La norme ou l’état de l’art

On parle peu de normalisation. Il nous semble aller de soi que des produits et services répondent à nos attentes. Mais lorsque les normes font défaut, nous ne tardons pas à le constater. Qu’est-ce qu’une norme ? Quels sont les enjeux qu’elle représente? Les réponses avec Jean-Marie Reiff, directeur de l’Institut luxembourgeois de la normalisation, de l’accréditation, de la sécurité et qualité des produits et services (ILNAS).
 

Tout d’abord Monsieur Reiff, qu’est-ce qu’une «norme»?

On peut définir une norme comme un ensemble de règles communes relatives aux caractéristiques d’un produit ou service et à son mode de fabrication et de commercialisation.
Définie par le marché sur base volontaire et consensuelle au sein d’organismes de normalisation , une norme est reconnue à l’échelle nationale ou internationale, ce qui permet d’établir un référentiel commun et documenté qui a pour objectif d’harmoniser l’activité d’un secteur.
Une norme est en fait tout simplement l’état de l’art dans un secteur bien spécifique, sachant que le processus est continu.
 

 

L’ILNAS, Organisme luxembourgeois de normalisation pilote et coordonne la stratégie normative luxembourgeoise 2010-2020. Pourquoi ce renforcement de la normalisation au Luxembourg ?

L’origine de cette stratégie remonte au programme gouvernemental 2009-2014 dans lequel la normalisation est considérée comme un domaine important à développer. La stratégie 20/20 de l’Union européenne consacre également une place de choix à la normalisation.

La stratégie normative luxembourgeoise 2010-2020 se base sur une approche économique sectorielle et selon les besoins définis par le marché. Je pense là par exemple aux secteurs des technologies de l’information et de la communication, de la construction, de l’énergie, des technologies bio-médicales qui ont clairement identifié des besoins sur lesquels nous nous penchons.
Il est essentiel pour nos entreprises d’avoir une longueur d’avance sur la mise en œuvre de nouvelles normes pour ne pas accuser de retard, quelque chose qui peut s’avérer extrêmement préjudiciable. Imaginez un client qui n’accepte pas votre produit ou service par ce que lui ou un de ses fournisseurs exige les dernières normes en vigueur dans le domaine pour le produit ou le service en question… Il nous incombe de nous informer et de les tenir informés.

 

L’ILNAS est un organisme public. On sait pourtant que dans nombre de pays, les organismes de normalisation et d’accréditation relèvent du secteur privé à l’instar de l’AFNOR en France ou du Deutsches Institut für Normung, en Allemagne. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Contrairement à un certain nombre de pays dans lesquels la normalisation est gérée par le secteur privé, effectivement, cela n’est pas imaginable dans un pays de la taille du Luxembourg où les revenus ne suffiraient pas à faire fonctionner un organisme de normalisation. C’est la raison pour laquelle l’Etat s’est doté lui-même d’une structure de ce type.

Il nous faut cependant une certaine flexibilité dans le fonctionnement de la normalisation, comme être libres d’engager des experts indépendamment de leur nationalité, de réaliser des projets de recherche, d’octroyer des contrats à durée déterminée, et pour finir, d’être en mesure de trouver des financements d’autres partenaires. Ainsi, l’Agence pour la Normalisation et l’Économie de la Connaissance (ndlr: ANEC) a été créée sous forme de groupement d’intérêt économique réunissant l’Etat, la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers du Grand-Duché de Luxembourg. A ce titre, nous travaillons très étroitement avec la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers pour l’organisation de conférences et de formations, par exemple.

En résumé, l’ANEC a été créée pour garantir une certaine flexibilité. Cette agence est responsable de l’exécution de la stratégie mise en place par l’ILNAS. Vous retrouvez également ce type de structure en Autriche.

 

En quoi les normes contribuent-elles à atteindre les objectifs liés à une politique énergétique, le sujet même de la conférence d’aujourd’hui ?

Pour répondre à votre question, j’estime que, dans le contexte économique et environnemental actuel, de nombreux défis énergétiques se posent tels que le réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre, la dépendance énergétique ou encore l’épuisement de certaines ressources énergétiques. Dans ce cadre, la normalisation constitue un instrument essentiel. En effet, outre les bases de connaissances et les points de référence qu’elles offrent, les normes correspondent également à des outils de premier choix pour parvenir à atteindre les objectifs fixés par une politique énergétique. Les normes permettent ainsi de soutenir les efforts de l’Etat et des entreprises en matière d’énergie.   PhR

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