Bissen concrétise ses projets
Les réflexions initiées en 2019 entrent dans leur ultime phase : leur réalisation. Les chantiers vont matérialiser le « plan directeur » de la commune de Bissen et sa vision à long terme. Avec 2030 pour horizon. La planification ainsi patiemment menée aboutit aujourd’hui à cette restructuration nécessaire pour maîtriser le développement communal et ses besoins. Rencontre avec le bourgmestre, David Viaggi.
La naissance d’une restructuration nécessaire
Dans la gestion d’une commune, il faut s’armer de patience. David Viaggi élabore en 2020 une stratégie pour les structures scolaires et administratives, au moment où « l’atelier communal du service des régies est reconstruit dans la zone industrielle. Il sera achevé en mars 2026. C’est l’un des premiers jalons ». Il considère qu’en 2029, « la majorité des travaux seront terminés. Ils durent toujours en moyenne de 18 à 36 mois ».
David Viaggi a souhaité faire mieux qu’une succession de petites étapes : « on peut reconstruire le précoce, c’est bien mais on doit surtout réfléchir à ce qui va s’imposer par la suite. Nous avons ainsi réalisé une étude pour évaluer le développement scolaire jusqu’en 2050. Au niveau de la population, on peut faire un recensement rétrospectif : 3.000 habitants c’est environ 300 écoliers. 5.000 alors, c’est environ 500 écoliers ».
Après cette étude, le pouvoir exécutif bissenois a donc anticipé les besoins en encadrement scolaire et en infrastructures : « en 2050, si la croissance reste stable, Bissen ne comptera pas moins de 5.000 habitants. Nous savons ainsi que dès 2030, nous devrons fournir des efforts concernant la maison relais. Déjà, je suis en négociation pour acheter les terrains sur lesquels la prochaine législation devra entamer sa construction. Nous avons élaboré un grand plan directeur. Il m’a beaucoup aidé à avoir une vue d’ensemble de nos besoins sur le long terme ».
Grand-Rue, l’épine dorsale
C’est ainsi que David Viaggi nomme les travaux de l’artère principale entre les deux rives de l’Attert. Les indispensables rénovations de canalisation, d’approvisionnement en eau, notamment sur les réseaux secs vieux de plus de 60 ans, ont généré une vision urbanistique plus large. « Une zone limitée à 30 km/h, dite zone 30, sera créée visant à apaiser la circulation, à rendre le périmètre plus sécurisé et plus agréable à vivre. Pour optimiser la circulation, un nouvel arrêt de bus central verra également le jour regroupant les arrêts de la route de Colmar et de la route de Boevange ». Les travaux de la Grand-Rue et ses perturbations débuteront à la rentrée pour une durée estimée de six mois. La suite pourra alors s’engager.
Le bourgmestre la détaille : « le nouveau quartier Grand-Rue sortira de terre. Les trois bâtiments vides laisseront place à 33 logements abordables, 9 unités dédiées à des logements jeunes ainsi qu’un boulanger et un boucher au rez-de-chaussée afin de faire revivre le quartier ».
« De l’autre côté de la Grand-Rue, la place de l’Immigration, aujourd’hui simple parking, a fait l’objet du concours de l’ensemble architectural regroupant la nouvelle mairie, une mini-brasserie et un parc reliant ce quartier neuf à la rivière ». L’éco-conception est au cœur de sa création s’évertuant à user de matériaux locaux et biosourcés tels, le bois, la pierre ou la terre cuite et à mettre l’accent sur la mobilité active. David Viaggi est soulagé que « toutes les étapes et autorisations préalables soient désormais franchies » et, que « comme pour les logements abordables, nous puissions espérer les premiers coups de pioche de la nouvelle mairie début 2026 ».
Ancienne mairie, nouvel atout
Pourquoi une nouvelle mairie ? Pour plusieurs raisons explique l’édile : « le bâtiment a atteint ses limites, il n’y a plus assez d’espace et il y a un problème avec l’accès de personnes à mobilité réduite. Un changement était nécessaire pour se conformer à la nouvelle législation. Tous les bâtiments publics se doivent d’être accessibles ». Mais la contrainte est devenue une opportunité pour créer dans le bâti actuel « tout une partie du campus de l’école. Il sera notamment dédié au restaurant scolaire, à la médecine scolaire et à des salles de réunion. Autour, il y aura le précoce, la crèche, la maison relais, le foyer de jour et le fondamental. L’idée d’une nouvelle commune va de pair avec le repositionnement ou le regroupement des activités. « Une fois que nous aurons déménagé, nous pourrons nous attaquer à cet aspect du projet ».
Intégrer le risque climatique et les crues de l’Attert
Sans une approche intégrée des risques climatiques, le développement des infrastructures est aussi fragile qu’un château de cartes. Celui qui préside aux destinées de la commune s’est donc soucié des débordements de l’Attert avant de mettre son plan à exécution : « avec la gestion de l’eau, dans le cadre d’un projet européen, nous avons mené à bien une étude sur toute la partie de l’Attert allant de Boevange-sur-Attert jusqu’à Colmar-Berg dans le but de réduire sa crue. En ce sens, nous avons également diligenté une étude sur les fortes pluies. Ces études conjointes nous ont permis de dresser un catalogue pour agir sur les crues. Pour cela, nous avons déjà entrepris des travaux loin en amont ou en aval, loin dans la forêt pour y créer d’énormes zones de rétention qui sont par ailleurs, peu coûteuses ». Le projet qui repose sur deux années d’étude sera bientôt présenté au public.
Les habitants sont également directement impliqués. En septembre, il leur est proposé de prendre part à des mesures d’autoprotection au sein de leur domicile pour leur permettre d’avoir les bons réflexes en cas d’inondation.
De surcroît, s’ajoute une panoplie de mesures et de chantiers réalisés avec le concours de l’État. « Au début du village, nous avons l’entreprise ArcelorMittal avec des barrages qu’on peut peut-être supprimer pour faire baisser la crue naturelle ».
David Viaggi souhaite que l’ensemble des travaux puissent être entrepris le plus rapidement possible même s’il s’agit maintenant d’acquérir les terrains. Il considère une décennie nécessaire pour obtenir tous les résultats escomptés.
Dialogue renforcé avec la « place économique »
Outre ses loisirs, sa forêt luxuriante ou encore son Bis’Trail et ses quelque 1.000 participants, Bissen c’est aussi un espace privilégié d’échanges avec le secteur privé au travers d’une asbl, le « Bissen Business Club », ou BCB. Bissen c’est aussi l’industrie, le commerce et les zones d’activités. Selon David Viaggi l’ambition est de « regrouper les intérêts des entreprises pour aborder sans entrave les problématiques du développement, de l’énergie, de la mobilité, etc. ».
Le BCB rassemble des gérants et des dirigeants d’entreprise dans une structure commune indépendante interagissant directement avec la commune. D’une seule et même voix. « Nous sommes en train de mener une étude sur le partage de l’énergie. Mais de manière plus pragmatique, si nous avons un chantier ou des interventions, nous avons un contact direct avec qui avoir un retour clair. Quelquefois, le BCB peut me faire remarquer qu’il manque de bancs ou de tables dans la zone. Cela peut paraître dérisoire mais ça ne l’est pas, car il s’agit du bien-être du personnel ». Le bourgmestre de conclure : « nous essayons de fortifier le standort, la place économique ».