Les enfants victimes de mines trop souvent privés d’éducation
Depuis 2006, le 4 avril est déclaré par les Nations unies « Journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de l’assistance à la lutte antimines ». Cette année, c’est l’occasion pour Handicap International de dresser un constat accablant : les enfants représentent près de la moitié des victimes civiles de mines et restes explosifs de guerre, et la plupart ne retournent plus en classe après leur accident. Handicap International appelle les Etats à débloquer les moyens financiers et humains nécessaires pour permettre que l’éducation soit accessible à tous. L’association conduit par ailleurs des programmes d’accès à l’éducation pour les enfants handicapés dans 26 pays.
46% des victimes civiles de mines et restes explosifs de guerre sont des enfants
Selon le dernier rapport du Landmine and Cluster Munition Monitor, publié en novembre 2014, les enfants représentent 46% des victimes civiles recensées (et pour lesquelles l’âge est connu) dans le monde en 2013 : au moins 1 112 enfants ont été victimes de mines et de restes explosifs de guerre dans 39 Etats et trois territoires. 333 enfants sont décédés, 779 ont été blessés.
Le nombre d’enfants victimes de mines et de restes explosifs de guerre est passé de 39% à 46% entre 2012 et 2013. Il s’agit de la deuxième année la plus meurtrière pour les enfants depuis la mise en place du suivi en 2005. Cette augmentation est notamment due à une hausse des accidents en Afghanistan, en Syrie et au Sud Soudan.
Privés d’éducation, condamnés à la pauvreté
Selon l’UNICEF, plus de la moitié des enfants handicapés ne terminent pas l’école primaire[1]. Dans de nombreux pays, les enfants blessés par une mine ou un reste explosif de guerre (REG) interrompent leur scolarité suite à l’accident. Plusieurs facteurs expliquent ces abandons.
« La famille se retrouve généralement dans une situation de grande précarité car elle doit prendre en charge les frais médicaux liés à l’accident. Supporter, en plus, les coûts de la scolarité devient impossible. C’est une véritable double peine qui s’abat alors sur ces enfants, blessés par leur accident et condamnés à la pauvreté », explique Martin Lagneau, directeur de Handicap International Luxembourg. A cette paupérisation familiale, s’ajoute le temps de la convalescence et de la rééducation, très long, qui éloigne l’enfant de l’école. « En situation de décrochage scolaire, le retour à l’école devient pour lui une épreuve difficilement franchissable. Une épreuve d’autant plus difficile que l’enfant peut être en situation de fragilité, avec un traumatisme psychologique très lourd à porter ». Enfin, des facteurs physiques (école trop éloignée du domicile, classes non accessibles) et des lacunes dans la formation des enseignants viennent compléter la liste des obstacles.
Les Etats Parties aux traités d’Ottawa (interdiction des mines antipersonnel) et d’Oslo (interdiction des bombes à sous-munitions) se sont engagés officiellement à mettre en place des politiques d’assistance qui tiennent compte de l’âge des personnes blessées. Pour les enfants, cela signifie par exemple que l’assistance doit tenir compte de leur croissance et donc de la nécessité de changer régulièrement leur appareillage, mais aussi que les gouvernements doivent assurer l’inclusion scolaire des enfants victimes de mines ou REG, et des autres enfants handicapés.
Membre de la « Global Campaign for Education », Handicap International appelle les Etats à mettre en place des politiques nationales ambitieuses notamment en matière d’accessibilité, de formation, de sensibilisation et à débloquer les moyens financiers et humains nécessaires pour assurer leur mise en place. Handicap International conduit également des programmes d’éducation inclusive dans 26 pays.
Copyright photo © Nicolas Axelrod / Handicap International
Légende : mai 2011, Cambodge, Kompong Cham, Memot, Kanha, victime d’une mine à l’âge de 8 ans, ici à l’école.