«Une véritable chance pour notre autonomie»

Novabus fédère une vingtaine d’entreprises de transport sur l’ensemble du territoire luxembourgeois. Parmi elles, l’autocariste Georges Carbon qui est à l’origine de cette initiative lancée en 2007 grâce à laquelle des centaines de personnes handicapées ont pu trouver ou retrouver une participation plus active à la vie en société. Exemple avec un client pas comme les autres, Rigobert Rink, et son chauffeur –presque- attitré, Rogerio Loureiro.

Rigobert Rink est un client de la première heure des transports Georges Carbon. Depuis près de cinq ans maintenant, il emprunte plusieurs fois par semaine le Novabus pour aller faire des emplettes au centre commercial, voir un film au cinéma, se promener le long de la Moselle à Remich, se rendre chez le médecin ou encore participer aux réunions de l’association de lutte pour la vie auto-déterminée, ‘Nëmme mat eis!’, dont il est un membre actif. «Avant même que Novabus soit créé, j’avais écrit un courrier aux instances politiques au nom de toutes les personnes handicapées pour qu’elle mettent en place une telle initiative. Il est primordial pour nous de disposer d’un système de transport comme Novabus. C’est une véritable chance pour notre autonomie!», explique-t-il.

En effet, avant l’existence du service Novabus, il lui était difficilement possible, voire complètement impossible, de pratiquer des activités en dehors du foyer la Cerisaie à Dalheim où il réside. Une ambulance n’est pas assez haute pour accueillir sa chaise roulante, quant au transport en minibus, il est bien trop onéreux pour les revenus de quelqu’un dont la carrière d’infirmier a été fauchée très tôt par un accident. Novabus a donc permis à Rigobert Rink, comme à de nombreuses autres personnes souffrant d’un handicap quel qu’il soit, de retrouver une certaine liberté dans ses déplacements, la possibilité de mener une vie plus dynamique et ouverte sur l’extérieur, et de rompre son isolement.

Si Rigobert Rink est toujours resté fidèle aux transports Georges Carbon, c’est pour plusieurs raisons. La première de ces raisons est la sécurité: «J’ai eu un très grave accident de voiture en 2002 et, aujourd’hui encore, le fait de monter dans un véhicule reste pour moi une source de stress. Même si ce problème s’atténue avec le temps, j’ai encore besoin d’une sécurité totale. J’ai toujours préféré rouler avec les bus de Georges Carbon car je me sens vraiment en confiance», raconte-t-il en comparant le service dont il bénéficie actuellement avec certaines expériences passées. Ce sentiment de sécurité, il le doit notamment au fait que sa chaise roulante soit sanglée dans les règles de l’art et avec le plus grand soin par le chauffeur pour éviter qu’elle ne bascule. Ceci est d’autant plus important qu’elle est très fragile et extrêmement sensible au moindre choc. Sur ce point, comme en ce qui concerne l’accueil du client et le mode de conduite à adopter, les chauffeurs des transports Georges Carbon suivent régulièrement des formations spécifiques.

Aujourd’hui, c’est, comme le plus souvent, Rogerio Loureiro qui vient chercher celui qu’il surnomme ‘Rigo’ pour l’emmener faire quelques courses. Cet ancien mécanicien a dû se reconvertir suite à une opération du genou qui l’empêchait de continuer à pratiquer son métier. Il a donc passé son permis bus avec, en tête, l’idée de conduire des autocars de tourisme ou des bus de ville. C’est alors qu’il a croisé la route de Georges Carbon et que l’opportunité de travailler avec un public de personnes handicapées s’est présentée à lui. Même si ce n’était pas son projet au départ, il ne regrette absolument pas ce choix qu’il a fait il y a quatre ans, bien au contraire. Au lieu de transporter des dizaines d’anonymes, il véhicule aujourd’hui des passagers seuls, ou en très petits groupes, ce qui lui permet de nouer des liens plus intimes et plus profonds avec chacun d’entre eux. «J’aime ce travail. J’aime le contact avec les gens, qui sont très différents les uns des autres. Ils se confient souvent à nous pendant les trajets parce qu’ils ont peu de contact et peu d’occasions de parler. On les emmène partout, on rencontre leurs proches, on découvre les endroits qu’ils fréquentent. C’est comme une famille, on se connaît bien», précise-t-il. Rigobert Rink confirme qu’une relation très étroite s’est créée entre le chauffeur et lui: «Je considère Roger comme mon ami, mon confident, mon prêtre», dit-il en souriant. «Je peux tout lui dire. Par exemple, si je suis contrarié, parce que les choses ne se passent pas comme elles devraient dans la maison de soins, c’est à Roger que j’en parle». Parole d’infirmier. Et Rogerio Loureiro d’ajouter: «C’est un travail très spécial. Il faut avoir le contact facile et être ouvert. Les personnes que l’on côtoie sont souvent un peu fermées et si on ne leur facilite pas la tâche, les trajets sont monotones. Il faut aussi être très flexible et donner beaucoup de son temps».

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