Un gendarme des réseaux, «made in Luxembourg»

La discussion sur la protection d'infrastructures (eau, électricité, gaz, télécommunications, eaux usées, etc.) s'est confinée, malgré les recommandations de la Commission européenne de 2008 sur les mesures à engager pour identifier et sécuriser les réseaux visés par la directive 2008/114/EC, dans une approche purement de garantie de la disponibilité de la ressource véhiculée par ces réseaux.  

Il est apparu, non seulement depuis la flambée des prix des métaux sur les marchés internationaux, que l'infrastructure de transport en elle-même pouvait être sujette à des risques concrets et d'envergure, du simple oubli d'un technicien –un regard qui reste ouvert– jusqu'aux atteintes malveillantes: vols (de couvercles, de boîtes d'épissurage, de câbles, etc.), vandalisme et même sabotage prémédité.

Dès lors s'est posée la question de la création d'un système de surveillance financièrement abordable, efficace, passif, mais surtout ne nécessitant ni courant, ni batteries, ni intervention de maintenance régulière et qui pourrait se greffer sur les réseaux de fibre optique existants ou en cours de déploiement sans requérir le recours à une fibre dédiée (donc sans perte de capacité).

Après plus de deux ans de développements entièrement autofinancés, un brevet a été déposé pour un système qui reconnaît et mémorise l'état «ouvert» ou «fermé» («0» ou «1» ainsi que les états intermédiaires) d'un regard, d'une porte de container, etc. et en transmet l'information à un poste de contrôle central. Le système, appelé «GridCop ®» par ses inventeurs, Guy Loos et Jean-Philippe Boever, permet, en n'ayant recours qu'à une infime partie de la lumière véhiculée par la fibre, de se greffer sans perte sur une fibre véhiculant du trafic. Par ailleurs, le système est conçu de façon telle que plus d'une cinquantaine de «GridCops ®» peuvent se greffer sur une même fibre de plus de 100 kilomètres de long sans perte notoire au niveau du budget lumière.

Depuis novembre 2013, 25 «GridCops ®» faisant office de détecteur d'intrusion et de détecteur d'immersion sont placés dans des regards d'un grand distributeur d'eau potable au Luxembourg, dans le cadre d'un test grandeur nature de six mois. La mise en place de tests similaires, notamment à Berlin et à Francfort, est actuellement en discussion. Au-delà de la sécurisation d'infrastructures d'adduction et de distribution, «GridCop ®» peut intéresser notamment les secteurs de la défense, du rail, de l'autoroute, de l'exploitation minière, de la gestion portuaire et aéroportuaire. 

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