Le Fundamental Monodrama Festival fait sa résistance ! // Du 12 au 21 juin

Promis, il sera toujours aussi surprenant et plus politiquement incorrect que jamais. Les artistes, comédiens, performers et danseurs, ont pour mission de faire vivre le festival à un rythme endiablé. Et pourtant, ils seront, encore une fois, seuls sur scène. La scène, ce sera pour les grands celle de la Banannefabrik, le désormais QG du festival, et du MUDAM. Pour les petits, le festival investira celle du Kulturhaus Niederanven. Et comme à l’accoutumée, cette édition brassera artistes déjà invités et nouveaux venus. Pour le plaisir des retrouvailles et celui de la découverte.
Au programe…
… en nouveautés
« MonoLabo », c’est presque un coup d’oeil dans les coulisses. Une soirée dédiée à des oeuvres en cours de création de jeunes artistes. Une envie de partager avec le public le travail de longue haleine que représente toute mise en scène ou toute chorégraphie. Une invitation à une rencontre en deux temps : venir voir ces works-in-progress, puis aller revoir les créations abouties quand et où elles seront représentées.
« MonoLabo » (Samedi 20 juin | A partir de 19:00 | Banannefabrik) se fera en théâtre (Mirrors d’Anne Simon et Siobhán McMillan, Medea Material de Heiner Müller, avec Max Thommes, Quatre fois n’est pas coutume ! de et avec Oumarou Aboubacari Bétodji et My new One Woman Show de et avec Caitlin Goldie) et en danse (The Aviary de et avec Kendra J. Horsburgh).
… en autochtonie
S’il a l’honneur d’ouvrir le festival, c’est que Discopolitik – We are fucked, let’s dance! (Vendredi 12 juin | 20:00 | Banannefabrik), une collaboration entre Filip Markiewicz, Luc Schiltz et Josée Hansen, en faisant une critique acerbe de notre société contemporaine, avec sa pipolisation, ses places to be et les spots sous lesquels nous projettent les réseaux sociaux, parle de tout ce que le « Fundamental Monodrama Festival », un événement ouvert à tous, intime et convivial, n’est pas. Dans Discopolitik, une sorte de prisme de Paradiso Lussemburgo, le projet de Filip Markiewicz qui représente le Grand-Duché à la Biennale de Venise 2015, Luc Schiltz joue une fois encore son alter ego.
Critique encore, mais politiquement critique, tel est A portée de crachat (Lundi 15 juin | 20:00 | Banannefabrik) de Taher Najib, mis en scène par Sophie Langevin et interprété par Denis Jousselin. L’histoire, c’est celle de son auteur, comédien lui-même et un Palestinien ayant la nationalité israélienne, un homme jamais « traité comme un citoyen de plein droit ». Ça se passe aujourd’hui, mais ça aurait aussi bien pu se passer il y a soixante-sept ans, car depuis lors, la situation des Palestiniens est au point mort. Un manifeste qui raconte l’enfermement, la privation de droits, les suspicions et l’absurdité. Parfois enragé, parfois fataliste et parfois même humoristique.
… en ailleurs si proche
Land ohne Worte (Jeudi 18 juin | 20:00 | Banannefabrik) est une pièce écrite par l’Allemande multiprimée Dea Loher.
A son origine, un traumatisme. Celui de s’être rendue à Kaboul en guerre, de s’être confrontée à la violence et à la pauvreté. Comment exprimer ce vécu indicible et surtout comment continuer à créer ? Dans la vie, Dea Loher a un temps perdu tout recours au langage, son medium, dans la pièce, le medium devient peinture. Land ohne Worte ou un questionnement du rôle de l’art.
La guerre encore, car, ne l’oublions pas, c’est le lot actuel d’une grande partie du monde, dans Hak (Samedi 13 juin | 16:00 | Banannefabrik). Hak raconte l’histoire autobiographique de son interprète, la Syrienne Amal Omran : l’exil, la perte de l’identité, l’errance et l’impossibilité de l’oubli. A chaque étape (scénique) de sa longue marche forcée, elle raconte tout ce qu’elle a vu, sans omettre le moindre détail, car chaque vision s’est imprimée à jamais dans sa mémoire (Introduction D/E/F par Rolf C. Hemke, conseiller dramaturgique du festival, à 15:00).
Dans Alice (Vendredi 19 juin | 20:00 | Banannefabrik) de et avec la Libanaise Sawsan Bou Khaled, il y a des ingrédients du roman de Lewis Carroll, du surréalisme et du cauchemardesque. Alice se déroule la nuit, dans un lit. Ce lieu de refuge se peuple soudainement des « hantises venues de l’enfance, de la guerre, des peurs installées dans le quotidien ». Alice ou une nuit sans sommeil.
Du rire, enfin, et une tendresse infinie avec Wot? No Fish!!! (Dimanche 14 juin | 20:00 | Banannefabrik), l’histoire vraie d’une famille juive vivant à Londres au XXe siècle. Cette famille, c’est celle de l’auteur et interprète de la pièce, Danny Braverman. Lequel a retrouvé toutes les enveloppes de salaire de son grand-oncle, au dos desquelles celui-ci dessinait le quotidien, avant de les offrir, semaine après semaine, durant quarante ans, à sa femme, Celie.
La famille, le Malien Yaya Coulibaly y est aussi très attaché. Ayant « grandi dans une famille où l’on fabrique des marionnettes de père en fils », il est tout naturellement devenu marionnettiste, soit un artiste de la résistance car, selon lui, « une tradition qui se perpétue est une forme de résistance ». Il n’y a pas de petites querelles (Mercredi 17 juin | 20:00 | Banannefabrik), une adaptation du conte d’Amadou Hampâté Bâ et un spectacle de marionnettes
« animales », sculptées dans le bois, peintes, à fils ou à tiges, petites et géantes, l’est doublement.
Kettly Noël clôturera le festival avec Je ne suis plus une femme noire (Dimanche 21 juin | 20:00 | Banannefabrik).
La Haïtienne vivant au Mali aime provoquer. Les festivaliers de 2014 doivent bien se souvenir de sa chorégraphie précédente, Je m’appelle Fanta Kaba, au cours de laquelle le public, pour mieux comprendre l’humiliation que subissent les prostituées, était invité à « faire le chien ». Dans Je ne suis plus une femme noire, pas de preuve par a plus b. Place à l’utopie et à un nouveau monde où aucune différence n’existerait plus entre les individus.
 
… hors les murs
« TaTi » est l’abréviation de « Take Time », un fondamental en quelque sorte. « TaTi » se base sur une rencontre – fortuite ou pas – entre un public et une performance. « TaTi » est une invitation à prendre le temps de regarder, de se laisser surprendre et à emporter avec soi des impressions nouvelles.
The Immortals de Jérôme Konen et Leila Schaus, c’est un pari un peu fou : celui de confronter la fiction à la réalité.
L’été dernier à New York, la comédienne a endossé le rôle de différents personnages devenus mythiques, tels Médée d’Euripide, Dom Juan de Molière, Lysistrata d’Aristophane et Laura Wingfield de Tennessee Williams, et est allée, habitée par eux, à la rencontre de Monsieur Tout-le-Monde. Une installation-performance rendra compte de cette expérimentation théâtrale au MUDAM (Dimanche 14 juin | 16:00), mais l’expérimentation restant en cours, elle se
renouvellera à Luxembourg-Ville (Mardi 16, Mercredi 17 et Jeudi 18 juin | Horaires et lieux exacts sur fundamental.lu)… Ceux qui connaissent la danseuse et chorégraphe Myriam Gourfink savent qu’il est plus adéquat de parler quant à sa discipline de micro-danse. Son travail, basé sur une perception de l’intime et invariablement accompagné de musiques électroniques, engendre une danse vibratoire où le mouvement est quasi imperceptible, et pourtant continu.
Cette maîtrise lui vient entre autres de « techniques respiratoires […] approfondies en pratiquant le yoga tibétain, tendance tantrique, qui utilise l’énergie sexuelle ». Dans Abois (Dimanche 21 juin | 16:00 | MUDAM), elle enchaînera l’infiniment petit et l’infiniment grand.
… du « MiniMono »
Pour le plaisir des petits, à l’affiche, deux contes des Frères Grimm revisités : Routkäppchen de et avec Annick Sinner (Dimanche 7 juin | 10:30 & 16:00 | Kulturhaus Niederanven) et Das tapfere Schneiderlein de et avec Maria Neumann (Dimanche 21 juin | 10:30 | Kulturhaus Niederanven).