Payer par téléphone… c’est désormais possible!
Riche d’un passé où elle s’est souvent montrée pionnière et innovatrice dans le domaine des méthodes de paiement électronique, la BCEE n’a pas voulu rester sur la touche en ce qui concerne le mobile banking. Elle a donc participé au lancement, voici quatre mois, d’une nouvelle solution, appelée Digicash, dont les toujours plus nombreux adeptes des smartphones et autres tablettes ne pourront bientôt plus se passer.
Mode d’emploi avec Gilbert Ernst, Directeur, membre du Comité de direction.
Tout d’abord, Monsieur Ernst, pourquoi la BCEE s’est-elle lancée sur le segment du mobile banking?
Statistiquement, les ventes de GSM, smartphones ou autres tablettes explosent et il est prévu que ces dernières supplantent les ordinateurs de bureau et portables dans les années à venir. Nous avons tous pris l’habitude d’avoir sur nous en permanence un appareil de ce type et de s’en servir instinctivement. Nous nous sommes toujours positionnés comme des précurseurs, notamment en ce qui concerne les possibilités offertes par les nouvelles technologies. C’est donc tout naturellement que nous n’avons pas voulu être à la traîne, d’autant que de plus en plus de fournisseurs non issus du secteur bancaire offrent des services de mobile banking. En nous référant au climat de confiance que nous avons instauré de longue date avec notre clientèle, nous avons choisi de lancer Digicash.
Par ailleurs, en 2012 parallèlement à Digicash et dans la même optique d’innovation, nous avons été les premiers à proposer au Luxembourg la solution de paiement en ligne MengBank qui se base sur les spécifications techniques du projet MyBank de la société EBA Clearing visant à créer un service européen de paiement en ligne sécurisé sur les sites Internet commerciaux. La commune de Hesperange est notre partenaire dans cette démarche, comme Niederanven l’est pour Digicash.
Pourquoi avoir retenu Digicash plutôt qu’une autre solution de paiement? Quels sont ses avantages?
Le premier élément qui nous a séduit est que Digicash est un produit qui n’exige ni un prépaiement, ni la constitution d’un compte spécialement dédié aux débits via mobile banking. Digicash se base sur le compte courant du client, ce qui lui permet de ne rien changer à ses habitudes et de se servir de ce nouveau service dans le cadre de la relation de confiance qu’il a établie avec sa banque. Le client connaît les principes sécuritaires que nous appliquons, notamment en ce qui concerne le package S-net que nous offrons depuis plus de 15 ans et qui a certainement déjà fait ses preuves en la matière.
Digicash est, en outre, un système convivial et simple d’utilisation, aussi bien pour le client que pour le commerçant ou la commune qui le propose.
D’autre part, étant donné l’étendue limitée de notre pays, nous n’avons pas la masse critique sur laquelle d’autres communautés peuvent s’appuyer. Il est donc important que les frais de démarrage ne soient pas trop lourds. Pour Digicash aussi bien que pour MengBank, nous avons pu nous référer à nos développements antérieurs, ce qui nous a permis de rester à un niveau d’investissement modéré.
La BCEE est jusqu’à présent la seule banque à offrir Digicash à ses clients. Pour atteindre la masse critique dont vous parlez, n’aurait-il pas été intéressant de vous unir à d’autres banques?
La Commission européenne exige que les solutions nouvellement développées ne soient pas imposées par une majorité d’acteurs détenant une position dominante, par exemple des banques qui se seraient associées, pour éviter qu’il y ait un frein à la concurrence. Néanmoins, le système que nous proposons à notre clientèle est résolument ouvert. Chaque banque est donc libre de l’adopter à son tour et de proposer Digicash à sa propre clientèle. Nous avons d’ailleurs informé nos collègues banquiers de nos projets dès leur conception, début 2012.
Quel succès cette solution rencontre-t-elle auprès de vos clients?
Digicash est sorti en novembre 2012, nous n’avons donc pas beaucoup de recul. De plus, la campagne promotionnelle ne démarrera qu’au deuxième trimestre de cette année. Je peux néanmoins vous dire que nous avons d’ores et déjà enregistré environ 12.000 téléchargements et 5.500 activations de cette application, ce qui dépasse nos attentes!
Pour quels types d’achats est-elle utilisée?
Il y a actuellement environ 180 points de vente où nos clients peuvent utiliser Digicash. Il s’agit de commerces, de restaurants, de stations-service, de chaînes de magasins d’ONG ou encore de sites Internet. On peut citer les supermarchés Cora, le supermarché en ligne Luxcaddy, l’agence de voyage Sales-Lentz, LALUX-Assurances qui proposent l’utilisation de Digicash pour le règlement de factures ou encore les P&T pour la vente de timbres ou d’autres produits.
Quels montants peut-on régler avec Digicash?
Digicash se prête parfaitement bien au règlement des dépenses courantes, comme aux montants élevés ou aux paiements à faible montant. Les paiements sont actuellement plafonnés à 2.500 euros par semaine, ce qui est relativement élevé.
Dans la pratique, comment se passe un paiement avec Digicash?
J’ai personnellement utilisé ce système dans une station essence, un restaurant et pour payer une facture. Cela a pris moins de dix secondes: je n’ai eu qu’à scanner le QR Code, valider le montant affiché, entrer mon code d’identification et la transaction a été jouée. J’ai immédiatement pu avoir accès à mon historique, visualiser les montants, dates, lieux et bénéficiaires des transactions effectuées. Le bénéficiaire, de son côté, peut lui aussi consulter son historique et obtenir une confirmation de paiement.
Pour que le succès se confirme, il faut non seulement que la solution rencontre l’intérêt des utilisateurs, mais aussi celui d’un nombre suffisant de commerçants. Quels arguments pourriez-vous leur donner pour les inciter à accepter ce nouveau mode de paiement?
Proposer le paiement via Digicash, c’est avant tout répondre à la demande des clients en termes de mobile banking. Cela demande un investissement minime: il ne s’agit en général ni plus ni moins que d’une migration du logiciel de gestion existant. Du point de vue de la tarification, cette solution, qui est sans frais pour le client, se situe plutôt au niveau des cartes de débit que des cartes de crédit pour le commerçant. Enfin, le volet électronique permet de réduire la manipulation d’espèces, avec tous les avatars que cette dernière comporte.
Quel est l’avenir du mobile banking selon vous? Pourrait-il, à terme, détrôner les moyens de paiement courants?
Nous sommes confiants et pensons que les solutions de mobile banking connaîtront une éclosion progressive et entreront à n’en pas douter dans les habitudes de paiement de nos clients, mais elles ne constituent pas l’unique alternative à promouvoir. Il restera toujours un ‘mix’ de moyens de paiement, que ce soit sous forme de cartes, de prépayé, de mobile banking ou même de NFC (Near Field Communication) c’est-à-dire de lecture à distance (concrètement, vous passez près d’une borne et vous êtes enregistrés automatiquement). Dans ce dernier cas, nous estimons que nous n’avons pas encore atteint le degré de sécurisation nécessaire et qu’il y a encore une maturité à atteindre au niveau de la standardisation.