Technologie et énergie, la combinaison gagnante

«En 2014, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE est passée à 15,3%», explique Dominique Ristori, directeur général à l’Energie de la Commission européenne. Il est intervenu ce 21 septembre lors de la Set Plan Conference à Luxembourg, un forum européen de recherche, innovation et compétitivité énergétique organisé par My Energy G.I.E., la structure nationale pour la promotion d’une transition énergétique durable. Interview inédite.
Pouvez-vous me résumer en quelques mots quels sont les objectifs du Set Plan? Comment est-il né?
Le nouveau Plan Stratégique intégré pour les Technologies énergétiques (SET Plan), adopté par la Commission européenne le 15 septembre dernier, présente la stratégie à mettre en œuvre en vue de l’accélération de la transformation du système énergétique européen, et ceci au meilleur coût. Cette ambition exigera, par exemple, que les producteurs et fournisseurs d’énergie innovent dans leurs méthodes de production, de transport et de distribution aux consommateurs ainsi que dans les services qu’ils proposent.
En identifiant les défis du système énergétique et les nouvelles opportunités en matière de recherche et d’innovation, cette communication va au cœur de la dimension de la recherche, de l’innovation et de la compétitivité qui est l’une des cinq dimensions de l’Union européenne de l’énergie que la Commission a proposé en février de cette année.
Les origines du SET Plan remontent à 2007 mais il a beaucoup évolué depuis. C’est ainsi que le nouveau SET Plan présente une approche intégrée, fondée sur le système énergétique d’aujourd’hui. Il propose 10 actions articulées autour de priorités clés identifiées en matière de recherche, d’innovation et de compétitivité.
Ces priorités sont notamment: être au premier rang mondial dans la mise au point de la prochaine génération de technologies liées aux énergies renouvelables; faciliter la participation des consommateurs à la transition énergétique; mettre en place des systèmes énergétiques efficients et maîtriser la technologie requise pour que le parc immobilier accède à la neutralité énergétique, ainsi que mettre en place des systèmes de transport plus durables.
S’y ajoutent deux priorités de recherche qui justifient une collaboration nettement plus poussée entre la Commission et les Etats membres désireux d’utiliser les technologies en question: favoriser une approche visionnaire du piégeage et du stockage du carbone (CCS) et du piégeage et de l’utilisation du carbone (CCU); appliquer strictement les normes de sûreté, sécurité, gestion des déchets et non-prolifération nucléaires et, pour l’UE, conserver son avance technologique, y compris d’avancer sur le projet d’ITER.
«Le plan SET encourage les efforts de recherche et d’innovation à travers l’Europe en soutenant les technologies avec le plus grand impact sur la transformation de l’UE à un système énergétique à faible émission de carbone». Pouvez-vous me donner quelques exemples de ces technologies?
L’Europe joue un rôle moteur dans le développement mondial et l’installation à grande échelle des technologies liées aux énergies renouvelables. En 2014, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE est passée à 15,3%. Il faut mentionner en particulier les secteurs éolien et photovoltaïque, mais aussi les biotechnologies et les technologies de conversion de biomasse. Les entreprises européennes sont leaders des technologies liées à des ressources spécifiques comme l’énergie des marées et des courants, l’énergie géothermale ou le solaire thermodynamique à concentration.
Du côté de la demande, des nouvelles approches ont permis à l’Europe d’améliorer son efficacité énergétique de 15,5%. Nos nouveaux bâtiments consomment moins d’énergie que dans le passé, en particulier dans le domaine du chauffage et de la climatisation. Le transport doit se préparer à l’électro-mobilité.
Quant au transport d’électricité, l’Europe continue de dominer le marché des brevets portant sur les différentes composantes du réseau électrique facilitant la stabilité du réseau. Tout en relevant le défi de l’intégration des sources d’énergie renouvelables, celui-ci permet de garantir une continuité de l’approvisionnement de 99,99%.
Cette conférence est la huitième du genre. En quoi est-elle différentes des précédentes ?
La Conférence de cette année a marqué le début d’un nouveau cycle dans le développement du SET plan: la mise en place de la stratégie intégrée qui trouve ses bases dans la Feuille de route développée par la Commission en étroite collaboration avec les Etats membres et les différentes parties prenantes pour le secteur de l’énergie.
Cette année, la conférence a été suivie par le Conseil informel des ministres de l’énergie, consacré aux nouvelles technologies et à l’investissement. Ceci reflète l’importance de la recherche et de l’innovation dans la mise en œuvre de l’Union européenne de l’énergie et je tiens à remercier la Présidence luxembourgeoise d’avoir mis cette thématique au premier plan.
Nous pouvons être d’autant plus optimistes que la volonté politique est renforcée par les possibilités de financement qu’offre le nouveau Fonds européen pour les investissements stratégiques, proposé par le Président de la Commission Jean-Claude Juncker et adopté par le Conseil et le Parlement européen.
 
Sur quels plans l’Europe devrait-elle faire le plus d’efforts en matière énergétique?
Offrir une énergie à un prix compétitif pour tous les consommateurs, accroître la sécurité d’approvisionnement énergétique et modérer significativement la demande en privilégiant l’efficacité énergétique pour les produits, les bâtiments et le transport. Ceci créera les conditions pour la croissance et l’emploi compte tenu des liens entre l’énergie et l’économie.
L’Union européenne de l’énergie, avec sa dimension de recherche, innovation et compétitivité, et le SET Plan intégré au cœur, permet de fournir une réponse commune à des objectifs qui seront profitables à l’Europe mais aussi à tous ses citoyens.
Quel rôle le consommateur européen peut-il jouer-dans la transition énergétique?
Le consommateur a un rôle fondamental à jouer dans la transition énergétique. Cela a encore été affirmé avec l’adoption du « Paquet d’été » de l’Union de l’énergie le 15 juillet dernier. La Communication intitulée « Une nouvelle donne pour les consommateurs », qui en faisait partie, prévoit clairement de placer les consommateurs au centre de l’Union de l’énergie. Il s’agit de mieux les informer afin qu’ils puissent faire des choix éclairés, lorsqu’ils achètent, par exemple, un nouvel appareil électroménager – grâce à une simplification des étiquettes énergétiques figurant sur les produits par exemple – ou pour les aider à choisir un fournisseur d’énergie qui corresponde à leurs besoins.
L’efficacité énergétique est un principe fondamental de la stratégie de l’Union de l’énergie. Il s’agit d’un moyen efficace pour réduire les émissions tout en permettant aux consommateurs de réaliser des économies! Par ailleurs, si nous consommons moins mais mieux nous réduisons notre dépendance à l’égard des importations de combustibles fossiles. Tout ceci ne sera possible que si l’on donne au consommateur, pas seulement l’obligation de payer sa facture, mais le droit de maîtriser ses choix et sa consommation énergétiques. L’évolution des technologies facilitera cette transition au même titre que l’adaptation du cadre règlementaire.
 
Photo © European Union, 2011   /   Source: CCR   /   Photo: Salvi Francesco

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