Päiperléck : innover sans déshumaniser
Moderniser l’accès au soin des personnes âgées sans négliger l’accompagnement humain, c’est le pari de Päiperléck, acteur majeur de l’aide et du soin au Luxembourg. Entretien avec Isabelle Hein, directrice générale de soins et Audrey Cornelles, responsable du service admissions et communication.
À l’heure où les innovations technologiques et l’intelligence artificielle s’invitent dans tous les secteurs, l’entreprise emprunte un parcours singulier : celui d’une structure tournée vers l’évolution et les nouvelles technologies, toujours soucieuse de la qualité relationnelle.
La technologie au service de la santé
« Bluffant », c’est le terme employé par Audrey Cornelles, la responsable du service admissions et communication de Päiperléck, pour désigner les nouveaux projets technologiques mis en place par l’entreprise. Depuis plusieurs années maintenant, les équipes de Päiperléck expérimentent plusieurs concepts innovants afin d’alléger le travail des soignants, tout en continuant d’améliorer la qualité de vie des patients. C’est l’exemple des couches connectées, dont l’entreprise explique avoir testé ses premiers exemplaires au cours des dernières semaines.
« Ce genre de progrès évite plusieurs manutentions inutiles aussi bien pour le client, que pour le soignant. C’est un petit exemple mais cela montre ce que nous pouvons mettre en place grâce à l’innovation pour amener du confort de tous les côtés », explique Isabelle Hein.
Le but est vraiment de mettre la personne de nouveau au centre de la préoccupation
Une autre initiative prometteuse : le développement de téléphones équipés d’intelligence artificielle, sur lesquels Päiperléck a expliqué être également encore en phase de tests. Initialement conçus pour accompagner les personnes atteintes d’Alzheimer, ces outils conversationnels offrent une compagnie constante aux utilisateurs isolés. Les équipes travaillent désormais à intégrer le luxembourgeois à ces appareils.
« Le soignant est irremplaçable. Mais nous pouvons le soulager et combler des failles existantes, qui, aujourd’hui ne le sont pas », admet Audrey Cornelles la responsable du service admissions.
Grâce à l’intelligence artificielle, Päiperléck explique avoir pu mettre à jour le pôle administratif. « Il y a de plus en plus d’administratif dont les soignants doivent s’occuper. Avant, le cœur du métier des soignants, c’était simplement d’être au chevet du patient, maintenant il y a toute une partie administrative qui décentralise cela », explique Isabelle Hein.
Les équipes peuvent consacrer plus de temps et d’attention aux patients. Un détail qui améliore grandement la qualité des soins et des relations humaines et permet de simplifier les procédures pour apporter une aide significative au personnel, tout en allégeant sa charge mentale.
« Nous n’en sommes pas encore au point d’avoir des robots qui vont faire les soins chez les patients, mais nous sommes favorables à ces changements qui apportent une plus-value dans la qualité et la sécurité de la personne âgée », raconte la directrice de soins.
Réinventer l’accompagnement à travers le Projet de Vie Personnalisé
Si les avancées technologiques occupent une place considérable dans le développement de la maison de soins, l’accompagnement humain reste primordial chez Päiperléck. « Le but est vraiment de mettre la personne de nouveau au centre de la préoccupation », explique Isabelle Hein.
C’est dans cet esprit qu’a été pensé le Projet de Vie Personnalisé : mis en place avec chaque résident, le PVP est réalisé par le personnel pour mieux orienter le soin de chaque patient. Les équipes en charge du suivi prennent le temps d’établir un plan de vie pour chaque résident, qui comprend ses centres d’intérêt, ses habitudes quotidiennes, mais aussi ses envies pour l’avenir.
« Nous avons organisé un vol en montgolfière. Certaines personnes voulaient aller voir un match de foot du FC Metz avec leurs petits-enfants, on a eu un concert de ABBA… Mais finalement, ce sont des choses comme celles-ci qui apportent de la joie et de la motivation », raconte Isabelle Hein.
Avec le PVP, Päiperléck s’engage à mobiliser tous les outils nécessaires pour permettre à ses patients de s’épanouir dans un quotidien qui leur ressemble, en respectant leurs choix et leur vision, à leur rythme.
« Recentrer le patient »
Sur tous ces changements innovants et cette volonté de créer un parcours de soin plus humain, repose une philosophie précise : l’Humanitude. Un concept qui met en avant la personne avant la pathologie et rappelle que la dignité et les besoins du patient doivent primer sur les contraintes organisationnelles des soignants.
« Ça ne doit pas devenir un soin à l’acte, mais c’est un soin au besoin du patient. Est-ce qu’on a posé la question aux patients de savoir s’ils voulaient vraiment se lever à six heures ? Cela vise à organiser notre travail autour de leur volonté. Ce n’est pas aux patients de s’adapter à notre travail, mais l’inverse », affirme Isabelle Hein.
De ce point de vue, la santé mentale prend une place presque équivalente à la forme physique. « Je pense que chez les personnes âgées, le moral vaut parfois plus qu’un diagnostic négatif du médecin », affirme Isabelle Hein.
Le soignant est irremplaçable. Mais nous pouvons le soulager et combler des failles existantes, qui, aujourd’hui ne sont pas comblées
À l’ajout de cela, Päiperléck pourrait continuer de jouer un rôle moteur dans le développement du Case Management au Luxembourg. Le Case Manager organise le suivi des patients hospitalisés afin d’assurer un retour à domicile ou en résidence dans de bonnes conditions. Le but étant de coordonner différents services autour du patient, notamment lors de sorties hospitalières, afin de garantir un suivi fluide et adapté au domicile. Ce mode de fonctionnement facilite alors la prévention des hospitalisations, améliore la communication et la qualité des prises en charge, tout en offrant un support pour les responsables et leurs équipes.
Päiperléck continuera alors dans sa lancée pour tester de nouveaux projets qui amélioreront la qualité de vie de ses bénéficiaires, et la qualité de travail de son personnel. La structure a annoncé qu’elle commencera des soins à domicile adressés à l’enfance dès le premier novembre 2025.