L’électromobilité, aussi une affaire communale

Jamais autant de véhicules électriques n’ont sillonné les routes. Si le gouvernement a dressé un cadre solide pour soutenir cet essor, il revient aujourd’hui également aux acteurs locaux de poursuivre la transition, en premier lieu aux communes sur lesquelles repose désormais l’extension du réseau de charge accessible au public. Fenn Faber, directeur de Klima-Agence, et Peter Recking, « Ladelotse », nous éclairent sur le rôle des communes en la matière.

 

Sur la route de la transition

Cela fait plus de quinze ans que Klima-Agence accompagne la société luxembourgeoise sur le chemin de la transition énergétique. En plus de son travail de sensibilisation et d’information dans le domaine de l’énergie et du climat, la structure conseille et accompagne particuliers, entreprises et pouvoirs publics dans la mise en œuvre de leurs projets y relatifs.

Parmi ses sujets, l’électromobilité suscite de nombreux échanges et soulève des questions importantes, en particulier auprès des principales parties prenantes de son développement : les communes. « Les administrations communales, du fait de leur proximité avec les citoyens, comptent parmi les acteurs principaux de la transition énergétique au sens large, et donc du passage à l’électromobilité plus particulièrement », affirme Peter Recking. Concrètement, elles disposent de multiples leviers pour aider leur population à décarboner leurs déplacements.

 

Inciter, inspirer

Premièrement, elles peuvent offrir un coup de pouce financier à l’achat d’un véhicule électrique ou l’installation d’une borne de charge à domicile. « De nombreuses communes proposent déjà des aides complémentaires aux subventions étatiques. Que celles qui hésitent encore sachent que Klima-Agence a élaboré un règlement type leur permettant de greffer leur action à celle de l’État sans avoir à entreprendre de démarches administratives complexes. Et la hauteur de la prime a peut-être moins d’importance que le message positif qu’elle renvoie ! », déclare Fenn Faber.

Parce qu’en effet, le rôle des communes est aussi de sensibiliser et de susciter l’engagement de la population, que ce soit à travers divers canaux de communication ou l’organisation d’événements thématiques. Klima-Agence met d’ailleurs à leur disposition toutes sortes de contenus pour les aider dans cette mission. Par leur proximité avec les citoyens, elles ont également un rôle de modèles à endosser. C’est en électrifiant leur propre flotte – et en en faisant la promotion grâce à des flocages, par exemple – ainsi qu’en mettant des bornes de recharge à disposition de leurs employés qu’elles montreront l’exemple.

 

Développer le réseau de charge public

Là où leur action est véritablement clé, c’est dans le développement en continu du réseau de charge publique en tenant compte des développements du marché. Le Luxembourg compte actuellement plus que 2.500 points de charge accessibles au public et se positionne ainsi comme un des leaders européens. « Ce dont les communes doivent avoir bien conscience, c’est que la mise en place du réseau Chargy est terminée. Les communes jouent un rôle clé au niveau du développement futur de cette infrastructure de charge déjà très dense pour pouvoir répondre à l’évolution du marché dans les années à venir. Il est donc de leur responsabilité de mettre des sites publics stratégiques à disposition d’installateurs privés », interpelle Peter Recking.

Les communes sont un partenaire indispensable pour rendre la mobilité électrique accessible à leurs citoyens

Au moins une quarantaine de communes, avec lesquelles Klima-Agence est en contact, l’a bien compris. Certaines ont déjà réalisé leurs premiers projets, d’autres se posent encore des questions sur leurs obligations ou doivent toujours dépasser certains préjugés. « Où qu’elles soient dans leur réflexion et quels que soient les moyens humains qu’elles peuvent consacrer à la question, nous pouvons les accompagner dans leurs démarches. Vaut-il la peine d’investir dans l’électromobilité ? Quelle stratégie adopter pour étoffer son réseau de charge public ? Quel type de borne sera le plus approprié ? Dans quel cadre la collaboration avec un installateur privé doit-elle se dérouler ? Ce sont autant d’interrogations auxquelles nous pouvons apporter des réponses », poursuit-il. Klima-Agence travaille d’ailleurs sur un contrat type organisant le partenariat entre la commune prête à céder un espace public et l’installateur désireux d’exploiter les points de charge sur le site en question. Ce modèle permettra de sécuriser juridiquement les démarches des administrations locales et d’encadrer la collaboration entre acteurs publics et privés.

« Évidemment, ajouter de nouveaux points de charge n’est pas une fin en soi. L’important est d’adopter une stratégie pluriannuelle adéquate. Une extension intelligente du réseau repose non seulement sur l’identification des besoins actuels, mais aussi sur l’anticipation des besoins futurs. Elle suppose aussi une complémentarité avec les infrastructures d’autres acteurs publics ou privés. Sans vouloir remettre en cause l’autonomie communale, rappelons que le volet régional a son importance et qu’il est bon de s’informer sur les initiatives de ses voisins, mais aussi des entreprises locales (comme les supermarchés), pour s’assurer de la pertinence de ses propres projets. Il s’agit finalement de trouver le bon équilibre entre l’offre et la demande, et nous développons actuellement un outil spécialement conçu pour aider les communes dans cette démarche : prochainement, elles trouveront sur Géoportail.lu des cartes permettant d’identifier, selon la croissance démographique et l’évolution du marché automobile, les besoins en points de charge supplémentaires à l’avenir », indique le directeur.

 

Une stratégie gagnante

Contribuer à l’extension du réseau de charge ne doit pas être vu comme un défi, mais bien comme une opportunité. C’est en effet l’occasion de donner le choix de sa motorisation à chaque citoyen (qu’il prenne des décisions pour lui-même dans une maison unifamiliale ou qu’il doive s’adapter aux équipements d’une copropriété), de renforcer le tourisme et le commerce de proximité en permettant aux automobilistes qui attendent la recharge de patienter dans les boutiques locales, ou encore de réduire la pollution de l’air et sonore. « Tous ces avantages, très visibles aux yeux des citoyens, constituent en quelque sorte un « easy win » politique puisqu’ils découlent en réalité d’un effort financier mineur de la part de la commune, l’investissement dans le matériel revenant à un partenaire privé », remarque Peter Recking.

Miser sur l’électromobilité, c’est aussi un moyen de renforcer l’engagement communal au niveau du Pacte Climat. Au-delà des points que peuvent faire gagner les mesures de communication ou de sensibilisation, l’électrification de la mobilité a un impact positif direct sur l’empreinte carbone de la commune.

« Pour démultiplier le rendement de tous les investissements réalisés dans la transition énergétique, nous conseillons évidemment de favoriser les synergies entre les différentes initiatives. Combiner mobilité électrique et production photovoltaïque permet par exemple d’accroître l’autoconsommation, par conséquent son autonomie, et de réduire certains coûts », souligne Fenn Faber.

Pour convaincre les plus réfractaires et pour accompagner les plus enthousiastes, Klima-Agence s’est associée à l’ACL pour organiser un événement 100% dédié à l’électromobilité. Au programme : expositions et tests de véhicules électriques en tous genres. Rendez-vous à la Coque le 19 octobre prochain.

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