Il ne s’agit pas simplement de construire plus, mais construire mieux
Alors que la pression sur le marché immobilier luxembourgeois ne faiblit pas, le Fonds du Logement poursuit son engagement à construire des logements abordables et durables. Son directeur, Jacques Vandivinit, revient sur les missions de l’établissement, les projets phares en cours et les défis à relever pour répondre à une demande toujours plus forte.
L’accès au logement est au cœur des préoccupations nationales. Quelle est la mission fondamentale du Fonds du Logement aujourd’hui ?
Notre rôle est clair : contribuer activement au développement de logements abordables. Le but n’est pas seulement de permettre d’accéder à un toit, mais d’offrir un cadre de vie durable, décent et adapté aux besoins de chacun. Nos projets sont pensés comme de véritables quartiers de vie, à différentes échelles, pour favoriser l’inclusion et la qualité de vie. L’objectif est également d’assurer la bonne mixité fonctionnelle et sociale partout où nous développons des projets.
La demande en logements abordables dépasse largement l’offre actuelle. Comment le Fonds du Logement fait-il face à cette situation ?
C’est l’un des défis majeurs que nous devons relever. Nous faisons face à une demande grandissante, très supérieure à ce que nous pourrions mettre seuls sur le marché. En 2024, plus de 6.000 ménages (candidats-locataires) étaient en attente d’un logement, alors que notre parc en compte un peu plus de 2.300. Ce déséquilibre s’est aggravé avec l’évolution des prix de l’immobilier et le manque de logements abordables à louer sur le marché privé.
Aujourd’hui, même des ménages de la classe moyenne rencontrent des difficultés pour se loger. C’est là que le Fonds peut, veut et va jouer un rôle plus important dans le futur. Ces prochaines années, nous entendons ainsi renforcer notre action, en développant ce que l’on pourrait appeler une offre de logements « intermédiaires » accessibles à une plus large frange de la population.
Concrètement, comment cela se traduit-il ?
Nous développons une grande variété de projets, aussi bien en matière de taille que de typologie, répartis sur l’ensemble du territoire. Cela va de petites constructions insérées dans le tissu urbain aux vastes projets de reconversion de friches industrielles. Pour répondre à la demande, nous avons lancé un plan de développement ambitieux visant à construire près de 5.000 logements supplémentaires d’ici 20 ans.
Notre priorité reste la même : répondre à la demande croissante en logements abordables, tout en garantissant qualité, durabilité et inclusion sociale
Pour y arriver, nous misons sur des projets de grande envergure, comme ceux de « Wunne mat der Wooltz » à Wiltz ou « NeiSchmelz » à Dudelange. Nous collaborons par ailleurs étroitement avec l’État, notamment à travers des programmes en partenariat public-privé (PPP) et l’acquisition de logements en VEFA (vente en état futur d’achèvement), pour augmenter plus rapidement l’offre de logements abordables, accessibles à plus de classes sociales éligibles. Notre objectif ne se limite cependant pas à construire plus, mais de développer, gérer et construire mieux, en créant de véritables quartiers de vie, pensés pour favoriser la qualité de vie, la mixité et la durabilité.
Justement, comment parvenez-vous à concilier objectifs sociaux et impératifs environnementaux ?
Le développement durable est un pilier central de notre stratégie. Nous développons des projets innovants tant en matière d’économie circulaire, énergie ou technologie, avec pour objectif de concilier qualité de vie et durabilité. Cette ambition se traduit concrètement par des initiatives telles que la valorisation et le réemploi des briques du laminoir à Dudelange, la création de communautés énergétiques locales et nationales, comme à Gonderange, ou encore le traitement et la réutilisation des terres polluées à Wiltz. À la Cité de l’Espérance, nous menons une démarche expérimentale en partenariat avec l’Université du Luxembourg, portant à la fois sur les aspects constructifs et sociaux des logements.
Comment la mixité sociale s’intègre-t-elle aux réalisations du Fonds du Logement ?
La mixité sociale est au cœur de notre approche, car elle contribue à construire des quartiers plus équilibrés et inclusifs. Concrètement, cela signifie que nous veillons à mélanger des profils variés dans un même projet : familles, personnes seules, ménages monoparentaux, jeunes, seniors… mais aussi des personnes aux revenus différents. Cette diversité permet d’éviter les phénomènes de ghettoïsation.
Nous favorisons aussi une combinaison entre logements en location et logements en vente, pour encourager la diversité des statuts et des parcours résidentiels. Pour renforcer cette dynamique, nous intégrons dans nos projets des espaces communs — comme des places et jardins — qui favorisent les échanges et le vivre-ensemble, ainsi que des services de proximité.
Qu’en est-il de la gestion des logements existants ? Le défi n’est-il pas aussi dans l’entretien et la qualité de vie au quotidien ?
Absolument, c’est une nécessité. Chaque année, nous rénovons une centaine de logements afin de les mettre en conformité avec les normes actuelles et les attentes des futurs locataires et ainsi garantir une qualité de vie durable aux locataires. À plus long terme, en parallèle, nous avons l’ambition de faire passer 1.600 logements à la classe énergétique A d’ici 2046. Cela permettrait une réduction pouvant aller jusqu’à 75% des émissions de gaz à effet de serre de notre parc. C’est un objectif ambitieux mais nécessaire, tant pour le climat que pour le confort des locataires.
Et pour les années à venir, quelles sont vos priorités ?
Notre priorité reste la même : répondre à la demande croissante en logements abordables, tout en garantissant qualité, durabilité et inclusion sociale. Cela passera par l’augmentation continue de notre capacité de production, par la rénovation énergétique de notre parc existant, par l’innovation dans les modes de construction et par le renforcement du tissu social dans nos quartiers. Nous voulons rester un acteur public engagé, flexible et dynamique ; et surtout, un partenaire de confiance pour construire le logement abordable et durable de demain, avec un fort impact sociétal.