Transition énergétique : la Grande Région dans le vert
Les résultats de la grande enquête « Les dirigeants face aux défis de la transition énergétique » viennent d’être dévoilés et se montrent plutôt encourageants. Entre la croissance progressive des énergies renouvelables et les engagements RSE renforcés, la Grande Région est sur la bonne voie.
Montée de l’intelligence artificielle, climat politique imprévisible et économie instable : dans une période marquée par l’incertitude et les changements, la question de la transition énergétique s’effaçait presque du tableau des grandes préoccupations.
Jusqu’à la mi-septembre, plusieurs entreprises en partenariat, comptant notamment Enerdeal et IMS, ont mené un sondage auprès des entreprises industrielles de la Grande Région. Composé d’une trentaine de questions, le formulaire a été élaboré pour répondre aux grandes interrogations du moment, notamment les priorités des acteurs économiques face à la transition énergétique et les pressions environnementales. Plusieurs thématiques ont été abordées telles que la digitalisation énergétique, le financement et les facteurs externes ou encore la mobilité électrique. L’enquête a été lancée dans la Grande Région francophone et près d’une centaine d’organisations luxembourgeoises, françaises et belges y ont participé.
Des raisons d’être optimiste
Les résultats du sondage ont été perçus comme « très encourageants » par le directeur d’Enerdeal Luxembourg, François Neu. Si seulement un tiers des entreprises interrogées montre des ambitions fortes en matière de consommation énergétique, 70% des participants auraient des objectifs pour réduire leur impact environnemental, peu importe lesquels, et disposeraient d’une feuille de route.
Concernant la transparence des entreprises, l’enquête a révélé que 57% des interrogés réaliseraient des bilans carbone, 43% réaliseraient un rapport annuel RSE, contre 26% qui n’en feraient aucun. La moitié des entreprises interrogées posséderait une certification ISO, qui définit les exigences d’un système de management environnemental ou bien une certification BREEAM, évaluant les performances environnementales des bâtiments.
Sur le plan de la mobilité, 66% des entreprises se seraient tournées vers l’électrique, l’objectif du Luxembourg étant d’atteindre 49% de véhicules électrifiés d’ici 2030.
Un sujet stratégique pour les dirigeants
Le taux d’entreprises se mettant au vert est bien en hausse, mais les motivations varient. L’enquête a révélé que la pression des sociétés à adopter des pratiques environnementales provenait principalement de facteurs externes : près de 45% des interrogés auraient avoué ressentir une pression de la part de leurs clients et usagers sur le plan environnemental.
De plus, 77% des interrogés estiment qu’avoir une démarche et des engagements écologiques peut avoir un impact sur leur activité commerciale. À la question des sujets prioritaires pour leur entreprise sur le plan énergétique, 23% ont répondu que leur motivation principale était leur image ou la RSE. Près de 15% des interrogés auraient également déjà installé des sources de production d’énergie renouvelable dans leur entreprise pour améliorer leur image.
Une stratégie RSE bien menée pourrait, en effet, différencier les marques entre elles et fidéliser les clients. Un point que souligne Frank Thomé, membre du directoire de Ceratizit, société pionnière sur le marché du carbure : « nous sommes convaincus qu’on réussit à fidéliser beaucoup de client de cette manière ». En 2025, Ceratizit a atteint les 35% de réduction de son empreinte carbone et s’est engagée à les réduire de 54% d’ici 2030. L’entreprise est à présent le quatrième plus grand fabricant de carbure au monde.
Vers une adoption progressive des énergies renouvelables
« Le Luxembourg doit viser une couverture à 100% de la consommation finale d’énergie à partir de sources d’énergies renouvelables », annonçait le gouvernement luxembourgeois il y a moins d’un an. Après la présentation des résultats, les entreprises partenaires de l’enquête estiment que les renouvelables sont encore « sous exploités ».
« Si nous arrivons à mieux gérer les énergies renouvelables, une fois que les installations comme les éoliennes seront dépréciées et que nous devenons plus efficaces, ce serait notre seule issue, car tant que nous sommes à la merci des autres et que nous devons acheter du pétrole, nous restons vulnérables », affirme Frank Thomé.
Dans son plan national intégré pour l’énergie et le climat (PNEC) 2021-2030, le Luxembourg s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre les 25% d’utilisation d’énergies renouvelables. Selon l’enquête, près de 40% des sondés auraient installé des sources de production d’énergie renouvelable dans leur entreprise afin de réduire leurs coûts, contre 35% qui l’auraient fait pour réduire leurs émissions de CO2.
Le sondage souligne l’évolution progressive des habitudes des entreprises de la Grande Région en matière d’énergies renouvelables, mais la perspective d’une hausse prochaine du prix des ressources pourrait encore accélérer le mouvement : près de 75% des interrogés ont affirmé penser que le prix de l’énergie augmentera, un tiers est même très pessimiste sur la question. Plus de la moitié des entreprises interrogées ont annoncé qu’elles seraient « à risques » si son prix augmentait de plus de 50%.
Il revient désormais aux entreprises d’anticiper la hausse du prix de l’énergie, en diversifiant leurs sources, en renforçant leur transparence, afin de s’adapter au mieux à une région déjà en transition.
Par Léa Behnous