Ainsi tourne le Moulin Bestgen

L’emblématique moulin Bestgen, à Schifflange, ouvre une nouvelle page de son histoire bicentenaire. L’administration communale et l’État ont validé sa rénovation et sa transformation en centre socio-thérapeutique pour enfants de 6 à 12 ans. Afin d’évoquer ce projet, nous avons rencontré le bourgmestre de la commune, Paul Weimerskirch.

 

Comme de très nombreuses communes du sud du pays, Schifflange a vu sa population croître de manière exponentielle en quelques décennies. De nouveaux résidents issus des pays frontaliers, mais aussi d’Europe et du monde entier, s’installent chaque année dans la commune. La population a donc presque doublé, passant de 7.000 à plus de 12.000 habitants en 20 ans. Au total, ce sont plus de 100 nationalités qui se côtoient à Schifflange aujourd’hui. Cet afflux démographique redessine la vie de la commune et représente de nombreux défis en matière d’infrastructures.

 

Un besoin croissant

Commerces, voiries, services, écoles et maison relais, les besoins augmentent dans tous ces secteurs et les responsables politiques de Schifflange doivent alors innover, repenser l’organisation de leur cité. Parmi les besoins les plus urgents figurait celui de la création d’un centre socio-thérapeutique garant de l’encadrement, de la protection, de la santé et du bien-être des enfants. Les centres de ce type ont pour objectif principal d’offrir aux jeunes de 6 à 12 ans en situation de détresse scolaire un cadre et une prise en charge socio-éducative intensive en dehors de leur scolarité. En effet, les structures présentes dans le pays, dont celle déjà existante à Schifflange, qui demeure et sera agrandie de huit places d’ici 2026, sont victimes de leur succès et les nouveaux prétendants sont inscrits sur leurs très longues listes d’attente.

Il faut préciser qu’entre Schifflange et l’aide à l’enfance, c’est une histoire de longue date. « Les Schifflangeois ont à cœur d’initier et de participer à des actions de solidarité, de s’engager auprès des publics en difficulté, notamment les enfants, comme c’est le cas ici. Nous avons tous l’envie de donner aux plus jeunes toutes les chances possibles de s’insérer dans la vie et cette mission mérite tous les investissements », appuie le bourgmestre de la commune.

 

Un projet unique

Cette urgence a donc amené l’administration communale à reprendre le bail emphytéotique du moulin Bestgen, en partenariat avec l’État, pour y installer un nouveau centre socio-thérapeutique. Son activité comprendra deux volets : une structure éducative et le centre en question d’une part, une structure d’accueil et de visite encadrée pour la rencontre entre enfants et parents d’autre part. L’idée de reconvertir ce bâtiment à cette fin ne date en réalité pas d’hier, comme nous le confirme Paul Weimerskirch : « Ce projet a débuté il y a de nombreuses années déjà, sous le mandat de mon prédécesseur, Roland Schreiner. Comme on peut l’imaginer, mettre en place ce type de structure implique de suivre à la lettre de nombreuses procédures administratives, légales, financières et de sécurité ». En effet, un tel projet ne se fait pas en un jour et nécessite de solides appuis. Après deux ans de procédures administratives et un budget établi aux alentours de 10,5 millions d’euros, les travaux ont commencé. « Le projet est financé quasiment intégralement par des subsides de l’État, mais nous en gardons la charge intégrale », précise le responsable politique. C’est le cabinet Weisgerberarchitecte qui a été retenu pour mener à bien cette réalisation.

 

Un projet innovant et durable

Afin de répondre aux enjeux d’une structure de ce type et de satisfaire les besoins des occupants et du personnel, les deux ailes perpendiculaires non-communicantes du moulin seront adaptées et restaurées. Le bâtiment bénéficiera de tous les aménagements nécessaires : espaces d’accueil, espaces ludiques et thérapeutiques, salles de réunion, de formation, salles de visite et de discussion prendront place à l’intérieur. Un local technique, des zones de stockage et de rangement pour le matériel, ainsi que des équipements sanitaires seront construits. Une nouvelle cuisine sera également installée et une grande zone de jeu est aussi prévue à l’extérieur du bâtiment.

Pour garantir l’accès à tous les publics, une cage d’escalier équipée d’un ascenseur prendra lieu et place de l’actuelle tour hexagonale. Un escalier de secours extérieur sera également construit à l’arrière de l’édifice et le restaurant déjà existant sera rénové.

Sur la toiture sud du bâtiment, un équipement photovoltaïque constitué d’ardoises solaires verra le jour. « Au-delà du patrimoine architectural que représente le moulin en lui-même, c’est la nature environnante que nous souhaitons préserver et mettre en valeur », précise le bourgmestre avant de poursuivre : « La renaturation de l’Alzette, que nous avons mise en œuvre depuis quelques années, poursuit cette même ambition ».

 

Une volonté de conservation

Ce souci de modernisation durable s’allie à une volonté de préservation architecturale qu’évoque Paul Weimerskirch. « La préservation du patrimoine local fait partie de la philosophie de la commune de Schifflange. En conservant toute la machinerie du moulin tout en la mettant en valeur, nous avons vu une magnifique opportunité de présenter au public quelques-uns de nos trésors historiques ». Il est en effet assez rare de pouvoir contempler au Luxembourg ce type de machines, arrêtées il y a près d’un siècle et qui sont nées encore un siècle auparavant. Nul doute que le public trouvera un intérêt à contempler cette ingénierie d’antan.

Il faut dire que le moulin Bestgen est connu de tous les habitants de la commune mais aussi des alentours. « C’est un monument emblématique de la ville, un lieu de rencontre pour de nombreux habitants de la commune et au-delà. Cette zone voit aussi passer beaucoup de promeneurs ou de cyclistes », ajoute le bourgmestre. Sur ce point, il convient d’ajouter que la brasserie en place, aussi responsable de l’attractivité du lieu, sera maintenue et rénovée.

 

Un partenaire solide

L’association TELOS-éducation a été retenue pour gérer ce centre sociothérapeutique. Fondée en juillet 2015 sous le statut d’asbl, Telos a été reconnue d’utilité publique et conventionnée par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse en 2017. La structure compte 150 salariés et continue de se développer. « Notre partenaire Telos a toute notre confiance, nous avons déjà travaillé ensemble pour la mise en place d’activités de loisirs pour enfants. Les bonnes relations que nous entretenons sont de bon augure pour l’avenir », tient à souligner Paul Weimerskirch.

La mission de Telos est plurielle. Elle consiste tout d’abord dans l’aide psychosociale (ambulatoire ou stationnaire) des familles en détresse, c’est-à-dire l’accueil et l’accompagnement de mineurs ou de jeunes adultes en crise psychosociale ou en difficulté grave sur leur chemin de l’intégration sociale. L’asbl s’investit également dans la promotion de nouveaux projets au niveau éducatif, social et culturel.

 

Un cap pour l’avenir

Ce grand projet de rénovation semble avoir ouvert une nouvelle voie de modernisation pour la commune de Schifflange. Comme le détaille son bourgmestre, l’initiative lancée pour le moulin Bestgen devrait sans doute « faire des petits » à l’avenir : « Nous sommes en train d’étudier d’autre projets de ce type, c’est-à-dire d’imaginer reconvertir certains éléments de notre patrimoine à de nouveaux usages plus actuels. Je pense notamment aux infrastructures datant de la période sidérurgique, ou bien à l’ancienne maison paroissiale qui est également classée au patrimoine national par exemple ». Plus globalement, les responsables politiques de Schifflange repensent actuellement le Plan d’Aménagement Général de leur commune afin de suivre et d’anticiper l’évolution des besoins.

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