Afghanistan : concentrer l'aide sur les besoins de la population
Alors que le gouvernement afghan et les principaux pays donateurs se réunissent le 4 décembre 2014, à Londres, pour la Conférence sur l’avenir de l’aide à l’Afghanistan, Handicap International appelle la communauté internationale à ne pas oublier la population afghane.
Le gouvernement luxembourgeois sera présent à la conférence de Londres, Handicap International Luxembourg a demandé à celui-ci de porter son message haut et clair : « Nous invitons tous les donateurs à maintenir un soutien fort à l’égard de l’Afghanistan en portant l’accent sur les besoins de la population », souligne, Martin Lagneau, Handicap International Luxembourg. Les besoins fondamentaux, tels que l’accès aux services de santé, doivent demeurer la priorité dans l’utilisation de l’aide internationale. »
« Un désengagement prématuré des donateurs, qui se traduirait par une réduction du financement des programmes de développement et humanitaires, aurait des conséquences catastrophiques pour le peuple afghan, ajoute Martin Lagneau, fort d’une expérience de terrain dans le sud de l’Afghanistan en 2003 et de l’accompagnement des activités de l’association dans ce pays depuis plus de 10 ans. Tous les progrès réalisés ces dernières années pourraient s’en trouver anéantis, affectant en premier lieu les populations les plus vulnérables, comme les personnes handicapées, les femmes et les enfants, les victimes des restes explosifs de guerre ou des mines et les personnes vivant dans les zones de conflit ou dans les régions reculées. »
Efficacité de l’aide
Aujourd’hui, 85 % du budget public afghan est issu de l’aide internationale. Une réduction trop rapide des financements remettrait en cause la pérennité des services actuellement à disposition de la population. Si Handicap International reconnait l’importance de travailler en partenariat avec les autorités locales pour renforcer leurs capacités et assurer le développement du pays, l’association demande aux donateurs de conserver la pluralité et la flexibilité des mécanismes de financement des ONG, ces dernières comblant les actuelles lacunes en matière de services. Handicap International demande également aux donateurs de privilégier une aide humanitaire indépendante, neutre et impartiale destinée aux millions de personnes se trouvant en situation de crise.
Les services de santé, en particulier la réadaptation physique
De nombreux rapports pointent les difficultés de la population à accéder à des services de santé de qualité. Les Afghans sont également confrontés à une insécurité généralisée, d’où des besoins accrus mais un accès réduit aux services. Ceci est particulièrement vrai pour les services de santé spécialisés comme la réadaptation physique.
Les services de réadaptation physique sont essentiels dans les zones de conflit. Ils permettent aux civils blessés par des armes explosives ou victimes de tirs croisés de guérir correctement de leurs blessures et de retrouver leur mobilité.
Le secteur de la réadaptation dépend presque entièrement des ONG et du CICR. Financés directement par la communauté internationale, ces derniers gèrent la plupart des établissements de réadaptation physique.
Pourtant, les services font encore cruellement défaut, en particulier au niveau local, dans les zones rurales ou instables. 12 des 34 provinces du pays sont totalement dépourvues de centres d’appareillage et d’unités de kinésithérapie.
Handicap International appelle la communauté internationale à garantir la pérennité des services de santé afin qu’ils fournissent des soins appropriés aux personnes vulnérables et marginalisées, et qu’ils soient accessibles aux personnes vivant dans des zones isolées, rurales ou de conflit.
Handicap International en Afghanistan
Handicap International travaille auprès de la population afghane depuis le milieu des années 1980 dans le domaine du handicap. L’association fournit des services de réadaptation aux personnes handicapées dans les provinces de Hérat et de Kandahar, notamment aux victimes du conflit, et en particulier aux survivants des mines antipersonnel et des restes explosifs de guerre. En 2013, l’organisation a pris en charge plus de 13 000 personnes. Dans les provinces de Helmand et de Kandahar, Handicap International a organisé des séances d’éducation aux risques pour prévenir les décès et les blessures dues aux mines et aux restes explosifs de guerre auprès de plus de 50 000 personnes. De plus, Handicap International travaille à améliorer l’inclusion socio-économique des personnes handicapées dans le pays au moyen de la formation professionnelle, de l’aide sociale personnalisée, et de la défense et de la sensibilisation aux droits des personnes handicapées.
Handicap International est membre d’ACBAR (Agency Coordinating Body for Afghanistan, organe de coordination pour l’Afghanistan), qui réunit les ONG travaillant dans le pays et participe à la campagne internationale « Do not forget Afghanistan » (N’oublions pas l’Afghanistan) actuellement diffusée sur les médias sociaux sous le hashtag #DontForgetAfghanistan
Copyright photo © Véronique de Viguerie / Handicap International