Ancrage exclusif sur le marché local

«Le métier de gérant de fortune est beaucoup plus spécialisé et plus focalisé que le métier de banquier, et offre une palette plus large de produits et services», atteste Claude Eyschen, directeur général de la société de gestion CapitalatWork Luxembourg, qui précise que son métier, contrairement à celui de banquier, ne présente pas de conflit d’intérêt. Interview.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots CapitalatWork Group ? Comment se situe la société par rapport au Groupe Foyer ? 

Nous sommes une société de gestion luxembourgeoise, appartenant à 100% au groupe Foyer. Nous sommes actifs au Benelux, soit à Luxembourg,  Bruxelles, Anvers, Gand et Breda, avec au total une centaine d’employés. Nous gérons actuellement plus de 5 milliards d’euros d’actifs pour des clients privés et institutionnels. Le rachat de CapitalatWork par le groupe Foyer s’est fait en 2009 ; depuis, nous profitons beaucoup des synergies et du support à l’intérieur du groupe, lesquels nous permettent d’offrir à nos clients un service de qualité.
Pourquoi avoir opté pour cette dénomination très évocatrice, «CapitalatWork» ?
Le nom fait référence à ce que nous faisons : nous mettons l’argent de nos clients au travail, c’est-à-dire nous l’investissons dans les marchés financiers. En fait, il faut démystifier l’investissement: on entend parler de produits complexes ou compliqués, qui peuvent effrayer bon nombre d’investisseurs, alors que l’investissement est quelque chose de fondamentalement simple: donner son argent à une entreprise, sous forme de capital (actions) ou sous forme de prêts (obligations) pour permettre à celle-ci de travailler, d’investir, de créer de la valeur et de faire fructifier l’investissement. Encore faut-il choisir la bonne entreprise, celle qui fonctionne, et celle qui sera en mesure de rembourser les investisseurs. C’est cela notre travail, qui nous permet «to put our client’s CapitalatWork».
CapitalatWork est active dans le secteur de la gestion patrimoniale. Qu’est-ce qui différencie une société de gestion patrimoniale d’une banque ?
Le métier de gérant de fortune est beaucoup plus spécialisé et plus focalisé que le métier de banquier, et offre une palette plus large de produits et services. Un gérant de fortune comme CapitalatWork ne vend pas de produits, mais se concentre exclusivement sur la gestion des avoirs de ses clients. Pour faire la comparaison avec le milieu médical : là où le banquier est le généraliste, le gérant de fortune peut être considéré comme le spécialiste. Notre succès est lié exclusivement à la satisfaction des clients de par notre façon de gérer leurs avoirs. Nous sommes donc exempts de tout conflit d’intérêt tel qu’ils peuvent exister dans le milieu bancaire, par exemple lorsque le banquier joue à la fois un rôle de banquier privé et de banquier d’investissement.
Quel est le marché ciblé par la société ? Quelles sont les attentes des clients en cette période particulière de sortie de crise?
Dans un monde de plus en plus complexe en matière de fiscalité et au niveau réglementaire, on ne peut plus vouloir servir toutes les «géographies» de clients ; il est important de ne pas se disperser. CapitalatWork a décidé de concentrer son développement sur trois pays : le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. Avec la particularité d’avoir à chaque fois des bureaux locaux avec des interlocuteurs locaux qui assurent la proximité avec les clients, tout en gardant un modèle de gestion commun à tout le groupe CapitalatWork.
Depuis la crise financière de 2008, le client bancaire, devenu de plus en plus méfiant envers le secteur financier en général et les produits complexes en particulier, demande de plus en plus de transparence sur ses investissements et sur les méthodes de travail. Avec notre méthodologie d’investissement, plutôt conservatrice, nous sommes en mesure de répondre assez facilement à ses attentes : nos investissements se limitent à des instruments cotés et liquides, et le fait d’avoir analysé en interne en détail toutes les sociétés détenues par nos clients est réconfortant pour le client même en cas de marchés volatiles.
Qu’est-ce qui vous distingue de vos concurrents, tant au niveau des produits que de la stratégie ?
Notre appartenance à un groupe familial 100% luxembourgeois, actif depuis plus de 90 ans sur le marché local nous donne une solidité importante. Le marché local est et restera le cœur de notre activité.
Ensuite, notre méthodologie d’investissement originale, développée en interne et appliquée depuis plus de vingt ans. Lorsque nous analysons une société, le «free cash-flow » de cette société et donc sa capacité de rembourser l’investissement est primordial pour notre décision d’investir ou non. Cette méthode d’analyser et d’investir nous a permis de passer à travers deux crises importantes (2001 et 2008) avec sérénité.
La levée du secret bancaire constitue une menace directe pour votre activité, nombreux sont déjà les «clients de petite taille» qui ont rapatrié leurs fonds dans leur pays respectif. Craignez-vous pour votre activité ? Comment se repositionner, adapter sa stratégie, si besoin est, pour faire face à cette nouvelle donne ?
Le passage à l’échange automatique sur  les revenus d’intérêts des clients non-résidents, à partir de 2015 ainsi que l’extension du champ d’application de la directive, annoncé en 2014, n’étaient pas une surprise pour le secteur bancaire à Luxembourg. Depuis 2009, avec l’introduction de l’échange d’informations à la demande, le chemin était tracé, ce n’était que le délai qui restait une inconnue. Notre stratégie commerciale, consistant à nous concentrer sur les clients résidents dans les trois pays dans lesquels nous sommes établis, anticipait d’ailleurs ces changements. Les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement luxembourgeois, comme l’échange d’informations élargi ne demandent pas une adaptation particulière de cette stratégie.

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