«Les entreprises souhaitent des réponses adaptées à leurs besoins»
Il ressort d’une étude de l’INFPC sur l’offre de formation continue au Luxembourg que le marché de la formation a explosé depuis le début des années 2000, ce qui coïncide avec la mise en place du dispositif de cofinancement de la formation en 1999. Comme nous l’explique Dominique Matera, une grande majorité des organismes de formation sont des petites structures de moins de cinq collaborateurs qui tendent à proposer des formations sur mesure. Interview.
Selon une étude menée par l’INFPC, l’offre de formation est constituée d’un grand nombre de poids légers et de quelques poids lourds. Pouvez-vous préciser ?
En fait, 80% de l’offre de formation est proposée par des organismes privés pour la plupart de petite taille. En effet, 63% d’entre eux emploient moins de 5 collaborateurs. En revanche, les grosses structures sont les organismes de formation institutionnels/sectoriels tels que les organes de formation des chambres professionnelles et les organismes de formation créés au sein de certains secteurs d’activité comme l’IFBL ou l’IFSB. Bien qu’elles soient en petit nombre (6% de l’offre de formation), ces grosses structures représentent à elles seules 43% des personnes formées au Luxembourg et 24% du total d’heures de formation dispensées, ce qui en fait incontestablement des poids lourds de la formation.
Lorsque l’on se penche sur le chiffre d’affaires, on constate que 70% des organismes de formation ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 100.000 euros, tandis que 8% seulement dépassent les 500.000 euros. Au final, il y a donc bien une grande majorité de petites structures de formation dans le pays. Il faut toutefois relativiser ces chiffres, dans la mesure où la formation n’est pas toujours le cœur de métier des organismes répertoriés dans l’étude.
Les organismes privés représentent donc une très grande majorité d’organismes de formation présents sur le marché luxembourgeois. Quelles sont leurs principales caractéristiques communes ?
D’abord, il convient de souligner qu’avec la mise en place du dispositif de cofinancement de la formation en 1999, le marché de la formation a connu un réel essor. En effet, les trois quarts des organismes de formation privés actifs en 2013 se sont créés à partir de 2003. Une nouvelle envolée de l’offre a eu lieu après 2011, ce qui coïncide avec l’augmentation de la participation de l’Etat à l’effort de formation des entreprises à hauteur de 20% de l’investissement annuel en formation.
Parmi les structures de moins de 5 salariés, près de 80% des salariés sont des formateurs.
Quant à la langue utilisée en formation, il faut savoir que 85% des organismes de formation dispensent leurs cours en langue française et 21% n’utilisent que cette langue.
Par ailleurs, nous constatons que plus de la moitié des organismes de formation ne se cantonnent pas au marché luxembourgeois et que, pour 26% des organismes privés, le marché s’étend à la Grande Région.
Pour finir, il est à noter que la moitié des organismes de formation privés ont comme activité unique ou principale la formation. Ils sont plus nombreux parmi les structures de moins de cinq salariés
Quelle est la nature de l’offre et de la demande en formation au Grand-Duché ? L’offre est-elle en adéquation avec une demande qui s’inscrit dans un contexte de diversification de l’économie à «marche forcée» ?
Malgré la diversification de l’économie que vous soulignez, nous n’avons pas constaté d’évolution significative de la nature de l’offre de formation depuis notre dernière enquête, les organismes de formation continuant à répondre à la demande de l’économie en place.
Aussi, les domaines de formation qui ont le plus de succès sont toujours les mêmes, à savoir Développement personnel et professionnel, Gestion d’entreprise/Ressources humaines, Finance/Assurance/Droit et Communication/Multimédia. On remarque toutefois une progression sensible de la demande en formation dans le domaine Qualité/Sécurité.
En outre, il est intéressant de relever que, d’une manière générale, la formation tend vers la spécialisation. Aujourd’hui, les formations catalogue sont moins sollicitées au bénéfice des formations sur mesure. Ceci pour la simple et bonne raison que les entreprises souhaitent des réponses précises à leurs problématiques. Rien d’étonnant dès lors à ce que 89% des organismes de formation proposent des formations sur mesure… et que quatre entreprises sur dix ne font plus que cela !
Quels sont les programmes de formation les plus plébiscités par les apprenants ?
Comme je l’ai dit ci-dessus, les domaines de formation les plus sollicités à l’heure actuelle ne varient pas. Ils sont à l’image d’une économie fortement fondée sur le développement des services.
Pour revenir brièvement sur l’accroissement de la demande dans le domaine de la qualité et de la sécurité, que j’ai évoqué précédemment, il s’explique notamment par des exigences réglementaires et qualitatives de plus en plus prégnantes quels que soient les secteurs d’activité : lutte contre le blanchiment, sécurité informatique, sécurité alimentaire, etc.