Les camions prennent le train
Lorry Rail est une société de droit luxembourgeois qui a démarré une exploitation d’autoroute ferroviaire entre le terminal de Bettembourg et la frontière espagnole en septembre 2007. D’un train tous les deux jours au départ, Lorry Rail est passé aujourd’hui à trois trains quotidiens. Une démarche constructive qui démontre la volonté des politiques et des transporteurs à participer au report modal. Interview de Daniel Lebreton, directeur commercial.
La particularité de Lorry Rail est de charger non pas des containers mais des semi-remorques. En quoi est-ce un transport d’avenir?
Dans le premier cas, les transporteurs devaient investir dans du matériel spécifique pour le transport ferroviaire. Dans le second cas, c’est Lorry Rail qui investit dans une technologie de wagons dernière génération qui permet de transporter n’importe quel type de semi-remorques.
En quoi les services offerts par Lorry Rail permettent-ils d’agir en faveur d’une réduction de l’empreinte écologique?
Les études faites sur cet axe démontrent que, par rapport à un parcours équivalent par la route, le train permet d’économiser plus de 80% de CO2, soit environ 940 kg par trajet. Cela fait la différence dans le sens où les chargeurs poussent de plus en plus les transporteurs routiers à utiliser ce mode alternatif. La réduction des émissions de CO2 devient de plus en plus un élément décisionnel.
Le coût est également un élément important…
Si l’on raisonne par km, le coût routier est plus ou moins équivalent au coût ferroviaire, mais si l’on raisonne globalement, le rail est moins cher. Deux variantes sont à considérer. La première est que Lorry-Rail garantit un prix valable toute l’année, alors que le transport par route est soumis aux fluctuations du prix du gazoil. La deuxième concerne l’usure du matériel tel que les pneumatiques qui est évité en utilisant le rail.
La Déclaration de Rotterdam, signée le 14 juin dernier par plusieurs Ministres européens, vise à optimiser le fonctionnement du transport ferroviaire de marchandises. Que va-t-elle apporter au secteur?
Je crois que Lorry Rail est arrivée au bon moment. Le démarrage a été compliqué parce que nous lancions un nouveau mode de transport et qu’il fallait se faire accepter à la fois par le monde routier et par le monde ferroviaire. La réussite de Lorry Rail a été de tenir dans cette phase de démarrage pour pouvoir proposer plus de fréquence. Plus on augmente la fréquence, plus on augmente la qualité du service et la sécurité de l’acheminement et de ce fait, plus on arrive à convaincre les transporteurs à utiliser le rail. Aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour développer ce type de services grâce à la combinaison d’une véritable volonté institutionnelle de désengorger les routes, d’une technologie performante qui permet ce report modal et d’une réaction positive des transporteurs qui sont prêts à utiliser cette technologie.
Quels sont les développements à l’ordre du jour?
Nous avons doublé notre activité l’année passée malgré le contexte difficile. Après avoir passé la validation technique et la validation opérationnelle, nous en sommes à la constitution d’un réseau. Nous sommes candidats à l’exploitation de l’axe Atlantique qui reliera le Nord Pas de Calais l’Aquitaine via l’Ile de France avant la fin 2012 et nous réfléchissons à des développements vers le nord. Toujours dans l’objectif unique d’enlever des camions de la route pour les mettre sur le train.
Par ailleurs, en octobre, nous démarrerons le quatrième aller-retour quotidien. Nous arriverons ainsi, malheureusement, à saturation des terminaux existants. Il est d’ores et déjà prévu de construire un terminal plus grand sur cette même zone, aux alentours de 2015, et un autre côté espagnol. En attendant, nous augmenterons la longueur de nos trains qui passeront de 750 mètres (soit 40 semi-remorques) à 1000 mètres (soit 18 semi-remorques en plus).
