Quand la digitalisation devient levier de bien-être au travail

Santé et sécurité au travail riment aujourd’hui avec digitalisation. Entre accompagnements personnalisés, veille réglementaire intelligente et structuration organisationnelle, eSST et BDO Luxembourg unissent leurs expertises pour aider les organisations, publiques comme privées, à améliorer la qualité de vie au travail, répondre efficacement à leurs obligations en matière de SST et prévenir les risques psychosociaux. Interview avec Maxime Champion, CEO d’eSST, et Paul Heinz, Consultant Marché Local chez BDO Luxembourg.

 

Comment accompagnez-vous vos clients dans la digitalisation de leurs processus liés à la santé et à la sécurité au travail ?

MC : Chez eSST, notre mission est de placer la sécurité et la santé au travail au cœur de l’activité de nos clients, qu’ils soient issus du secteur privé ou public. Nous nous assurons de répondre à leurs obligations légales tout en simplifiant leur gestion quotidienne en matière de SST en éliminant les processus chronophages y liés. L’un de nos autres objectifs consiste à aider nos clients dans le développement de la digitalisation. Pour parvenir à une approche personnalisée, nous analysons la situation existante, les besoins, qui diffèrent selon les secteurs d’activité, ainsi que les contraintes sectorielles. Nous avons en effet développé un logiciel qui permet de centraliser l’ensemble des domaines de la SST. Celui-ci est hébergé au Luxembourg. Il peut être facilement installé sur les serveurs internes de nos clients et répond de façon rigoureuse aux mesures liées à la protection de ces données hypersensibles. Aujourd’hui, nous sommes certifiés ISO 90001, ISO 45001 et nous avons entrepris les démarches pour devenir ISO 27001, ce qui offre un gage de fiabilité et de sécurité vis-à-vis de nos clients.

Notre logiciel regroupe tous les domaines de la SST : gestion et cartographie des bâtiments, équipements de sécurité, organisation des visites médicales, formations, certifications, re-certifications, etc. Le système fonctionne à l’aide d’alertes qui permettent de suivre les processus et leurs expirations. Facile d’utilisation, le logiciel que nous avons conçu est relativement flexible puisqu’il s’adapte à tous les utilisateurs, quelles que soient leurs fonctions.

 

Quelles sont les différences entre les secteurs public et privé ?

MC : Les différences tendent à se réduire petit à petit mais elles existent. Dans le privé, les entreprises sont tenues de s’affilier à un service de sécurité et de santé au travail qui soit adapté à leur taille et à leur secteur : financier, hospitalier, industriel, etc. Dans le secteur public, les institutions ont souvent leur propre structure personnalisée et celle-ci est toujours sous la division de la santé au travail.

Et, d’un point de vue digitalisation, les organisations publiques se trouvent sous l’égide du CTIE ou du SIGI pour les communes par exemple. Certains processus sont donc harmonisés, d’autres non. Néanmoins, les deux secteurs partagent des obligations. L’ITM a repris le contrôle du secteur public en début d’année. Quoi qu’il en soit, si les structures ou la gouvernance sont différentes, l’enjeu reste le même : agir pour la sécurité et la santé de tout un chacun.

 

En quoi une veille réglementaire digitalisée peut-elle améliorer la conformité des entreprises ? Comment s’articule-t-elle ?

MC : Une veille réglementaire apporte plusieurs bénéfices. C’est un nouvel outil que l’on propose à nos clients cette année. Il peut être intégré dans notre logiciel, mais pas uniquement, puisque son accès est possible pour les personnes intéressées qui n’y sont pas souscrites. Cela dit, notre produit permet aux organisations de ne pas subir un changement lorsqu’il s’impose, mais d’être averties en amont et dès la parution des nouveaux textes réglementaires. En outre, le produit permet aux entreprises de documenter leur conformité quant aux textes de la veille et d’y adjoindre des plans d’actions personnalisés ; de sorte à suivre leur conformité globale. Nous utilisons un modèle d’IA pour proposer à nos bénéficiaires les textes qui les concernent. Grâce à notre offre de service sur mesure, nos clients peuvent se conformer plus facilement aux règlements et ainsi améliorer la sécurité et la santé sur le lieu de travail.

 

Quels liens faites-vous entre la structuration de l’organisation interne et la prévention des risques psychosociaux (RPS) ?

PH : Lors de nos missions d’audit organisationnels, RH ou de gouvernance sur le marché local, nous constatons que de nombreuses pistes d’amélioration sont liées aux aspects humains. Les causes des risques psychosociaux ne proviennent pas d’un manque d’engagement ou de volonté, mais bien d’un flou dans l’organisation résultant d’un manque de moyens qui peut prendre plusieurs formes : cadre d’action insuffisamment clair, déficit d’information, absence d’outils adaptés aux besoins du terrain, attentes mal placées, responsabilités mal définies, circuits de décision trop opaques, etc. Cela crée un engrenage contreproductif.

Chez BDO, nous intervenons pour accompagner les entreprises dans la clarification des organigrammes, la mise en place de fiches de fonction ou encore l’animation de boucle de feedback. Ces démarches ont pour objectif de renforcer la transparence et le sentiment de reconnaissance qui sont deux éléments clés pour prévenir les risques psychosociaux.

 

Comment la digitalisation apporte-t-elle sa pierre à l’édifice pour contribuer à l’amélioration du climat de travail ?

PH : La digitalisation joue un rôle central puisqu’elle apporte des solutions concrètes aux irritants quotidiens. Elle rend la communication plus fluide et plus inclusive. En effet, les outils numériques permettent d’automatiser une multitude de tâches chronophages, sources de frustration pour les collaborateurs. En allégeant ces charges, ces derniers peuvent se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée, ce qui renforce leur motivation et leur sentiment d’utilité.

De plus, les plateformes collaboratives et les messageries instantanées facilitent les échanges entre les équipes. L’information, de fait plus transparente, circule aussi plus rapidement et permet d’éviter tout type de malentendus, les oublis ou les pertes de temps qui sont liés à des circuits de validations trop complexes. La digitalisation contribue également à une meilleure gestion des ressources humaines grâce à diverses applications de suivi du bien-être, des plateformes de feedback continu ou des outils d’écoute des salariés.

Si la digitalisation est bien pensée, elle représente un levier puissant pour améliorer la qualité de vie au travail et instaurer un environnement de travail plus serein et collaboratif qui renforcent le sentiment d’appartenance et de reconnaissance, deux piliers essentiels.

 

Quels sont les signaux qui démontrent qu’une gouvernance est efficace en matière de sécurité et de santé au travail ?

PH : C’est une gouvernance formalisée et visible. Cela signifie que les décisions stratégiques intègrent des enjeux SST, que les dirigeants participent au pilotage de programmes et d’actions concrètes en la matière et que la prévention ne repose pas uniquement, s’il existe, sur les épaules d’un service Hygiène Sécurité et Environnement (HSE). Les collaborateurs ressentent ces actions positives et en apprécient les intérêts. Cela favorise leur motivation et leur engagement pour une entreprise et une culture avec lesquelles ils s’identifient.

C’est aussi une gouvernance claire dans laquelle les collaborateurs peuvent remonter plus facilement les problèmes. L’organisation est mieux structurée et les lignes managériales sont mieux formées pour repérer les signes de risques psychosociaux.

L’un des derniers signaux favorables est la mise en place de baromètres sur la qualité de vie ou les RPS de manière trimestrielle par exemple. Cela permet aux salariés d’avoir un espace d’expression régulier et confidentiel. Quant à l’entreprise, elle peut détecter précocement les tensions pour mieux ajuster ses pratiques managériales. En résumé, c’est le monitoring sur le terrain qui permet d’anticiper les problèmes dans l’intérêt de l’entreprise et, surtout, de ses employés.

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