui depuis sa création en 1960, s’est spécialisée dans la vente et le service d’équipements de levage industriel. Son directeur Ralph Krips qui a repris l’entreprise en 2011 a reçu l’année passée “le Prix Créateur d’Entreprise dans l’Artisanat”, alors qu’il n’avait que 33 ans.
 
 
Un parcours atypique
Après un baccalauréat à Luxembourg, Ralph Krips fait des études de pilote chez Lufthansa. C’est après cinq ans dans les nuages pour Luxair qu’il décide de rejoindre les bancs universitaires en ingénierie mécanique et gestion, tout en travaillant parallèlement dans l’entreprise qu’il reprend en 2011. «J’ai décidé de couper définitivement les ponts avec mon ancienne profession pour que l’échec ne soit pas une option», nous confie-t-il. Créée en 1960 par son grand-père puis reprise par son oncle à qui il la rachète, cela fait trois générations que l’entreprise est dans la famille.
Ralph Krips doit souvent répondre à la question d’une potentielle nostalgie aux souvenirs de son ancien métier de pilote qu’il dit très contraignant au niveau du stress, des horaires et qui ne laisse que peu de place à la créativité, «c’est très différent de l’idée romantique qu’on se fait de la profession», nous avoue-t-il. Assumant son ancienne activité qui lui a jadis beaucoup apportée, il ne regrette pourtant rien de sa conversion. Il avait besoin d’un plus grand pouvoir de décision, de plus de prises de risques et d’une liberté plus importante, ce qu’il retrouve dans la gestion de son entreprise et le développement de son activité. Observer l’économie et trouver de nouvelles opportunités sont les moteurs qui l’animent au quotidien.
 
Les défis rencontrés
Rien ne prépare réellement à une telle conversion mais les solides bases théoriques et techniques acquises à la fois durant sa formation universitaire mais également au sein même de l’entreprise étaient indispensables au bon pilotage de cette dernière.
Les défis rencontrés sont souvent liés à la dimension humaine car même si le nouveau directeur connaissait déjà toute l’équipe, l’ancien collègue devenant patron allait inévitablement mener une politique différente dans la direction de l’entreprise. Il en allait de même avec les fournisseurs et les clients qu’il a fallu rassurer et apprendre à connaître.
Avec 30 employés et une demi-douzaine de formateurs “free-lance”, un dirigeant doit maîtriser différents domaines comme les ressources humaines, le secteur financier et le service des opérations. Il a alors une réelle influence dans ces secteurs et voit rapidement les conséquences de ses décisions.
 
Des activités en mutation
L’entreprise créée par Léon Kremer, s’était spécialisée dans la vente d’équipements industriels et notamment de levage et de manutention, ce qui est aujourd’hui encore, son activité principale. Cependant, avec les réductions d’effectifs dans la sidérurgie des années 80 et la sous-traitance qui en découle, sont venus s’ajouter des services qui entourent ces produits. La concurrence s’est également adaptée à cette mutation en proposant des services après-vente mais l’entreprise a su se différencier proposant le service le plus complet du marché.
Ainsi, de la vente d’un équipement découlait un accompagnement personnalisé, les conseils pour acquérir l’appareil le plus adéquat, l’entretient durant son cycle de fonctionnement, sa modernisation en fonction des règlementations mais aussi la nacelle élévatrice pour y accéder, les équipements de protection antichute et la formation du personnel, ce qui a poussé l’entreprise à devenir un organisme de formation agréé. C’est en sommes la solution la plus complète qui a trouvé échos auprès de clients qui sont prêts à payer un certain prix du moment qu’ils ne se préoccupent plus de certains détails. Le leasing opérationnel et la solution clé en main sont l’une des évolutions du marché et c’est le modèle commercial que suit l’entreprise.
 
Une vision luxembourgeoise
À l’heure de la rédaction de ses lignes, le ministre de l’Economie a récemment déclaré que le pays allait rentrer dans «la troisième révolution industrielle». Carlo Thelen, Directeur général de la Chambre de Commerce, se réjouit également que le pays suive cette théorie du prospectiviste Jeremy Rifkin qui vise à faciliter la transition vers un nouveau modèle économique, interconnectée et durable. Implanté à deux pas de Belval, le chef d’entreprise ne pouvait échapper à la question de ce changement économique que connaît le pays.
Historiquement parlant, la richesse économique de Luxembourg repose sur l’industrie et Ralph Krips souhaiterait que les pouvoirs politiques ne l’oublient pas car «c’est ce qui a permis au pays de devenir l’important centre financier que nous sommes actuellement». Il est inquiet de la désindustrialisation actuelle car dans un pays comme le nôtre, «il faut un tissu économique diversifié dans différents secteurs et la sidérurgie a prouvé jadis qu’une économie basée sur un secteur monolithique est risquée».
Le monde financier actuel est complexe, ambigüe, incertain et instable, la mixité économique est alors une stabilité qui permet de mieux gérer les crises: «Je trouve les initiatives qui mises sur l’innovation très bonnes mais le Luxembourg ne deviendra pas pour autant une deuxième Silicon Valley. Rappelons que l’artisanat est le premier

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