« ROOTS » : le projet qui redéfinit la construction durable à Belval
Dans un monde en pleine transition écologique, le secteur de la construction joue un rôle prépondérant dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le projet « ROOTS », co-développé par BPI Real Estate et Unibra Real Estate s’impose comme une référence ambitieuse en matière de construction durable. Situé au cœur de Belval, il incarne une vision innovante qui allie excellence environnementale et certifications exigeantes comme la Low Carbon Building Initiative (LCBI). Explications avec Stéphane Bagat, Project Director, et Frédéric Vingtans, Design Director, chez BPI Real Estate.
LCBI, une certification qui harmonise les codes
« ROOTS » prend racine à Belval, au « Central Square ». Il fait partie intégrante du développement urbain de la ville et est piloté par Agora qui finalise la conversion de cette ancienne friche sidérurgique en un quartier moderne et durable. Mené par BPI Real Estate et Unibra Real Estate, « ROOTS » occupe une position stratégique puisqu’il relie les hauts fourneaux historiques aux nouveaux quartiers résidentiels qui ont été érigés ces dernières années. « C’est de là que le projet tire aussi son nom avec l’idée de transformer un site autrefois industriel. Comment ? En faisant naître un projet exemplaire par son positionnement environnemental et sociétal », explique Frédéric Vingtans, Design Director.
En effet, si ce projet mixte qui accueille 102 logements et des espaces de bureaux s’aligne avec la taxonomie européenne, il ne se contente pas seulement de respecter les exigences réglementaires ; « ROOTS » les dépasse puisqu’il se calque sur la méthodologie LCBI. Celle-ci a été conçue pour répondre à une problématique centrale dans le secteur de la construction : l’empreinte carbone des bâtiments. « Plus d’une dizaine de projets pilotes ont été retenus en Europe pour tester concrètement cette approche et seuls deux ont été certifiés… et le nôtre en fait partie, au niveau de certification le plus haut », indique Stéphane Bagat, Project Director.
Trois strates de décarbonation
La méthodologie LCBI vise à quantifier et à réduire les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment, de sa conception à sa déconstruction en passant par son usage au quotidien. « C’est dans ce cadre que le cycle de vie prend une plus grande importance car l’impact carbone se mesure sur plusieurs strates. Il y a d’abord le carbone opérationnel, c’est-à-dire les consommations du bâtiment durant sa durée de vie. Disons qu’au Luxembourg, actuellement, ce point est plutôt bien avancé grâce aux performances thermiques intéressantes de chaque nouvelle construction. LCBI va encore plus loin puisque la certification comptabilise le carbone embarqué qui correspond aux émissions des matériaux nécessaires à la construction, alors que rien n’est encore officiellement réglementé à ce niveau », déclare Frédéric Vingtans. Les standards des bâtiments qui se trouvent au Grand-Duché s’élèvent entre 1.000 et 1.200 kg de CO2 par m2. « Notre projet atteint les 740 kg de CO2 par m2, soit 30% de moins que la moyenne », se félicite le Design Director.
Construire des bâtiments durables et à haute performance sans pour autant compromettre la qualité de vie ni les standards du marché
BPI Real Estate met en avant le bois comme élément central du projet. « Dans l’analyse du cycle de vie, un troisième volet se rapporte à la construction en bois : le carbone biogénique. L’utilisation du bois revêt d’un double intérêt. Ce matériau est d’abord moins carboné que le béton ou l’acier. Il fait aussi partie d’un long processus : l’arbre capte du CO2, il est ensuite coupé pour faire du bois d’œuvre puis, à la déconstruction, peut être réutilisé pour d’autres usages jusqu’à ce qu’il soit brûlé pour du chauffage par exemple. C’est ce qu’on appelle la séquestration de carbone », précise Frédéric Vingtans.
S’il a déjà obtenu la certification LCBI, le projet « ROOTS » vise l’obtention d’autres distinctions comme LENOZ, un label luxembourgeois axé sur les espaces résidentiels, BREEAM niveau excellent, l’une des récompenses les plus reconnues à l’échelle internationale et WELL Building Standard niveau gold. « Cette dernière est la seule qui prenne en compte le bien-être dans les bureaux. De notre côté, nous avons intégré des éléments tels que la lumière naturelle, l’omniprésence du bois en intérieur et une acoustique soignée pour favoriser le confort physique et mental des occupants », indique Stéphane Bagat.
Une vitrine pour la construction durable
« ROOTS » ne se contente pas d’être un projet exemplaire : il aspire à devenir un véritable laboratoire pour l’avenir. Le siège social en bois de BPI Real Estate Luxembourg, inauguré il y a deux ans à Leudelange, est déjà une vitrine reconnue. Baptisé « Wooden », celui-ci est régulièrement visité par des professionnels, des investisseurs et des acteurs publics. « ROOTS » pourrait suivre la même trajectoire. Bien que le chantier en cours en soit encore à ses débuts puisque les premiers lots d’habitations seront livrés fin 2026, l’ambition est claire : faire du nouveau projet à Belval une référence qui inspirera d’autres initiatives sur le territoire luxembourgeois.
« Disons également que le secteur de la construction a des habitudes encore bien ancrées. Ce projet est une remise en question profonde des pratiques traditionnelles. Nous avons commencé ses premières esquisses en 2019, à une époque où le marché n’était pas encore prêt et ouvert à toutes ces nouvelles solutions. Celui-ci commence à prendre conscience de ces enjeux et cela implique une grande remise en question. Aujourd’hui, les lignes bougent et « ROOTS » pourrait bien devenir le fer de lance de cette transformation », espère Frédéric Vingtans.
Des défis techniques… et humains
La réalisation de « ROOTS » n’a pas été sans obstacles. « L’un des principaux défis a été de rassembler les bonnes compétences autour de la table. Il fallait trouver des personnes capables de traiter des sujets techniques, économiques et environnementaux complexes, tout en dialoguant avec les parties prenantes d’un projet et le secteur public », explique Stéphane Bagat. Ce sont des concepts et solutions qui sont parfois nouveaux pour les acteurs de la construction concernés et qui posent de nouvelles questions réglementaires. « La construction en bois, particulièrement, a posé des défis en matière de protection incendie ou d’ajouts de niveaux. Le savoir-faire accumulé au fil des projets a permis de lever progressivement ces obstacles pour pouvoir, à terme, construire toujours plus haut par exemple », développe Frédéric Vingtans.
Un écrin de verdure
« ROOTS » innove également en matière de gestion énergétique. Le projet mixte intègre des panneaux photovoltaïques sur les toitures résidentielles afin que l’énergie produite alimente les bureaux. Cette approche compense le manque d’espace sur les toitures des bureaux et maximise l’autoconsommation. « Cette complémentarité a été pensée avec beaucoup de bon sens. Il suffit de faire coïncider la production avec la consommation », selon Stéphane Bagat.
Au-delà des performances purement techniques, « ROOTS » mise sur la création d’une véritable communauté. Le projet comprend un espace partagé végétalisé avec des aires de jeux pour enfants, des bancs et un jardin « L’idée était vraiment d’amener la végétation au cœur du projet. Cet espace n’est pas seulement esthétique : il joue un rôle écologique. Il sert en effet de zone de rétention d’eau, ce qui crée un îlot de fraîcheur, tout en limitant l’usage d’eau potable pour arroser cet écrin de verdure », indique Frédéric Vingtans.
En alliant innovation technique, performance environnementale et bien-être des occupants, « ROOTS » incarne une nouvelle façon de concevoir la ville et les constructions. « Ce projet prouve qu’il est possible de construire des bâtiments écologiques et à haute performance sans pour autant compromettre la qualité de vie ni les standards du marché qui sont très élevés au Luxembourg », conclut Stéphane Bagat.