Du vintage avec un petit twist

Pascal Zimmer a rénové un ancien château pour y installer les bureaux de trois des sociétés qu’il dirige. Pour ce projet, comme pour tout ceux qu’il développe, beauté, authenticité et réalisme sont des maîtres-mots.
Rencontre.

Pascal Zimmer est à la tête de plusieurs sociétés. La première d’entre elles, baptisée Unicum, a été créée en 1991 et est dédiée au développement de projets immobiliers «qui soient à la fois architecturalement juste, techniquement simple et financièrement intéressant». Il mobilise donc toutes les ressources dont il dispose au sein de ses équipes multidisciplinaires pour faire les choix les plus pertinents et aboutir au meilleur produit possible compte tenu de considérations d’ordre conceptuel, technique et budgétaire.

Le fait est que cette philosophie correspond aux principales tendances qui se dégagent des demandes particulières de ses clients. A une époque où les prix des terrains, maisons et appartements rendent l’acquisition d’un bien difficilement accessible, le réalisme budgétaire est de mise. De même que l’efficacité énergétique qui est encouragée par le gouvernement à travers différents systèmes de primes. Mais sur ce point, le fondateur d’Unicum émet quelques réserves: «L’efficacité énergétique est un argument fort pour produire du travail dans l’artisanat, mais je pense que le discours à ce sujet n’est pas assez nuancé. Il faut trouver un juste équilibre entre ce que cela coûte et ce que cela rapporte, financièrement mais aussi au niveau esthétique, dans un projet de restauration notamment, et faire preuve de bon sens, sinon nous finirons par poser une façade isolante sur le palais grand-ducal! A force d’aller vers trop de fonctionnalité, on perd notre sensibilité à la beauté».

Pascal Zimmer constate également un retour à l’authenticité plutôt à contre-courant à l’heure où les immeubles standardisés et aseptisés poussent comme des champignons. Une orientation qu’il explique par le besoin constant qu’à l’être humain de se recadrer: «Plus on évolue dans des espaces high-tech, plus on est tenté de revenir aux sources. Nous enregistrons une très grande demande pour le vintage». Au high-tech, il oppose le low-tech et, citant l’architecte franco-suisse Le Corbusier qui affirmait: «J’aime le béton quand il dit: je suis béton», il privilégie les matériaux et les bâtiments qui revendiquent ce qu’ils sont: un parquet en bois et non en plastique, un sol en marbre et non un carrelage imitant le marbre, une ancienne bâtisse dont on a préservé tous les attraits ou, au contraire, une extension contemporaine dont l’architecture affirme la modernité…

Les bureaux des sociétés de Pascal Zimmer sont hébergés dans l’emblématique château de Clémency, vieux de 380 ans, qui illustre à lui seul les principes sur lesquels se basent les projets développés par ses équipes, qui sont en très grande majorité des restaurations. «Le concept de la rénovation de ce château, qui était une ruine vouée à la destruction au moment de son achat, était de conserver la bâtisse historique, tout en lui donnant un petit ‘twist’», souligne Pascal Zimmer. Ainsi, seules les fenêtres ont été isolées avec du double vitrage. Aucun revêtement isolant n’a été posé pour ne pas dénaturer ni la façade ni les boiseries intérieures, mais l’une et les autres ont tout de même été peintes en un gris mat et profond pour apporter ce ‘petit twist’. Les planchers  rustiques, la charpente d’origine, les escaliers en pierre gondolée par des siècles de passage et les murs bancals et irréguliers ont été conservés et mis en valeur chaque fois que cela était possible. Ils ont été remplacés par des revêtements de sol ou muraux résolument contemporains lorsque cela était nécessaire. Les portes ne ferment pas et les planchers craquent bruyamment, mais cela contribue au charme du lieu. A l’arrière de la bâtisse principale, la grange dont il ne restait rien d’autre que quatre murs, a subi une rénovation beaucoup plus profonde et plus contemporaine. MT

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