La « Perle de la Moselle » en pleine mutation

Remich, commune de la Moselle luxembourgeoise, attire de nombreux visiteurs chaque année grâce à ses vignobles, ses forêts et sa promenade unique le long de la rivière. En pleine transformation, la « Perle de la Moselle » investit dans divers projets pour moderniser ses infrastructures et améliorer la qualité de vie de ses habitants. La commune met également l’accent sur la préservation de son patrimoine culturel et naturel, mais déplore le manque de flexibilité à l’échelle nationale pour créer davantage de logements abordables sur son territoire. Jacques Sitz, bourgmestre, et les deux échevins, Rita Wallerich et Jean-Paul Kieffer, nous en disent plus.

 

Pouvez-vous présenter brièvement la commune de Remich ?

JS : Agréable et entourée par les vignes et les forêts, Remich est une commune touristique de la Moselle luxembourgeoise qui attire chaque année de nombreux visiteurs. Ceux-ci peuvent à la fois visiter la ville, se promener sur son esplanade unique au Luxembourg, flâner le long de la Moselle, boire un verre sur les terrasses avec vue sur la rivière ou encore découvrir nos vignobles ainsi que notre patrimoine culturel.

RW : Nous comptons aujourd’hui 4.200 habitants. Si nous tenons à rester une ville touristique, nous sommes dans une phase de transformation en raison des nombreux chantiers en cours et qui démarreront ces prochains mois.

 

Quels sont ces projets prioritaires ?

JS : Nous travaillons au niveau de la Cité Buschland. Nous devrons y établir un bassin de rétention en plus de celui qui existe déjà. Le climat change et les dernières intempéries ont démontré la nécessité d’un tel projet car les eaux usées débordent. Ces infrastructures sont essentielles pour assurer une bonne gestion des eaux usées. Il est donc urgent de les mettre en place. Nous devons également refaire tous les réseaux souterrains de la cité. Ce ne sont pas seulement les canalisations, mais aussi les réseaux électriques et de télécommunication qui doivent être mis à jour. Tout est repensé pour répondre aux besoins modernes. Nous y travaillons depuis une année et nous en prévoyons encore une autre pour finaliser l’ensemble. Nous profitons de cette occasion pour réaménager la surface : certaines rues seront modifiées, ce qui nous permettra de créer une zone 30 pour améliorer la sécurité et le confort des habitants.

JPK : L’un des chantiers les plus importants n’est autre que celui de la rénovation de l’esplanade qui est dans les petits papiers depuis 2005. La première phase du projet a débuté l’an dernier et se poursuivra jusqu’en 2026 : de la cave Saint-Martin jusqu’au centre de Remich en passant par la rénovation du quai des grands bateaux touristiques. Cette partie terminée, nous engagerons la deuxième étape des travaux, à savoir la protection face aux grandes crues du centre vers Bech-Kleinmacher. Puis, la troisième phase de rénovation pourra débuter et se déploiera jusqu’à la maison de retraite.

Nous avons plusieurs projets pour créer des logements abordables mais ceux-ci sont freinés par des questions environnementales ou architecturales

JS : L’an dernier, nous avons aussi effectué la première phase de la restauration de la Place Kons, notre place touristique principale. En septembre, nous débuterons la deuxième, qui inclura la démolition du kiosque existant pour construire une nouvelle structure plus adaptée aux événements comme les marchés et les concerts. Nous ajouterons également un nouveau jeu d’eau pour les enfants et des terrasses modernisées.

RW : Ces chantiers prioritaires arrivent à peu près simultanément et l’objectif sera de bien les gérer afin de ne pas affecter la mobilité et ne pas trop entraver nos transports publics et scolaires.

 

Vous souhaitez aussi mettre en valeur le centre de Remich. Pouvez-vous nous en dire plus ?

JS : Oui. Pour ce faire, nous souhaitons promouvoir la mobilité douce avec la création d’un réseau de chemins pédestres et cyclables au centre de la ville. Nous établirons également une connexion piétonne entre l’esplanade et le parc Brill pour permettre aux touristes de découvrir la vieille ville, ses rues anciennes et ses lieux magnifiques.

RW : Nous avons ajouté des pavés et des parterres de fleurs pour embellir le centre. L’idée est d’encourager nos visiteurs à se promener dans ces charmantes ruelles historiques. Nous voulons rendre ces zones attractives pour les visiteurs et les habitants en y ajoutant des bancs et des plantes pour créer des espaces de détente agréables.

 

La transformation de l’administration communale a démarré récemment…

JS : En effet, l’infrastructure existe depuis plusieurs décennies. Elle ne répond logiquement plus aux exigences actuelles en matière de consommation d’énergie, d’aménagement ou de connectivité. Nos nouveaux équipements informatiques sont performants mais freinés par les problèmes de réseau que rencontre cette ancienne bâtisse. Tout en respectant l’architecture ancienne, celle-ci sera entièrement réaménagée à l’intérieur et mise aux normes à tous les points de vue. Nous avons envisagé d’y créer un ascenseur afin de garantir un meilleur accès aux personnes à mobilité réduite mais notre projet a été refusé en raison des restrictions architecturales.

JPK : Les travaux de rénovation ont démarré le 19 juillet et s’étendront sur deux ans. Durant cette période, nous déménagerons dans un bâtiment où se trouvait une banque et situé à quelques mètres de l’édifice actuel. C’est un projet important pour rendre notre administration plus efficace et plus accueillante car nous souhaitons offrir de meilleurs services à nos citoyens.

 

Un mot sur le campus scolaire qui figure dans le masterplan « Réimech 2035 » ?

JPK : Celui-ci est en partie dédié à l’optimisation des infrastructures communales et à la construction d’un nouveau campus scolaire. « Réimech 2035 » a été développé avec le soutien de la population et des différents corps associatifs professionnels qui composent notre commune afin de proposer une stratégie qui réponde aux besoins de notre population. Le nouveau campus scolaire s’étendra sur 14.500 m². Une crèche, une structure d’accueil pour le précoce et une maison relais y seront notamment construites. L’école pourra accueillir près de 450 enfants.

JS : Ce projet nous permet de rassembler tous les services éducatifs sur un seul et même site. De notre point de vue, éparpiller ces structures dans la commune était une aberration. L’école, qui se situe aujourd’hui près de la route nationale, n’est plus sécurisée en raison des dangers liés au trafic. La maison relais actuelle, mise en service en 2014, est déjà trop petite. Quant à la crèche implantée dans un bâtiment en face de la maison de retraite, elle devrait être démolie car l’immeuble est très ancien. Malheureusement, nous avons dû réévaluer ce projet en raison de contraintes financières qui ont bouleversé les délais et la chronologie des travaux mais nous progressons bien. Notre objectif final est de construire un complexe scolaire complet.

 

Comment remédier aux problématiques budgétaires ?

JS : Nous devons être très prudents avec nos finances, surtout en ces temps économiquement difficiles. Nos projets sont divisés en plusieurs phases et nous visons à réduire leurs coûts sans en compromettre la qualité. Nous privilégions par exemple l’usage de ressources locales, comme le bois, et de techniques de construction durables pour réaliser des économies tout en agissant pour l’environnement.

RW : Nous atteignons déjà 50% des objectifs fixés par le Pacte Climat, ce qui est significatif pour une petite commune comme la nôtre. À ce titre, nous avons par exemple créé, avec les communes de Mondorf-les-Bains et Schengen, une coopérative énergétique locale qui aide à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures publiques. Cette structure est entièrement gérée par les citoyens.

 

Comment abordez-vous la question du logement abordable ?

JS : C’est toujours malheureux de voir nos jeunes habitants quitter la ville et passer de l’autre côté de la Moselle pour s’y installer. Nous avons plusieurs projets pour créer des logements abordables mais ceux-ci sont freinés par des questions environnementales ou architecturales. Nous détenons par exemple une ancienne bâtisse qui a été achetée par nos prédécesseurs. Au lieu d’y créer une habitation, nous souhaitons en établir huit. L’INPA l’a classée et nous ne pouvons a priori donc pas la démolir.

JPK : De plus, une forêt nous appartient dans le secteur Buschland. Dans les années 1960, cette zone avait été validée pour étendre notre commune. Nous avons pour idée d’utiliser cette parcelle pour y établir des logements abordables. Encore une fois, nous étions freinés par le ministère de l’Environnement qui a défini ce lieu comme étant une zone verte. Nous espérons trouver un terrain d’entente avec le nouveau gouvernement pour répondre à la crise du logement.

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