Tariffs are « great again »
A-t-on déjà autant scruté les moindres faits et gestes d’un seul homme que ces derniers mois ? Depuis le 20 janvier, chaque mouvement des lèvres du président Trump, chaque signature apposée sur le papier fait tressaillir de ce côté de l’Atlantique. La menace de guerre commerciale qui planait comme une ombre sur une scène internationale déjà bien sombre ne s’est pas dissipée. Que du contraire. Comme redouté, les barrières douanières s’élèvent de toutes parts, plus hautes que nécessaires pour ne prétendre qu’à un rééquilibrage des flux commerciaux en faveur des États-Unis. Si son offensive repose davantage sur des considérations géopolitiques qu’économiques, la guerre n’en est pas moins déclarée sur ce plan.
Le Luxembourg est-il particulièrement menacé ? Sans doute moins que d’autres pays européens. Ses exportations vers les États-Unis sont en réalité relativement limitées : seuls 3% des biens vendus à l’étranger gagnent le pays de l’Oncle Sam. Cette part s’élève toutefois à environ 7% pour les métaux et produits métalliques et à 10% pour les textiles. En matière d’échanges de services, les USA représentent 4 à 5% des exportations totales du Grand-Duché. L’exposition directe est donc relativement faible, mais le pays pourrait subir les conséquences d’une moindre demande des États-Unis vis-à-vis de ses partenaires européens ou pâtir d’effets de contagion via les marchés financiers. Ce seraient donc les effets indirects liés à la dégradation de la conjoncture internationale qui seraient les plus à craindre.
Car les droits de douane annoncés ce mercredi 2 avril, journée baptisée pour l’occasion « Liberation Day » par Donald Trump, et présentés comme une « déclaration d’indépendance économique » infligent un taux global de 10% sur l’ensemble des importations américaines et un taux personnalisé pour de nombreux pays parmi lesquels les États membres de l’Union européenne. Les exportations de ces derniers se verront appliquer un prélèvement de 20% (contre 46% pour le Vietnam, 34% pour la Chine, 32% pour Taïwan, 26% pour l’Inde ou encore 24% pour le Japon). Après la loi Hawley-Smoot promulguée suite au krach boursier de 1929, jamais plus les USA n’avaient élevé de telles barrières. Ce faisant aujourd’hui, ils remettent en cause le système commercial fondé sur le principe de non-discrimination bâti au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Les observateurs sont d’accord : l’administration Trump vient de sonner le glas de la mondialisation. Un « coup dur pour l’économie mondiale » de l’aveu de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui, bien qu’elle travaille sur un nouveau paquet de contre-mesures, espère encore pouvoir négocier avec la Maison Blanche.
Dès lors, qui sait, à l’heure d’écrire ces lignes, si elles seront encore d’actualité une fois imprimées ? L’imprévisibilité, voilà à quoi il faut désormais se préparer !
Par Adeline Jacob