6.000 personnes atteintes de troubles démentiels
La prise en charge d’un nombre croissant de personnes âgées en perte d’autonomie, liée à l’augmentation constante de notre espérance de vie, constitue un véritable défi pour les états. La ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, mise aujourd’hui sur l’amélioration de la qualité de la prise en charge pour offrir une fin de vie digne aux personnes concernées malgré les troubles qui peuvent les toucher.
Source photo: Ministère de la Famille et de l’Intégration
Madame Cahen, quel est l’état actuel de la situation en matière de dépendance au Luxembourg? Et quelles sont les prévisions quant à l’évolution de cette situation dans les prochaines décennies?
Le nombre de personnes dépendantes augmente continuellement. Si on ne regarde que les chiffres de l’assurance dépendance, on constate par exemple que le nombre de bénéficiaires est passé, en dix ans, de 5.800 à 13.000 et que les dépenses sont passées, quant à elles, de 123 à 460 millions d’euros.
Les défis pour les années à venir sont l’augmentation du nombre de personnes concernées (due à l’augmentation de l’espérance de vie), la diminution des aidants issus de l’entourage familial (due à l’augmentation des personnes vivant seules), de même que l’augmentation de la complexité des situations de dépendance, entraînant un besoin accru en personnel spécialisé.
Quels efforts ont déjà été réalisés pour répondre à l’augmentation constante du besoin de prise en charge des personnes en perte d’autonomie? Que reste-t-il encore à faire? Quelles mesures souhaitez-vous mettre en place?
Au Luxembourg, nous offrons une bonne prise en charge dès le début de la situation de dépendance. L’idée est de permettre aux personnes dépendantes de vivre aussi longtemps que possible dans leur environnement habituel.
Afin de répondre au besoin de prise en charge croissant, le budget des aides étatiques a connu une augmentation constante depuis 2000, tout comme le nombre de prestataires de services. Le nombre de lits institutionnels a parallèlement connu une augmentation considérable, tout comme celui des places en centres psycho-gériatriques et des services pour personnes handicapées. Les cours et les offres de soutien de l’entourage familial ont également été développés.
Il s’agit maintenant d’investir davantage dans la qualité des prises en charge et dans la formation des professionnels.
Les troubles des capacités cognitives (maladie d’Alzheimer et autres) touchent de plus en plus de personnes du fait du vieillissement de la population. En quoi consiste le plan d’action national ‘maladies démentielles’ qui est une des priorités gouvernementales?
En effet, au plan mondial, on estime que quelque 35 millions de personnes sont atteintes d’une maladie démentielle et que ce chiffre risque de doubler d’ici vingt ans. Pour le Luxembourg, les estimations parlent de 5.500 à 6.000 pour 2014, un chiffre qui pourrait atteindre les 8.500 personnes en 2025. Partant de l’hypothèse que pour une personne malade, au moins trois personnes de son entourage familial et social sont touchées par sa maladie, on n’aurait donc pas 8.500, mais plus de 30.000 personnes touchées –directement ou indirectement- par la maladie en 2025 au Luxembourg. Les maladies démentielles représentent donc un grand défi pour notre société dans les années à venir.
Les efforts réalisés au cours des dernières années ont été importants: forte politique d’investissement dans de nouvelles infrastructures (institutions, foyers…), introduction des projets d’établissement sur la prise en charge des personnes démentes, etc.
Il importe maintenant de mettre en œuvre le plan d’action ‘maladies démentielles’ adopté en 2013. Le plan d’action national, qui définit vingt-deux mesures prioritaires à réaliser au cours des prochaines années, a pour but d’améliorer les prises en charge et l’encadrement afin de préserver la qualité de vie, l’autonomie et les droits des personnes démentes. Il s’agit de permettre aux personnes concernées de vivre dignement leur vie jusqu’à sa fin. Le plan d’action met parallèlement une attention particulière sur le soutien de l’entourage familial.
Parmi les projets concrets qui viennent d’être réalisées ou entamés, on peut citer la réalisation d’une fiche signalétique en cas de disparition de personnes atteintes d’une maladie démentielle, la création d’un site Internet (www.vivreavecunedemence.lu) ou encore l’introduction d’un module obligatoire de formation continue en psychogériatrie pour les professionnels qui travaillent dans les institutions et les services pour personnes âgées.
Comment les communes peuvent-elles agir pour soutenir les actions du ministère? Quelles initiatives peuvent-elles prendre à leur niveau?
Les communes sont un partenaire privilégié dans le domaine de l’encadrement et de l’accompagnement des personnes âgées.
Elles peuvent activement promouvoir la participation active des seniors dans la vie sociale, notamment en veillant à l’accessibilité des espaces publics et des infrastructures, en mettant en place des services pour personnes âgées (Clubs Seniors etc.), en soutenant la création d’offres de loisirs et en participant à la diffusion d’informations.
Le ministère va d’ailleurs contacter sous peu les communes pour leur demander de l’aider dans la diffusion de la fiche signalétique en cas de disparition de personnes atteintes d’une maladie démentielle.
Je me permets également de rappeler aux communes et à leurs commissions consultatives ‘troisième âge’ l’existence du guide ‘Seniorenfreundliche Gemeinden’, réalisé par mon ministère et qui aide les communes à élaborer un plan d’action communal pour les personnes âgées.