L’assurance groupe fait son bout de chemin
Après les boni et les avantages en nature, nombre d’employeurs luxembourgeois se sont également tournés vers de nouveaux produits très intéressants d’un point de vue fiscal pour leurs employés, l’assurance de groupe. Les explications avec Tony Ewen, responsable Relation Management de Bâloise.
Tout d’abord Tony Ewen, qu’est-ce que l’ «assurance de groupe» ?
L’assurance de groupe, également appelé «régime complémentaire de pension», s’adresse uniquement aux entreprises. Il s’agit d’un produit auquel celles-ci peuvent souscrire afin de proposer une couverture supplémentaire à leurs employés – à l’ensemble des employés ou à une catégorie particulière. Cette couverture complète leur salaire et avantages divers et se divise en deux parties. Il y a d’une part la couverture de retraite grâce à laquelle les collaborateurs pourront bénéficier d’une retraite complémentaire, d’autre part la couverture des risques. Cette dernière revêt les volets «décès» et «invalidité» et couvre toute la période pendant laquelle l’employé en question travaille pour la société tant sur le lieu de travail que dans sa vie privée, soit 24h/24 et 7j/7. Dans la majorité des cas, les employeurs optent pour les deux types conjointement.
Dans quel contexte légal s’inscrit ce produit ?
Ce produit s’inscrit dans les trois piliers de la retraite. Le premier pilier est celui de la retraite légale pour laquelle une partie du salaire de chacun d’entre nous est prélevée. Le troisième pilier, prévu dans l’article 111 et 111 bis, concerne les couvertures personnelles supplémentaires. Enfin, le deuxième pilier, celui qui nous intéresse ici, a trait aux assurances dont peut bénéficier une personne physique sur initiative de son employeur.
L’employé qui profite de ce régime peut dès lors également cotiser sur base personnelle dans le cadre de ce produit. En d’autres termes, il peut verser une partie de son salaire qu’il pourra déduire dans sa déclaration d’impôts.
Quel est le véritable intérêt pour les employeurs d’aller dans cette démarche ?
Il y a deux avantages. En premier lieu, l’employeur peut déduire les primes qu’il paie à ses employés ainsi que les taxes et les impôts y relatives dans sa déclaration fiscale en les plaçant dans le poste «dépenses spéciales». En deuxième lieu, il s’agit là d’un bon instrument de fidélisation des employés qui, de nos jours, fait souvent partie du package des avantages en nature au même titre qu’un véhicule de société ou les chèques repas.
Le produit est-il particulièrement populaire au Luxembourg ?
De plus en plus de sociétés d’assurance proposent ce type de services aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années encore. Les chiffres ont fortement augmenté ces cinq à dix dernières années, et ce, depuis la promulgation de la loi du 8 juin 1999 sur les régimes de pension complémentaires. C’est à partir de 2000 que le produit a commencé à se mettre en place, produit que nous avons été dans les premiers à proposer. Il est vendu tant par nos courtiers que par notre réseau d'agents. Du fait qu'il s'agit d'une matière très spécifique, nos spécialistes accompagnent en général l'intermédiaire si cela s'avère intéressant pour concevoir la couverture optimale. Nous tenons absolument à développer ce créneau, et à cette fin, nous cherchons à fidéliser la clientèle existante de par notre service réactif et flexible qui étudie avec le client toutes les possibilités offertes par la loi pour ce produit très cadré, il faut le dire. Il est par exemple limité à 20% de la masse salariale. Le 31 décembre 2010, nous dénombrions 250 sociétés – preneurs d’assurance – différentes pour ce qui représente 400 plans de pension différents. Quant au nombre d’affiliés sous gestion, il était de 17.989 personnes. Nous nous déplaçons bien évidemment chez nos clients.
Y a-t-il des branches d’activité plus friandes de ce type de produits que d’autres ?
C’est très disparate. Si dans les petites entreprises, le produit est plutôt «réservé» aux dirigeants, l’éventail est bien plus large dans les sociétés de plus grande envergure. Rien d’étonnant dès lors que le secteur tertiaire soit plus représenté et que les personnes actives dans ce secteur soient plus enclines à opter pour ces produits.
D’autre part, il faut souligner que dans le monde des ouvriers, la tendance va généralement plutôt dans la direction de la «consommation immédiate» au détriment de la constitution de réserves, de garanties pour un avenir lointain. Cela dit, nous avons des clients de tous les horizons.