Construire une maison passive, c’est maintenant!

Dès janvier 2017, toute nouvelle construction devra respecter les exigences des classes AAA. Pour bénéficier des subventions les plus avantageuses, il faut se lancer dès à présent. Comment faire les bons choix et négocier au mieux ce virage? Réponse avec Sophie Brouwers, gérante technique, thermographe certifiée ITC et Jamie Ferris, responsable marketing et communication, tous deux chez CLK Home.

Quelles sont les caractéristiques d’une maison passive?

S.B.: Pour qu’une maison soit passive, elle doit avoir un excellent niveau d’isolation, des vitrages et des châssis de fenêtres performants, une ventilation mécanique contrôlée avec récupération de chaleur qui apporte de l’air sain et une bonne résolution des ponts thermiques, le but étant d’éviter que l’isolation soit discontinue au niveau des différentes jonctions. Enfin, elle doit être étanche à l’air. Les prises électriques et les menuiseries sont les points les plus délicats en la matière. Une maison passive, c’est donc à la fois une question de matériel et de mise en œuvre.

Quelle est la différence entre une maison basse énergie et une maison passive?

S.B.: La logique est la même: dans les deux cas, on a une ventilation mécanique contrôlée avec récupération de chaleur, mais l’étanchéité et l’isolation sont meilleures dans une maison passive. Vu la différence de prix et la différence de subsides, il devient très intéressant d’opter pour une maison passive.

Justement, une des idées reçues attachées aux maisons passives est qu’elles coûtent cher à la construction…

S.B.: Oui, mais on y gagne chaque année puisqu’une maison de ce type consomme encore deux fois moins d’énergie qu'une basse énergie et dix fois moins qu'une classe G ou H, et que le prix des énergies ne cesse d’augmenter. Le fait qu’elle soit passive constitue, par ailleurs, une plus-value au moment de sa revente.

J.F.: On peut récupérer une partie de son investissement sous forme de primes étatiques. On bénéficie aujourd’hui d’une prime de 160 euros par m2, plafonnée à 150 m2, soit jusqu'à 24.000 euros! Cette prime tombera à 70 euros dès 2015. Autrement dit, c’est le moment de construire une maison passive!

Une autre réticence qui existe à l’encontre de ce type de maison est l’angoisse de devoir vivre enfermé, qu’avez-vous à y répondre?
 

S.B.: Les habitations sont en général mal aérées, car nous avons tendance à vouloir conserver la chaleur à l’intérieur. Dans une maison passive, la ventilation apporte de l’air renouvelé en continu, le climat est donc plus sain et plus agréable que dans une maison traditionnelle. A partir du moment où il fait bon dehors, on peut ouvrir les fenêtres sans souci.

Et si la ventilation tombe en panne?

S.B.:La ventilation tournant en permanence, on a l’habitude d’avoir une qualité d’air élevée donc, dès que le système s’arrête, on le ressent. Dans ce cas, il suffit d’ouvrir les fenêtres. Il n’y a pas plus de risque d’être étouffé dans une maison passive que dans une maison normale lorsqu'il n'y a pas de vent extérieur qui aère naturellement la maison. De plus, il y a toujours des espaces ou des grilles sur les portes pour que l’air circule d’une pièce à l’autre.

Une isolation trop importante n’empêche-t-elle pas les murs de respirer, avec de la condensation et des moisissures à la clé?

S.B.: Ce n’est pas la fonction première d’un mur que de respirer. Une infime partie de la vapeur d’eau peut en effet passer au travers du mur, mais la majeure partie est évacuée très rapidement par la ventilation. Si on a une bonne résolution des ponts thermiques, la différence de température entre le mur et l’air intérieur est faible, donc les risques de condensation le sont aussi. Je mesure régulièrement l’humidité dans différents types d’habitations: c’est dans les maisons passives et basse énergie qu’on relève les meilleurs taux d’humidité, plus bas que dans les maisons classiques mal ventilées ou les taux sont trop élevés. Pour la santé, on recommande un taux de 30 à 50%.

Ne risque-t-on pas, à l’inverse, d’avoir une maison trop sèche?

S.B.: Cela peut arriver. On peut parer à ce risque en installant une VMC qui échange non seulement la chaleur mais aussi l’humidité, ou simplement un humidificateur.

Comment peut-on éviter de souffrir de la chaleur dans une maison passive pendant les périodes de fort ensoleillement?

S.B.: Il faut prendre cette problématique en considération dès la conception: installer des stores ou des ombrages en fonction de l’orientation du bâtiment, prévoir un système de ventilation dont l’échangeur se coupe automatiquement la nuit pour permettre à l’air frais de pénétrer dans la maison pour la refroidir. Par ailleurs, dans nos régions, nous bâtissons plutôt des maisons en béton, qui ont une bonne inertie thermique et qui se réchauffent moins vite, à isolation égale, qu’une construction en bois.

J.F.: Pour tirer le maximum de ses investissements, on peut également avoir recours à la domotique pour prévoir, par exemple, des volets qui se ferment automatiquement en fonction du taux d’ensoleillement qu’on soit présent ou absent, ou encore une ventilation et une installation de chauffage gérables à distance. La domotique est un plus, mais même sans cela, une maison passive offre un confort de vie très élevé.

Pour améliorer les performances énergétiques d’une maison, il est recommandé d’être particulièrement attentif au choix des fenêtres. L’accent est souvent mis sur le triple voire le quadruple vitrage, mais qu’en est-il du châssis?

S.B.: Le châssis de fenêtre est un élément déterminant dans la construction, surtout au niveau passif. Pourtant, il est souvent négligé au profit du vitrage. Pourtant, c'est lui qui constitue le point faible de la fenêtre, il serait préférable du point de vue de l’isolation, d’avoir un bon châssis et un bon vitrage qu’un châssis moyen et un excellent vitrage. Il est vrai qu’un châssis de qualité coûte un peu plus cher qu’un très bon vitrage, mais cet investissement sera compensé par les économies d’énergie réalisées. J’ajouterais qu’un excellent vitrage ne laissera certes pas pénétrer le froid, mais il ne laissera pas non plus entrer les rayons du soleil, et la maison se réchauffera moins facilement.

Est-ce qu’il y a un matériau de prédilection pour le châssis?

S.B.: Les châssis en PVC ont un rapport qualité/prix intéressant et un bon rendement, puisqu’on peut facilement y injecter des matériaux isolants et que le PVC, en soi, n’est pas conducteur. Si on recherche une qualité supérieure ou si on a besoin de grands châssis qui doivent offrir une forte résistance, il faut plutôt se tourner vers de l’alu-bois: l’alu, à l’extérieur, résiste aux intempéries et est facile d’entretien ; le bois, à l’intérieur, joue le rôle d’isolant. Mais là encore, la mise en œuvre est tout aussi importante que la valeur d’isolation du châssis. Il ne sert à rien d’avoir un excellent châssis s’il est mal monté, le froid passera alors par le mur plutôt que par le châssis.

Comment peut-on avoir l’assurance que la mise en œuvre a été réalisée dans les règles de l’art et se prémunir de mauvaises surprises une fois le chantier achevé?

J.F.: Chez CLK Home, nous regroupons tous les corps de métier, ce qui nous permet d’assurer le suivi du chantier à chaque étape, de former et d’informer chaque ouvrier. Pour que la maison livrée réponde bien aux exigences fixées par la législation, nous réalisons des tests d’étanchéité tout au long de la construction, ce qui nous permet de garantir la qualité. De plus, nous venons tout juste d’obtenir le tout nouveau label ‘Energie fir d’Zukunft +’ de la Chambre des Métiers qui nous consacre ‘Artisan Certifié Maison Passive’.

S.B.: Ce qui fait également notre force, c’est que nous travaillons en étroite collaboration avec les architectes, avec qui la communication se fait dans les deux sens. Nous ne faisons pas qu’exécuter, nous conseillons également nos clients.

 

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