L’interprète
Ces quinze derniers mois, Sustain a développé un nouveau pilier stratégique orienté sur l’innovation durable répondant à la logique transversale Smart City. Cet «agrégateur de compétences» dans les domaines de la responsabilité sociétale et du développement durable propose, pour les projets liés à la thématique Smart City, des services liés à l'identification d'opportunités, au développement et au financement de projets.
Interview de Pol Goetzinger, directeur de Sustain.
En quoi consiste le concept de Smart City?
Il s’agit de ne plus considérer la ville comme une succession de thématiques verticales, mais d’en avoir une approche transversale, holistique, en faisant le lien entre mobilité et qualité de vie ou entre énergie et bâtiments, par exemple. Il s’agit également de mieux intégrer les usagers dans la définition de nouveaux services.
Par quel bout avez-vous attaqué ce vaste sujet?
Nous avons créé le Think Tank luxembourgeois Smart City qui regroupe essentiellement des partenaires scientifiques comme l’Université du Luxembourg, le CRP Henri Tudor, Neobuild, Luxinnovation et Sustain. Nous avons d’abord travaillé sur les définitions existantes de ce terme qui est parfois galvaudé. Nous nous sommes ralliés à un cadre conceptuel que la Commission européenne a déterminé au sein de l’European Innovation Partnership Smart City’ et a repris dans un livre blanc. Nous nous basons sur six indicateurs -la mobilité, l’économie, l’environnement, la gouvernance, le social et le logement-, eux-mêmes subdivisés en sous-indicateurs. A cela s’ajoute le fait de ne pas travailler sur des approches théoriques, mais de passer rapidement à des projets démonstrateurs qui pourraient par la suite être appliqués à des échelles plus grandes ou des territoires plus vastes.
Quels types de services offrez-vous chez Sustain?
Notre portfolio Smart City s’articule autour de trois dynamiques: identifier des opportunités économiques pour les acteurs luxembourgeois qui souhaitent utiliser le concept mais ne savent pas comment le faire à bon escient, ce que nous faisons via des workshops ou en faisant intervenir des experts de notre réseau international, aider les entreprises ou les collectivités à mettre en place des projets pilote, et enfin, les accompagner pour l’obtention de subsides européens et la pérennisation de leur investissement. Nous sommes notamment spécialisés dans le programme horizon 2020 de la Commission européenne.
Est-ce que vous avez déjà contribué à la mise en place de projets démonstrateurs?
Nous avons développé un projet en coopération avec Sales-Lentz, le ministère du Développement durable et des Infrastructures et le ministère de l’Economie qui appréhende différemment la problématique de la mobilité électrique en intégrant les utilisateurs dès les premières réflexions pour leur permettre de mieux s’approprier les solutions par après. Fin 2015, deux lignes régulières seront desservies par des bus hybrides plugin et nous verrons donc apparaître des stations de charge dédiées à ces bus, ce qui sera quasiment une avant-première mondiale. Ce projet axé sur la mobilité apportera en outre des opportunités en matière d’efficience énergétique, de réseaux intelligents, d’aménagement du territoire et de bâtiments. En effet, on peut imaginer que les gares routières, qui se trouvent actuellement toutes en surface à cause des risques d’intoxication liés à la pollution, pourraient demain être placées dans les centres commerciaux. On peut aussi envisager que l’électricité qui alimentera ces bus provienne de sources de production décentralisées vertes en concertation avec les gestionnaires de réseaux.
Nous nous impliquons également dans la mise en place de Smart Grids (ou réseaux énergétiques intelligents) en collaboration avec Creos. La thématique ‘green energy’ est ici à mettre en relation avec les ‘green buildings’. Dans ce projet aussi, nous nous sommes concentrés sur les besoins de l’utilisateur, car si l’usager n’y voit pas un avantage, il ne changera pas son comportement. Nous sommes en ce moment en phase de test des premiers services avec un échantillon de 1.000 ménages sur un an. Notre objectif est maintenant d’aller plus loin en conseillant les propriétaires de bâtiments sur une optimisation de l’efficience des bâtiments, à la fois en ‘stand alone’ et intégrés dans une optique réseau énergétique intelligent.
Quel est votre rôle dans ces projets?
Nous nous voyons surtout comme un interprète entre les différents intervenants car un ingénieur en informatique et un ingénieur en environnement ne parlent pas forcément le même langage. Notre rôle est de créer une animation, une dynamique au sein du groupe. Notre vision transversale et notre approche pragmatique nous permettent de réunir une équipe de projet performante qui peut rapidement dégager des projets pertinents. Des acteurs de taille nous suivent. C’est un signe de confiance!