Sudstroum: un fournisseur d’électricité 100% “green”

Suite à une directive européenne qui voulait libéraliser le marché de l’électricité, La ville d’Esch-sur-Alzette a dû créer une société en 2007. Au premier juillet de l’année suivante, l’entreprise a donc commencé à travailler avec la clientèle de la ville mais vend maintenant partout dans le pays: «cela nous a permis d’augmenter notre consommation de 40%», assurent Jeff Paulus et Torsten Schockmel, respectivement directeur technique et directeur administratif et financier de Sudstroum.
 
Quelle est la philosophie de l’entreprise?
 
TS: Nous voulons rester dans la droite ligne de la ville qui est le seul actionnaire de l’entreprise. Nous proposons alors à nos 18.000 clients les meilleurs prix du marché tout en offrant une électricité 100% verte. La provenance principale vient de l’hydro-électrique et des éoliennes mais nous nous fournissons également en petites quantités dans la biomasse et dans le solaire.
N’en déplaise aux sceptiques, le marché de l’énergie renouvelable n’est pas si cher. Cela provient du fait qu’il y a beaucoup de production verte en Allemagne et dans les pays scandinaves pour une demande limitée et ce pour n’économiser parfois que cinq euro par ans. Alors qu’au Luxembourg, nos clients préfèrent payer les cinq euro annuel si cela peut-être une alternative au nucléaire.
En ne comptant que la composante énergétique, nous sommes même moins chers que nos concurrents et ce depuis plusieurs années maintenant.
 
 
Vous êtes également un acteur de l’électro-mobilité, pouvez-vous nous le présenter?
 
JP: Nous avons installé une quinzaine de points de charge sur le territoire de la ville où l’on peut recharger son véhicule électrique. Il suffit au propriétaire de venir chercher une carte à nos bureaux. C’est un projet pilote qui évoluera avec le nombre de véhicules électriques qui seront mis en circulation. Cependant des réponses devront être apportées aux problèmes liés à la compatibilité de ces cartes. À terme, l’Etat souhaite que 850 bornes soient installées dans le pays et nous participerons, à notre échelle, à cette ambition.
 
 
Si l’énergie verte est si compétitive, pourquoi n’est-elle pas plus rependue?
 
TS: Le prix raisonnable de l’énergie verte est dû aux subventions accordées aux producteurs. La demande n’est pas très grande, alors les prix peuvent rester bas. Si nous devions payer les mêmes taxes que nos voisins européens, nous ne serions pas autant compétitifs.
 
 
Serait-il utopique d’envisager un Luxembourg 100% vert?
 
JP: L’Etat a l’ambition d’arriver à 11% de sa consommation finale d’énergie renouvelable d’ici 2020, il y a donc encore beaucoup à faire pour envisager un tel scénario. Nous sommes limités par la petitesse du territoire et la production nationale est donc vraiment faible. Nous n’avons pas d’accès à la mer, ni de grands barrages hydroélectriques et le soleil nous est clément que quelques mois dans l’année seulement. Les panneaux photovoltaïques n’étant donc pas assez rentables, il ne reste que les éoliennes encore trop peu nombreuses. Nous avions formulé l’ambition d’acquérir une éolienne sur le territoire d’Esch-sur-Alzette mais l’étude que nous avons menée nous a vite rappelée qu’il est difficile de trouver des terrains qui se prêtent à un tel projet.
 
TS: Nous pouvons néanmoins dire que le Luxembourg est sur le bon chemin et qu’il a adopté la bonne philosophie en la matière. Les résidents comme les politiques savent que c’est l’unique solution qui se présente à nous. Si au niveau de la production nous devons encore faire des efforts, nous faisons déjà beaucoup par rapport à nos limites géographiques et à nos voisins en matière de consommation. On ne trouve que quelques pays où 100% des ménages sont fournies en électricité verte.
 
 
Des ambitions à venir?
 
TS: Notre ambition première est de continuer de garantir une bonne qualité énergétique à un bon prix. Nous voulons ensuite que dans les années à venir, notre électricité provienne à 50% de l’éolien et ce dans le but de promouvoir, de participer et d’accentuer le marché. Le problème étant que même si tout le monde sait que l’éolien fonctionne bien, personne ne veut en voir une près de chez lui. Je suis persuadé que cela relève de la communication et que la population luxembourgeoise est prête à en accepter plus si on lui expliquait que c’est une alternative concrète au nucléaire. Nous devrions réfléchir à une autre approche; penser un système où les résidents participeraient directement aux projets, ce qui marche plutôt bien en Allemagne. Cela permettrait à Sudstroum et à d’autres, d’acquérir nos propres structures et ainsi accentuer la production locale.

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