Compenser ce qu’on ne peut pas réduire
L’association sans but lucratif myclimate Luxembourg est née de la signature, en juin 2008, d’un agrément avec l’organisme suisse du même nom basé à Zurich. Elle se compose de trois partenaires: le centre de recherche et de technologies de l’environnement (CRTE) du CRP Henri Tudor, l’energieagence et Enovos, chacun ayant son rôle à jouer dans la démarche durable que tente de mettre en place le groupement. Interview de Erny Huberty, responsable marketing chez Enovos et de Pierre Wolff, directeur de l’energieagence.
La compensation, oui, mais en dernier recours
Le premier partenaire à entrer en scène est l’energieagence car cette démarche commence par un travail de formation des concierges, des utilisateurs et des techniciens, portant notamment sur les possibilités de réduire la consommation énergétique des bâtiments par des gestes quotidiens.
La seconde étape est de dresser un bilan qui permet de quantifier toutes les émissions de CO2 causées par le ménage ou l’entreprise concernés. Là encore, c’est l’energieagence qui intervient ou, le cas échéant, le CRTE qui a les mêmes attributions en termes d’audit. “L’avantage est d’avoir affaire à un partenaire neutre, le but étant d’aider le client à réduire sa facture d’énergie et ses émissions de CO2”, souligne Pierre Wolff. L’energieagence et le CRTE proposent également le volet ‘études de faisabilité’, en ce qui concerne les installations en énergies renouvelables et le volet ‘audit énergétique’, en ce qui concerne l’enveloppe thermique du bâtiment et des installations techniques, ainsi que des informations chiffrées et personnalisées sur les aides étatiques. Le client obtient à chaque fois un rapport détaillé du constat de la situation actuelle, des mesures proposées, un calcul de retour sur investissement des mesures et la réduction possible des émissions de CO2.
Vient ensuite la conclusion d’un contrat pluriannuel avec le client qui fixe des objectifs et définit les actions à mener pour les atteindre. Une des actions peut, par exemple, être d’investir dans des énergies alternatives comme l’électricité nova naturstroum fournie par Enovos ou le biogaz qu’elle devrait bientôt mettre sur le marché.
Ce n’est qu’une fois que toutes les mesures de réduction ont été prises que la compensation intervient. “Il serait trop facile, et surtout non durable, de ne faire que de la compensation”, explique Erny Huberty, “Avant que le client ne compense ses émissions par le biais de myclimate, il devrait d’abord réduire sa consommation énergétique, utiliser de l’énergie verte et ne compenser que ce qu’il ne peut pas réduire. La compensation n’est pas une façon de se payer une bonne conscience, mais c’est la toute dernière étape d’un processus constructif”.
Une gestion transparente des fonds
La compensation consiste à contrebalancer les effets polluants de nos activités en investissant dans des projets permettant d’économiser du CO2, n’importe où sur la planète. Ces projets sont gérés et suivis par l’association myclimate de Zurich avec les fonds que MyClimateLux lui vire. Myclimate est un organisme transparent, avec un comité de surveillance composé de notables, qui garantit que 80% des fonds sont vraiment utilisés pour réaliser des projets de très haute qualité.
Des projets vraiment durables
“La qualité des projets est un point essentiel”, selon Erny Huberty, “parce que la compensation est un système virtuel qui se base sur la confiance”. Aussi, myclimate respecte une charte très stricte et contrôle régulièrement que les projets soient bien en conformité avec les engagements pris.
Myclimate a une douzaine de projets éthiques dans son portefeuille parmi lesquels la mise en place de fours solaires au Ningsia Hui en Chine. Ce projet soutient la distribution et l’emploi de fours solaires efficaces. La consommation de combustible à des fins de cuisson peut ainsi être considérablement réduite.
Un autre projet se situe au Limpopo en Afrique du Sud où, dans une citronnière, la production de vapeur passe du charbon, source d’énergie fossile, à la biomasse, respectueuse du climat. Les gaz à effet de serre sont ainsi réduits, la santé de la population locale est améliorée et les ressources, jusqu’alors en friches, deviennent utiles.
Une opération de fund raising pour l’environnement
MyClimateLux participe au dixième anniversaire de paperJam, en lançant, conjointement avec le magazine, une grande campagne pour sensibiliser les entreprises et les institutions au changement climatique, à l’utilisation réfléchie des ressources énergétiques et à la compensation volontaire de leurs émissions de CO2. Campagne qui se clôturera, en mai 2011, par la remise d’un chèque de 100.000 euros lors d’une fête en plein air où seront lâchées 1.000 petites montgolfières symbolisant les dons des entreprises complices de cette démarche.
Pour Pierre Wolff, cette action représente pour les entreprises et institutions participantes “une bonne opportunité d’avoir un point de départ pour dresser un bilan carbone et, peut-être, par la suite, mettre en place un plan stratégique pour réduire leurs consommations énergétiques”.
www.myclimate.lu
