Handicap International appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités

Le 25 septembre, Martin Lagneau, directeur d’Handicap International Luxembourg, a eu l’occasion de rencontrer le Premier ministre Jean-Claude Juncker pour le sensibiliser à la problématique posée par les mines antipersonnel, bombes à sous-munitions et autres restes d’explosifs de guerre, qui représentent une menace pour les populations non seulement pendant un conflit, mais également pendant plusieurs décennies après qu’il ait pris fin.

© A.Massolin-Toussaint / Handicap International

C’est dans le cadre de la campagne annuelle de mobilisation luxembourgeoise de Handicap International que cette entrevue a eu lieu. La campagne met cette année l’accent, avec trois visuels, sur la menace que les mines antipersonnel, les bombes à sous-munitions et, globalement, tout reste explosif de guerre constituent pour les populations civiles subissant un conflit armé.

Comme l’ont encore démontré les derniers conflits en date, la distinction entre civils et militaires est de moins en moins respectée. Le message qu’Handicap International cherche à faire passer est donc clair: les civils doivent être protégés sans attendre et, pour ce faire, la mobilisation mondiale contre tout type d’engins explosifs indiscriminants doit se poursuivre afin que les états et les groupes armés cessent enfin d’avoir recours à ces armes et de bafouer ainsi les règles de la guerre. Par ailleurs, pour dépolluer et sécuriser les zones contaminées à travers la planète, ainsi que pour permettre aux victimes de jouir à nouveau de leurs droits fondamentaux, l’engagement des gouvernements et des acteurs humanitaires ne doit pas faiblir.

Lors de son entrevue avec le Premier ministre, Martin Lagneau était accompagné de Raed Mokaled, ambassadeur de la Coalition contre les armes à sous-munitions, qui a perdu son fils de 5 ans en 1999 tué par une bombe à sous-munitions alors qu’il fêtait son anniversaire dans un parc du sud du Liban. «Ahmad n’était ni un terroriste, ni un criminel; il était seulement un enfant qui souhaitait jouer et profiter de la vie», a-t-il souligné. Son histoire démontre à quel point, même une fois la paix retrouvée, la menace de mort et de blessures pèse sur les populations innocentes.

Si le Moyen-Orient est une des régions du monde les plus sévèrement contaminée par les mines antipersonnel, bombes à sous-munitions et restes explosifs de guerre, ce sont au total 41 pays et territoires qui sont affectés par la présence de sous-munitions non explosées en 2013, 94% des victimes sont des civils, dont 40 % sont des enfants et au moins 54.000 victimes ont été identifiées à ce jour.
Deux traités existent: celui d’Ottawa qui interdit l'emploi, le stockage, la production et le transfert des mines antipersonnel et régit leur destruction et celui d’Oslo qui porte sur les bombes à sous-munitions. Ce dernier, signé en décembre 2008 et entré en vigueur en août 2010, regroupe 113 états signataires. Mais de nombreux point noirs subsistent: le nombre de pays affectés reste le même, tout comme le nombre d’états suspectés d’en produire (17), l’exportation continue et les stocks ne diminuent pas (plus d’un milliard de sous-munitions stockées par 71 États). Elle seraient encore utilisées en Syrie, au Soudan et au Myanmar en 2012 et 2013. Le Traité s’universalise donc très lentement et attend encore la ratification de 29 états signataires et la signature de 84 pays dont les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde et le Pakistan, notamment.

Face à ce terrible constat, Handicap International a, en cette vieille d’élections, appelé le gouvernement luxembourgeois à promouvoir les Traités d’Ottawa et d’Oslo auprès des Etats non signataires et à redoubler d’effort pour une interdiction effective des investissements dans la production de ces armes, à renforcer la contribution à l’assistance aux victimes et la dépollution des territoires affectés et à peser de tout son poids pour que le droit international visant la protection des civils soit appliqué, et en particulier pour que les armes explosives ne soient pas utilisées contre les civils et en zones peuplées.

Handicap International invite également le grand public à participer à sa traditionnelle ‘pyramide de chaussures’et à soutenir ainsi son action. La pyramide aura lieu cette année le samedi 5 octobre de 10 heures à 17 heures sur la place d’Armes à Luxembourg-ville.

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