Quelque 60.000 interventions plus tard, Luxembourg Air Rescue célèbre les 35 ans de sa première mission héliportée

C’était un jour de mars 1989 qu’on ne peut dater avec précision car les aléas de l’histoire de LAR en ont fait perdre la trace, comme pour l’inscrire un peu plus dans la légende. Ce jour-là, le Bell B 206 Long Ranger de Luxembourg Air Rescue effectuait son vol inaugural. À l’occasion des 35 ans de ce décollage historique, René Closter, président et fondateur de l’asbl, s’autorise à regarder dans le rétroviseur quelques instants… avant de poser à nouveau son regard franc sur l’horizon !

 

Décollage

Il y a 35 ans, un hélicoptère floqué « Luxemburger Rettungsflugwacht », opéré par la jeune association Luxembourg Air Rescue, fendait le ciel pour la première fois. À son bord, un nourrisson couvert de brûlures à transporter d’urgence de la KannerKlinik du CHL au Centre des grands brûlés de Bruxelles, accompagné par les pionniers du sauvetage aérien au Grand-Duché. La genèse de cette histoire remonte à 1988, lorsque quelques amis pompiers professionnels décident, après qu’un accident de la route a coûté son pied à un enfant de six ans qu’ils n’auront pu emmener à temps à l’hôpital, de mettre en place un service de sauvetage aérien permettant d’atteindre rapidement tout lieu d’intervention. À l’époque, le Luxembourg est dépourvu de système héliporté et dépend de la flotte de ses voisins. « J’avais déjà beaucoup d’interventions à mon actif et je n’étais pas très émotif, mais le soir du drame, en rentrant chez moi, je me suis dit : « Ça passe ou ça casse, mais je vais créer Luxembourg Air Rescue » », se remémore René Closter.

Ce premier vol a démontré que notre hélicoptère serait accepté au Luxembourg

Ne pouvant compter ni sur le soutien du gouvernement, ni sur celui des hôpitaux ou des autorités compétentes, le fondateur de l’asbl part en croisade auprès de diverses organisations de sauvetage européennes. C’est à Stuttgart qu’il fait la rencontre de Siegfried Steiger, à l’origine de la « Deutsche Rettungsflugwacht », qui, après maintes discussions, se résout à aider René Closter en lui louant un appareil et un pilote sous réserve d’obtenir une garantie financière. Éconduit par les banques, celui qui croyait dur comme fer en son projet hypothèque sa maison pour pouvoir louer le Bell B 206 Long Ranger, premier hélicoptère de la flotte de LAR.

La preuve de la légitimité de l’organisation ne se fait pas attendre puisque son vol inaugural a lieu seulement quelques jours plus tard. « Nous n’y croyions pas lorsque la clinique des enfants nous a appelés. Ce premier vol, celui qui a permis de transporter ce bébé grand brûlé, a été assez émouvant pour les jeunes que nous étions. Il nous a aussi démontré que notre hélicoptère était et serait accepté au Luxembourg, malgré le fait que nous n’ayons obtenu aucun appui dans nos premières démarches. Le soutien que nous avons reçu de la part du grand public était très encourageant ; nous avions le sentiment que la population attendait cette aide venue du ciel. Un an après cette première mission, l’asbl comptabilisait déjà quelque 20.000 membres », se souvient son président.

 

Vitesse de croisière

Depuis, LAR a effectué 60.000 autres interventions. 12 de ses appareils – 7 hélicoptères et 5 avions – parcourent le monde ou stationnent alternativement sur le tarmac du Findel, prêts à sauver des vies. « Je peux dire que nous jouons désormais dans la cour des grands. Nous comptons aujourd’hui parmi les leaders mondiaux du rapatriement sanitaire. Nous sommes d’ailleurs transporteurs d’organes pour la France et les seuls au monde à transporter des nouveau-nés », précise René Closter.

Ce succès, c’est celui d’une poignée de volontaires qui s’est muée en « une sorte de PME luxembourgeoise à but humanitaire » employant aujourd’hui près de 200 personnes. « « Our people make the difference » est notre slogan. On ne travaille pas chez LAR, on est chez LAR. Chacun de nos collaborateurs, qu’il soit réceptionniste, secrétaire ou comptable, a déjà participé à un rapatriement, car on ne peut pas vivre Air Rescue si on ne connaît pas le produit. Or, notre produit, c’est de sauver des vies humaines, et nos employés sont les meilleurs que l’on puisse imaginer pour le faire. Cette grande famille est ma plus grande fierté », déclare le « père fondateur » de l’organisation.

 

Plan de vol

Quand on l’interroge sur l’avenir de l’asbl qu’il a fondée, René Closter en appelle au dynamisme : « Dans la vie, nous sommes non seulement responsables de ce que nous faisons, mais aussi de ce que nous ne faisons pas. C’est ma philosophie. C’est ainsi que j’ai travaillé et que j’ai essayé de faire avancer l’organisation. Quand vous vous arrêtez, vous ne faites pas du sur-place ; en réalité, vous commencez à reculer. Les gens aiment les défis, il faut les motiver à se développer. C’est la grande force de notre organisation, celle qui fait que nous n’allons pas nous arrêter là », dévoile-t-il.

De fait, les technologies évoluent, aussi bien dans la médecine que dans l’aviation, et l’asbl a bien l’intention de rester à la pointe. Conjointement avec les Laboratoires Réunis, POST Luxembourg et Santé Services, Luxembourg Air Ambulance S.A., filiale de LAR, développe un système de transport de prélèvements médicaux par drones. Les vols tests sont prévus pour le deuxième semestre de cette année. L’entreprise entend également poursuivre le développement de sa flotte et attend la livraison de son deuxième grand avion, actuellement appareillé à Wichita, au Kansas. Parallèlement, les équipes d’Air Rescue s’investissent dans la formation. Elles font profiter les médecins et infirmiers des armées belge, française et néerlandaise de leur salle de simulation, leur permettant ainsi de réaliser des exercices pratiques. Elles initient aussi les pilotes, stewards et hôtesses de Luxair, Cargolux et quelques autres sociétés aux premiers secours dans des situations d’urgence médicale.

« LAR n’est pas une société commerciale. Tout ce que gagne l’organisation, elle le réinvestit dans l’intérêt de ses membres et patients, comme en témoignent ces quelques exemples. Après l’incendie qui a ravagé l’équivalent de 2 millions d’euros de matériel médical, nous avons plus que jamais besoin du soutien de nos membres. Sans eux, il n’y a pas d’Air Rescue », conclut René Closter.

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