Passeports énergétiques: attention aux pièges!

Si les précédentes annonces au sujet de l’échéancier grand-ducal vers les maisons passives ne mentionnaient que les maisons à bâtir, Etienne Schneider, ministre de l’Economie, a précisé certains points quant aux logements déjà existants, en imposant notamment la publication de la classe énergétique lors des mises en ventes ou locations.
Peyman Assassi, gérant du Bureau d’Expertise Peyman Assassi, redéfinit ces classes énergétiques et livre quelques conseils d’experts lors de l’acquisition d’un bien.
 

Avec l’arrivée de l’échéancier grand-ducal sont apparus les termes bâtiments “passifs“ (classe A) et “basse énergie “ (classe B). Quelles sont les différences exactes entre ces deux types de constructions?

Les différences entre ces deux types résident dans l’épaisseur et la performance des isolations au niveau des murs extérieurs, des dalles contre les espaces non chauffés, des toitures, des types et performances Ug et Uf des fenêtres (ndlr: valeurs U des éléments de l’enveloppe thermique), système de chauffage, étanchéité à l’air ainsi que la compacité du bâtiment.
Pour les maisons passives, une performance plus poussée des éléments précités est requise.

Cependant, pour l’un comme pour l’autre, il faut respecter trois critères pour décorer le bâtiment du label “bâtiment passif “.

Le premier concerne les indices de performance — besoin spécifique d’énergie primaire Qp [kWh/m2 a]; besoin spécifique de chaleur de chauffage qH [kWh/m2 a]; émissions spécifiques de CO2 [kg CO2/m2 a] — qui doivent tous se situer dans la classe A ou B du type de maison concernée (ndlr: maison individuelle ou maison à appartements).

Le second critère impose l’installation d’une ventilation contrôlée avec système de récupération de chaleur.

Enfin, un test d’étanchéité à l’air doit être réalisé pour une différence de pression de 50 Pa entre l’intérieur et l’extérieur du bien immobilier. L’échange d’air sous ces conditions doit rester inférieur à 1,0 1/h pour les maisons “basse énergie“ et 0,6 1/h pour les maisons “passives“.

 

On le voit, les exigences se durcissent donc au niveau de la construction. Cela signifie-t-il que les demandes d'expertises deviendront obsolètes?

Non, car il y aura toujours des rénovations de bâtiments de tout type à effectuer, et, lors de ces rénovations, le souci d’économies d’énergie est mis en avant par et pour les particuliers.

Il faudra donc toujours faire appel à un expert spécialisé afin d’évaluer les mesures nécessaires et efficaces dans la lutte contre le gaspillage d’énergie.

De plus, toutes les constructions ne seront pas parfaites. Nos expertises sont donc aussi très utiles pour déceler les erreurs et autres vices de constructions.

 

Quelles malfaçons ou vices de constructions constatez-vous le plus souvent lors de ces demandes d’expertises?

Les nœuds constructifs sont en général sources de problèmes au niveau énergétique car ils demandent une attention toute particulière.

Parmi les principaux vices auxquels il faut minutieusement veiller, on retrouve les raccords entre les toitures et les dalles, les toitures et les murs, les murs et les dalles, les murs et les châssis des fenêtres ainsi qu’entre les panneaux isolants recouvrant l’enveloppe thermique.

Il ne faut pas non plus ignorer l’étanchéité à l’air, les portes menant vers les espaces non chauffés, le mauvais calcul de la pulsion et l’extraction des flux d’air ainsi que l’extraction d’air dans les mauvais locaux ou encore une enveloppe étanche non conforme au niveau des toitures.

En termes de malfaçons, nous voyons souvent des poses non conformes d’isolations et de mauvais réglages des fenêtres.

Prêter attention à toutes ces choses permet d’améliorer sensiblement le niveau de confort de l’habitation et d’éviter les petits visiteurs indésirables nommés “mesdames et messieurs les moisissures“, s’y sentant à l’aise comme une poule dans le poulailler.

 

A quoi conseillez-vous de porter le plus attention lors de l’achat ou de la location d’un bâtiment déjà existant et dit “basse énergie“ ou “passif“?

Avant de signer un bail ou un acte de vente, il est indispensable d’analyser en premier lieu le passeport énergétique du bien immobilier. Il faut, pour cela, se poser les bonnes questions.
L’immeuble a-t-il bien été construit avec les matériaux/isolants de l’enveloppe thermique repris dans les fiches de calcul du certificat de performance énergétique?
Un certificat d’étanchéité à l’air correspondant à la catégorie visée a-t-il été délivré pour l’objet?
Ou encore, le promoteur a-t-il déjà effectué les demandes de subventions, pour son propre compte, relatives à la catégorie de l’objet? Ce teste a-t-il bien été effectué selon le règlement grand-ducal?

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