Bienvenue chez Teranga

Le 35 Avenue de la Libération, à Schifflange, s’est totalement métamorphosé pour abriter aujourd’hui un tiers-lieu dédié à la transition alimentaire. Témoin des valeurs de solidarité et de durabilité chères à la commune, le projet a pris vie grâce à une étroite collaboration entre la commune de Schifflange et les responsables de SOS Faim. Paul Weimerskirch, bourgmestre, et Francesca Savo, animatrice pédagogique pour l’asbl, nous ont ouvert les portes de la maison Teranga et raconté la genèse du projet.

 

La rencontre

Teranga, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre : celle de l’asbl SOS Faim, qui cherchait un espace convivial où sensibiliser les citoyens aux problèmes du système alimentaire mondial, et celle de la commune de Schifflange, qui disposait d’une maison à affecter spécifiquement à un projet solidaire. « Il y a quelques années, Roger Entenich a cédé à la commune la maison où il avait établi son magasin de cycles. La donation stipulait toutefois que son bâtiment devrait accueillir un centre de bienfaisance ou de solidarité. Lorsque SOS Faim, à la recherche d’un lieu de rencontre et d’échange d’idées autour du thème de l’alimentation durable, a pris contact avec nous, nous avons eu le sentiment d’avoir trouvé l’affectation idéale pour cet espace, non seulement parce que le projet correspondait aux souhaits du donateur, mais aussi parce que Schifflange est une commune de la solidarité », raconte Paul Weimerskirch.

Un tiers-lieu pensé comme un espace de rencontre, de débat et d’échange sur le thème de l’alimentation durable

Le conseil communal de l’époque a alors voté un budget de 1,7 million d’euros pour désamianter et démolir l’ancienne maison et élever sur le terrain un nouvel immeuble socio-commercial et résidentiel avec un passage public donnant accès au futur parking souterrain projeté par la commune. En raison de la succession de crises survenues depuis le début du chantier en janvier 2021 et d’un incendie malheureusement déclaré alors que la rénovation était bien avancée, 3,2 millions d’euros seront finalement déboursés pour construire ce bâtiment avec des matériaux écologiques et biosourcés.

 

Le projet

Le tiers-lieu a été pensé comme un espace de rencontre, de débat et d’échange sur le thème de l’alimentation durable et des droits des paysans. Ses concepteurs ont pour objectif de participer à la construction collective d’un avenir équitable ; un impératif pour SOS Faim à l’heure où notre système alimentaire basé sur l’agro-industrie épuise notre planète, plonge des millions d’agriculteurs dans la précarité et laisse 733 millions de personnes vivre dans la faim. « La mission de Teranga est de conscientiser la population à ces enjeux, de même qu’aux liens qui unissent le nord global et le sud global, et de lui donner les clés pour faire les bons choix dans une société qui a une fâcheuse tendance à surproduire, surconsommer et gaspiller la nourriture », indique Francesca Savo.

Une sensibilisation qui passera par des ateliers pratiques autour du grand ilot central de la cuisine de Teranga, des cinés-débats, des conférences ou encore des rencontres avec des producteurs. Au-delà d’une programmation riche, l’ancienne maison Entenich proposera un espace d’échange avec une zone ludothèque / bibliothèque ainsi qu’un coin consommation où les citoyens pourront déguster les produits de l’épicerie. « Petits et grands pourront se servir parmi les jeux et les livres proposés, tous sélectionnés avec soin pour aborder la thématique de l’alimentation, mais aussi les bonnes pratiques environnementales plus généralement. Les niveaux de complexité sont variés afin que chacun, quel que soit son âge ou son implication, puisse trouver une ressource à sa portée. Ceux qui auront un petit creux pourront également goûter les produits de nos producteurs locaux dans notre espace de consommation. Ils n’auront qu’à faire leur choix parmi les mets proposés au coin épicerie. Seuls les produits en vrac, issus de productions luxembourgeoises biologiques ou pratiquant l’agroécologie trouveront leur place sur nos étagères », explique l’animatrice pédagogique.

Bien que l’aide au développement ne soit pas une obligation communale, je suis persuadé que les communes peuvent y apporter un soutien important

Pour donner vie au projet, deux volontaires, l’Italienne Erika et la Française Rosalie, animeront les ateliers, élaboreront la programmation, assureront la gestion de l’épicerie et le service des consommations, expliqueront les règles des jeux de la ludothèque et, plus globalement, répondront aux interrogations des visiteurs. Elles seront assistées par les six étudiants qui occupent les chambres situées aux étages supérieurs de la maison. « SOS Faim agit également ici en tant que bailleur social. Sur un total de huit logements, six sont réservés à des étudiants de différentes nationalités qui suivent un cursus dans diverses branches au Luxembourg. Ceux-ci s’engagent à participer à nos activités de sensibilisation à hauteur de 5h par semaine », précise Francesca Savo.

Un plus qui reflète les valeurs d’inclusion chères à la commune. « Schifflange est une commune de l’accueil, de la solidarité et du partage. Elle rassemble des habitants de plus de 100 nationalités différentes qui vivent ensemble de manière conviviale, dans un vaste mélange de cultures et de religions. D’ailleurs, « Teranga » est un mot sénégalais qui renvoie à l’idée d’hospitalité. Dans cette actualité morose, j’ai tenu à rappeler, lors de l’inauguration de ce tiers-lieu, que la solidarité était une nécessité qui devait être soutenue non seulement par les États et les organisations internationales, mais également par toutes les communautés, telles que les associations locales. Et Schifflange n’en manque pas. Je pense à l’asbl Schëffleng Hëlleft qui a vu le jour pour soutenir les victimes du tsunami qui a frappé l’Asie du Sud-Est en décembre 2004 et qui, depuis, a élargi son champ d’action pour se consacrer à l’aide humanitaire à grande échelle. Par la suite, la commune s’est engagée en faveur du commerce équitable à travers l’asbl Fairtrade Schëffleng. Aujourd’hui, elle collabore avec SOS Faim dans la même logique. Bien que l’aide au développement ne soit pas une obligation communale, je suis persuadé que les communes peuvent y apporter un soutien important. La preuve en est ! », déclare Paul Weimerskirch.

Le lancement

La maison Teranga a été officiellement inaugurée le 12 novembre dernier en présence d’une foule de curieux. « Le fort engagement de la commune a très certainement suscité l’intérêt des habitants venus en nombre. Nous avons été touchés de voir à quel point ceux-ci étaient demandeurs d’un tel lieu et ravis de répondre à un réel besoin citoyen. Certains résidents nous ont déjà soumis des idées d’activité ou des propositions d’atelier et, maintenant que les travaux sont terminés, nous souhaitons encourager au maximum cette participation citoyenne. Par la suite, nous aimerions également tisser des liens avec d’autres acteurs communaux comme les écoles ou les maisons relais car nous sommes persuadés que les enfants, qui sont les consommateurs de demain, seront moteurs du changement. Il est donc important pour nous de les conscientiser quant à l’impact qu’ils peuvent avoir sur notre planète et de leur montrer que d’autres choix sont possibles », souligne l’animatrice pédagogique.

Les lieux étant désormais inaugurés, il reste à les investir. Le 28 novembre a eu lieu le premier ciné-débat à Teranga, organisé conjointement par SOS Faim et FairTrade Schëffleng. Quelques activités de Noël devraient ponctuer le mois de décembre avant que les volontaires ne mettent au point l’agenda des activités 2025. Pour ne rien rater, il suffit de suivre le projet sur les réseaux sociaux ou de s’inscrire à sa newsletter. En attendant le prochain événement, vous pouvez pousser la porte de Teranga les mardis, jeudis et samedis de 10h à 17h.

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