En temps de crise, plus que jamais, l’accompagnement est fondamental

Petite structure qui entend bien le rester, la force de la Fiduciaire du Grand-Duché de Luxembourg réside dans son approche holistique des problématiques auxquelles sont confrontées ses clients dans la période économique défavorable que nous traversons actuellement. Les aspects comptables et fiscaux sont évidemment traités, mais la dimension humaine n’est pas oubliée et la confiance prime dans la relation interpersonnelle entre le client et son expert comptable.
Interview de Marc Meyers et Florence Bastin, partners à la Fiduciaire du Grand-Duché de Luxembourg (flux.lu).

Comment un expert-comptable peut-il aujourd’hui aider ses clients?

MM: Les entreprises sont affectées par un ralentissement de l’économie et les entrepreneurs sont seuls face à cette problématique. Ils se tournent donc vers leur personne de confiance, qui est souvent leur expert comptable, pour avoir un critère d’appréciation. D’un côté, nous préparons leurs comptes annuels le plus vite possible après la clôture de l’exercice, de manière à ce qu’ils soient les plus révélateurs possibles de la situation actuelle. De l’autre côté, nous analysons ces chiffres et établissons un diagnostic, puis nous conseillons nos clients en fonction des éventuels dysfonctionnements ou de l’amélioration possible de leur rentabilité.

Par exemple, quelles mesures pouvez-vous conseiller à vos clients de prendre?

FB: Un exemple typique est de revoir leurs délais de paiement. Les entreprises paient souvent leurs fournisseurs plus vite qu’ils ne récupèrent eux-mêmes l’argent de leurs clients. Ils se retrouvent alors avec des flux de trésorerie négatifs, ce ne qui n’est pas souhaitable, surtout à long terme.
Revoir et automatiser son système de facturation peut coûter très cher mais permettra assurément d’améliorer et de sécuriser significativement les rentrées d’argent, de traquer les impayés. Au bout du compte, l’investissement sera vite rentabilisé.
Nous recommandons parfois aussi à nos clients de revoir leurs relations avec leurs fournisseurs et de relancer éventuellement des appels d’offre. Analyser les postes de charges est une tendance qui doit s’installer. Il est en général possible d’économiser en supprimant des petits postes qui ne sont pas fondamentaux pour la société. D’un autre côté, cela permet de mobiliser des flux pour des investissements essentiels.

MM: Par ailleurs, les banques prêtent, évidemment, moins facilement aux entreprises en difficulté. Les dirigeants ont tendance, de manière naturelle, à rembourser rapidement leurs dettes, alors qu’en temps de crise, il est parfois préférable de conserver les lignes de crédit déjà accordées.

FB: C’est aussi parfois en repensant ses systèmes et ses processus que de nouveaux modèles stratégiques pourront être mis en place et amélioreront la rentabilité de la société.

MM: L’optimisation de la structuration juridique et fiscale est un autre élément crucial. Nous recevons beaucoup plus de questions que par le passé en la matière et nous offrons à nos clients les conseils adéquats pour parvenir à cette optimisation.

FB: J’ajouterais que le moment est opportun pour se remettre en question sur tous les acquis du passé. C’est justement quand on est face à la crise qu’il faut réfléchir concrètement sur le long terme : va-t-on dans la bonne direction ? Ne pourrait-on pas faire mieux, autrement, plus vite et plus efficacement ?
Cette situation a l’avantage de stimuler la créativité des entrepreneurs. Notre rôle consiste parfois aussi à les freiner dans certains élans, quand ils cherchent à contrer les problèmes en se diversifiant à mauvais escient par exemple. Nous les encourageons alors à se recentrer, à se concentrer sur les clients existants, à faire fructifier leur know-how. Nous avons un œil critique et plus de recul par rapport aux affaires de nos clients.

Votre métier a-t-il évolué ces dernières années?

FB: Par le passé, nos clients suivaient leur trace et n’avaient recours à un expert-comptable que pour avoir leurs comptes annuels. Ils recherchent davantage aujourd’hui un soutien psychologique, une validation de ce qu’ils ont fait ou souhaitent faire. Ils ont besoin d’être rassurés, la plupart du temps, ils savent déjà ce qu’ils doivent faire.

MM: Mon appréciation personnelle est que l’expertise comptable est souvent liée à fiscalité, ce qui est le cœur du métier, mais souvent on oublie qu’il y a une dimension humaine extrêmement importante. Nous nous inscrivons comme un partenaire à l’écoute de nos clients. On ne doit pas oublier que, si nous sommes experts dans notre métier, le client l’est dans le sien. Il serait illusoire de croire que nous allons lui dire ce qu’il doit faire. Nous avons les réponses comptables et fiscales, mais les réponses opérationnelles, c’est souvent le client qui les détient. Nous lui posons les bonnes questions et le guidons pour, de fil en aiguille, aboutir ensemble à des solutions.

Quel est votre rôle quand une société est dans l’obligation de cesser ses activités?

MM: Là encore, le conseil et l’accompagnement sont primordiaux, d’abord pour ne pas attendre d’arriver au point de non-retour et tenter de sauver une partie des activités pour rebondir. Même si la loi sur les faillites est train d’être revue, trop souvent les entreprises ignorent les possibilités de concordat, sursis de paiement ou la gestion contrôlée.

Voyez-vous des signes positifs dans ce contexte économique plutôt morose?

MM: Oui. Il y a toujours de la place pour les entrepreneurs qui veulent s’établir, la preuve en est qu’un certain nombre de sociétés nouvellement créées font appel à nos services. Et elles ont des atouts, car elles partent sur des bases saines et n’ont pas tout un bagage du passé – trop d’employés, trop d’immobilisations – à traîner.

FB: Il est intéressant de constater, comme je le disais plus tôt, que la situation pousse à une certaine créativité. Elle force les gens à réfléchir, à repenser leurs modèles et à se lancer. Je pense que la crise aura au-moins cet aspect positif. Même si le taux de chômage est plutôt en train de monter, même si l’incertitude règne sur certains plans, pour celui qui en a la motivation, des projets bien réfléchis peuvent se réaliser.

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