ITM
Prévenir plutôt que sanctionner
Si le nombre d’accidents du travail a spectaculairement baissé au cours des 40 dernières années, le Luxembourg en dénombre encore plus d’une soixantaine par jour, ce qui le place parmi les plus mauvais élèves d’Europe. Il a donc adopté un système intégré pour contribuer au développement d’une culture de la prévention. L’ITM est un maillon de cette chaîne.
Interview de Paul Weber, directeur.
L’ITM est là, avant tout, pour prévenir les risques sur le terrain
Pour assurer le respect de la sécurité des travailleurs dans les entreprises, l’ITM agit concrètement, sur le terrain, en amont et en aval de l’accident.
L’ITM assure une astreinte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour être en mesure d’intervenir dans les plus brefs délais en cas d’accident consommé. C’est la police grand-ducale qui est dépêchée en premier lieu sur l’accident, suivie de l’ITM, en cas d’accident grave. Par accident grave, on entend perte de substance, perte d’un membre ou décès du travailleur. Le rôle de la personne mandatée par l’ITM est alors, d’une part, d’éviter que l’accident primaire n’en entraîne d’autres et d’autre part, de sécuriser les pièces à conviction qui pourraient aider à expliquer la cause de l’accident.
La législation met l’accent sur la prévention, ainsi que le souligne Paul Weber: "Pour prévenir les accidents, la législation est tout à fait cohérente et complète. Elle commence par une analyse des dangers mal maîtrisés qui constituent des risques et prescrit ensuite un certain nombre de règles qui portent sur le comportement à adopter, respectivement sur le port de protections individuelles, pour que ces risques soient minimisés et deviennent acceptables". La loi prévoit notamment la nomination de responsables de la sécurité au sein des entreprises: le Travailleur Désigné qui, au nom de l’employeur, développe et assure la mise en pratique de mesures préventives et le délégué à la sécurité, qui, dans les entreprises de plus de 15 salariés, rapporte au Travailleur Désigné les doléances et les constats d’insécurité des salariés pour que ce dernier redresse la situation avec le soutien de son employeur. Les mesures ainsi développées s’inscrivent dans un cycle d’amélioration progressive, continue et sans fin de la prévention. Il faut, en moyenne, sept ans pour réduire de manière significative la fréquence et la gravité des accidents. En outre, l’Association d’Assurance contre les Accidents soutient financièrement les entreprises qui mettent en place un système de certification sécurité.
Dans ce cadre préventif, les inspecteurs de l’ITM conseillent les entreprises pour les aider à optimiser la sécurité et le bien-être des employés.
Les inspecteurs de l’ITM ont des pouvoirs
Notamment celui de stopper sur le champ toute activité pour 48 heures et selon leur libre arbitre, en cas de danger grave imminent. Ce pouvoir est basé sur une convention internationale applicable pour les inspections du travail des 192 pays de l’ONU, qui a pour but de protéger les salariés. Si ce pouvoir est souvent vécu comme abusif du côté du patronat, ce n’est pas le cas selon Paul Weber: "L’arrêt d’un chantier n’est pas une punition. Il revient aux instances judiciaires d’infliger des peines ou des amendes. Nous ne faisons que mettre en sécurité ceux qui encourent un risque. Le chantier peut naturellement reprendre dès que les mesures prescrites sont mises en place".
Négliger l’aspect ‘santé et sécurité’ peut avoir des conséquences indirectes
On a souvent tendance à croire que les conséquences d’une mauvaise politique de sécurité et de santé dans l’entreprise ne se traduit que par des dommages corporels.
Or, il ne faut pas occulter les conséquences moins visibles que constituent les maladies professionnelles.
Elles peuvent se manifester sous des formes diverses. Il peut tout aussi bien s’agir d’un cancer du poumon qui se déclare plusieurs années après avoir travaillé sur un chantier de désamiantage que d’une perte partielle de l’audition suite à une trop forte exposition au bruit ou encore d’un accident de la route dû à l’épuisement d’un salarié sous pression. "Les causes psychiques sont souvent sous-jacentes aux accidents réels ou aux accidents de trajet", souligne Paul Weber et il ajoute que: "Dans le secteur des services, près de 24% des accidents ont lieu sur le trajet. Cela est très élevé et ne fait qu’augmenter avec les distances de plus en plus grandes qu’ont à parcourir les quelque 140.000 travailleurs qui passent la frontière chaque jour. C’est pourquoi l’ITM, en collaboration avec d’autres associations, a mis en place des programmes de sensibilisation."
Un tiers des accidents mortels sur chantier est dû &
agrave; la co-activité
Dans le secteur du bâtiment, plusieurs corps de métier interviennent sur un chantier, simultanément ou successivement. Il existe un acteur-clé qui permet de prévenir les risques liés à la co-activité: le coordinateur sécurité. Il s’agit d’un architecte ou d’un ingénieur ayant suivi une formation de spécialisation créditée d’un certificat de compétences avec un agrément du ministre du Travail, formation à laquelle l’ITM participe. Le coordinateur sécurité planifie les interventions des différents corps de métier de manière à éviter, par exemple, les travaux superposés -les uns posent des gouttières le long de la toiture pendant que les autres font l’étanchéité dans les fondations du même immeuble- ou les interactions dangereuses –l’un vitrifie du parquet avec des solvants pendant que l’autre monte des radiateurs au chalumeau. Du cheminement des camions à l’emplacement des bennes à ordures, des sanitaires ou des baraquements jusqu’au nettoyage des vitres une fois l’édifice terminé, le coordinateur vérifie chaque détail et le consigne dans un dossier qu’il remettra au propriétaire à la fin des travaux. MT
Retrouvez l’ITM le 28 avril à l’IFSB pour la ‘Journée mondiale de la Santé et de la Sécurité au Travail’.
Interview de Paul Weber, directeur.
L’ITM est là, avant tout, pour prévenir les risques sur le terrain
Pour assurer le respect de la sécurité des travailleurs dans les entreprises, l’ITM agit concrètement, sur le terrain, en amont et en aval de l’accident.
L’ITM assure une astreinte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour être en mesure d’intervenir dans les plus brefs délais en cas d’accident consommé. C’est la police grand-ducale qui est dépêchée en premier lieu sur l’accident, suivie de l’ITM, en cas d’accident grave. Par accident grave, on entend perte de substance, perte d’un membre ou décès du travailleur. Le rôle de la personne mandatée par l’ITM est alors, d’une part, d’éviter que l’accident primaire n’en entraîne d’autres et d’autre part, de sécuriser les pièces à conviction qui pourraient aider à expliquer la cause de l’accident.
La législation met l’accent sur la prévention, ainsi que le souligne Paul Weber: "Pour prévenir les accidents, la législation est tout à fait cohérente et complète. Elle commence par une analyse des dangers mal maîtrisés qui constituent des risques et prescrit ensuite un certain nombre de règles qui portent sur le comportement à adopter, respectivement sur le port de protections individuelles, pour que ces risques soient minimisés et deviennent acceptables". La loi prévoit notamment la nomination de responsables de la sécurité au sein des entreprises: le Travailleur Désigné qui, au nom de l’employeur, développe et assure la mise en pratique de mesures préventives et le délégué à la sécurité, qui, dans les entreprises de plus de 15 salariés, rapporte au Travailleur Désigné les doléances et les constats d’insécurité des salariés pour que ce dernier redresse la situation avec le soutien de son employeur. Les mesures ainsi développées s’inscrivent dans un cycle d’amélioration progressive, continue et sans fin de la prévention. Il faut, en moyenne, sept ans pour réduire de manière significative la fréquence et la gravité des accidents. En outre, l’Association d’Assurance contre les Accidents soutient financièrement les entreprises qui mettent en place un système de certification sécurité.
Dans ce cadre préventif, les inspecteurs de l’ITM conseillent les entreprises pour les aider à optimiser la sécurité et le bien-être des employés.
Les inspecteurs de l’ITM ont des pouvoirs
Notamment celui de stopper sur le champ toute activité pour 48 heures et selon leur libre arbitre, en cas de danger grave imminent. Ce pouvoir est basé sur une convention internationale applicable pour les inspections du travail des 192 pays de l’ONU, qui a pour but de protéger les salariés. Si ce pouvoir est souvent vécu comme abusif du côté du patronat, ce n’est pas le cas selon Paul Weber: "L’arrêt d’un chantier n’est pas une punition. Il revient aux instances judiciaires d’infliger des peines ou des amendes. Nous ne faisons que mettre en sécurité ceux qui encourent un risque. Le chantier peut naturellement reprendre dès que les mesures prescrites sont mises en place".
Négliger l’aspect ‘santé et sécurité’ peut avoir des conséquences indirectes
On a souvent tendance à croire que les conséquences d’une mauvaise politique de sécurité et de santé dans l’entreprise ne se traduit que par des dommages corporels.
Or, il ne faut pas occulter les conséquences moins visibles que constituent les maladies professionnelles.
Elles peuvent se manifester sous des formes diverses. Il peut tout aussi bien s’agir d’un cancer du poumon qui se déclare plusieurs années après avoir travaillé sur un chantier de désamiantage que d’une perte partielle de l’audition suite à une trop forte exposition au bruit ou encore d’un accident de la route dû à l’épuisement d’un salarié sous pression. "Les causes psychiques sont souvent sous-jacentes aux accidents réels ou aux accidents de trajet", souligne Paul Weber et il ajoute que: "Dans le secteur des services, près de 24% des accidents ont lieu sur le trajet. Cela est très élevé et ne fait qu’augmenter avec les distances de plus en plus grandes qu’ont à parcourir les quelque 140.000 travailleurs qui passent la frontière chaque jour. C’est pourquoi l’ITM, en collaboration avec d’autres associations, a mis en place des programmes de sensibilisation."
Un tiers des accidents mortels sur chantier est dû &
agrave; la co-activité
Dans le secteur du bâtiment, plusieurs corps de métier interviennent sur un chantier, simultanément ou successivement. Il existe un acteur-clé qui permet de prévenir les risques liés à la co-activité: le coordinateur sécurité. Il s’agit d’un architecte ou d’un ingénieur ayant suivi une formation de spécialisation créditée d’un certificat de compétences avec un agrément du ministre du Travail, formation à laquelle l’ITM participe. Le coordinateur sécurité planifie les interventions des différents corps de métier de manière à éviter, par exemple, les travaux superposés -les uns posent des gouttières le long de la toiture pendant que les autres font l’étanchéité dans les fondations du même immeuble- ou les interactions dangereuses –l’un vitrifie du parquet avec des solvants pendant que l’autre monte des radiateurs au chalumeau. Du cheminement des camions à l’emplacement des bennes à ordures, des sanitaires ou des baraquements jusqu’au nettoyage des vitres une fois l’édifice terminé, le coordinateur vérifie chaque détail et le consigne dans un dossier qu’il remettra au propriétaire à la fin des travaux. MT
Retrouvez l’ITM le 28 avril à l’IFSB pour la ‘Journée mondiale de la Santé et de la Sécurité au Travail’.