Le philanthrope

Passionné par les rapports humains, le leitmotiv de toute sa carrière professionnelle mais également des nombreuses initiatives dont il est l’instigateur, Raymond Schadeck prétend vouloir lever le pied aujourd’hui pour se consacrer davantage à sa famille et à l’aide humanitaire. Portrait.
 

Né en 1955 d’un père menuisier, Raymond Schadeck coule une enfance heureuse et très active à Hesperange. S’il est membre de tous les clubs, comme il se plaît à le dire, c’est parce qu’il ne supporte pas l’idée de s’ennuyer ou de passer à côté de quelque chose, une facette de son tempérament qui l’accompagnera toute sa vie.
Sa mère ira jusqu’à lui dire un jour : «Tu as toujours eu peur que quelque chose se passe sans que tu y sois invité».
C’est toutefois au football qu’il sera le plus assidu, activité qu’il pratiquera au niveau national jusqu’à ses dix-huit ans.

Après avoir empoché son baccalauréat au lycée Michel Rodange, Raymond Schadeck part étudier à Strasbourg à l’Université Louis Pasteur en 1975 où il décroche une Maîtrise en sciences économiques puis une Licence de droit. Il gardera un très bon souvenir de cette ville «splendide» où il aura aimé rester même les week-ends.

Il revient sur sa terre d’origine en 1981 et entre directement dans le prestigieux cabinet d’audit et de conseil Arthur Andersen Luxembourg  le 18 août de cette année là, se souvient-il exactement, cabinet auquel il restera fidèle 29 ans «avec le seul bémol qu’en 2002 Arthur Andersen a rejoint Ernst & Young, avec l’éclatement de l’affaire Enron» déplore-t-il.

«Nous étions deux au cabinet Arthur & Anderson avec une secrétaire, et j’ai quitté vingt neuf ans plus tard un réseau qui employait 920 personnes. Cela m’a permis de me hisser très tôt à des postes à responsabilité», explique Raymond Schadeck, qui se plaît à répéter régulièrement qu’il estime avoir eu la chance de ne jamais avoir connu de crise et d’être entré sur le marché du travail au moment où s’achève la crise de l’acier, la dernière en date, et où débute le boom de l’industrie financière.
«Outre la croissance énorme qu’a connu le cabinet, ce qui m’aura captivé dans ce travail, c’est le contact direct avec le client. Le back office, ce n’est pas pour moi. C’est également là que j’ai pris goût à travailler, à me rapprocher de la jeunesse, la moyenne d’âge dans ce type de structures étant très jeune», ajoute l’actuel président du Conseil d’administration de Luxexpo.

Dès 2002, Raymond Schadeck devient directeur financier d’Ernst & Young Europe de l’Ouest, poste qu’il conservera jusqu’en 2006 où il est élu à la direction générale de la filiale luxembourgeoise du groupe. Il n’y restera finalement que trois ans et demi : «J’ai réalisé que cela faisait trente ans que j’exerçais le même métier, et qu’il était temps que je passe à autre chose, que je lève le pied», affirme-t-il.

Il devient en juillet 2010 président du conseil d’administration de Luxexpo, et accepte certains autres postes d’administrateurs indépendant ,une activité qui lui laisse le temps pourtant  de se consacrer davantage aux nombreuses activités professionnelles ou «para-professionnelles» qu’il exerce.

Et celles-ci ne manquent pas, au grand dam de sa femme qui le trouve toujours aussi absent que par le passé à la maison : membre des comités d’administration de la Fedil, de la Chambre de commerce luxembourgeoise, de l’Institut Luxembourgeois des Administrateurs, du Conseil Supérieur pour un Développement durable, Raymond Schadeck a fort à faire… et ce n’est que la face visible de l’iceberg.

«Je viens de créer une nouvelle fondation, FOCAL, dont je suis le président, qui a pour mission d’investir dans l’avenir du pays en soutenant la valorisation des produits de la recherche», se félicite Raymond Schadeck.

A la question «Pourquoi ne vous-êtes vous pas lancé en politique?», Raymond Schadeck nous confie sans hésitation qu’il estime être beaucoup plus utile aux arrière-postes que sur le devant de la scène, apportant régulièrement gracieusement ses lumières aux politiques.

Très engagé dans le monde associatif, l’ex-directeur général d’Ernst & Young Luxembourg est aussi administrateur-délégué de la fondation du Forum des Civilisations, qui a pour vocation d’animer le débat interculturel et intercivilisationnel au Grand-Duché. Il est également vice-président de l’EPI Association Luxembourgeoise pour Encouragement, Promotion et Intégration de jeunes et jeunes adultes en détresse.

Et lorsqu’on lui demande s’il reste toujours aussi confiant quant à l’avenir du pays, il s’empresse de souligner que ce qui importe avant tout, c’est de «retrouver des valeurs de base» dans nos sociétés, à savoir la solidarité citoyenne, mais qu’il est né optimiste et le reste.

Il est également membre du célèbre Rotary Club, soutient activement le club de basketball de Mondorf-les-Bains.

Citoyen du monde, industrieux et quelque peu baroudeur, Raymond Schadeck n’hésite pas à se lancer dans de folles équipées à l’instar de sa villégiature avec son fils dans un temple bouddhiste en Thaïlande l’année passée : «Les cheveux et les sourcils rasés, nous avons fait la manche le matin avec notre bol de riz pendant un mois. Je me suis dit que c’était le moment idéal dans ma carrière pour faire le point. J’y ai ‘ramené’ des projets sociaux, entre autres un projet de financement d’une école pour les enfants des réfugiés birmans en Thaïlande», nous raconte-t-il, toujours fasciné par l’expérience qu’il a vécue.  PhR

Lire sur le même sujet: