12e Biennale d’art contemporain à Strassen
C’était un pari audacieux lancé en 2001, mais 23 ans plus tard, c’est un pari gagnant : du 11 au 26 mai prochain, Strassen accueillera la 12e édition de sa Biennale d’art contemporain au Centre culturel Paul Barblé. Nous avons rencontré Betty Welter-Gaul et Nico Pundel, respectivement échevine et bourgmestre de la commune, pour évoquer notamment les nouveautés de ce rendez-vous incontournable de la scène artistique luxembourgeoise et de la Grande Région.
Que nous réserve cette 12e édition de la Biennale d’art contemporain de Strassen ?
BWG : C’est une édition marquée par la nouveauté puisque, pour la première fois, nous avons imposé un thème aux participants : celui de la durabilité. Cette décision a eu pour conséquences de limiter le nombre de candidatures et de simplifier la sélection des artistes retenus. Par le passé, nous recevions plus de 200 candidatures, ce qui représentait une quantité de travail faramineuse pour l’équipe. Cette année, 62 dossiers nous sont parvenus, ce qui est déjà bien plus « raisonnable ».
La deuxième grande nouveauté concerne le jury, dans lequel ne figure aucun politicien. Il sera uniquement composé de jurés issus de la société civile. Il sera présidé par Marc Thill, accompagné de Danièle Wagener, Nathalie Becker, Victor Tricar et Joël Meiers.
NP : Ces changements sont d’excellentes initiatives qui permettront d’affiner encore la sélection des œuvres, bien que le niveau fût déjà très élevé lors des éditions précédentes. Je crois qu’il est bon de modifier le schéma de fonctionnement de ce type d’événement de temps à autre. Cela apporte de la fraîcheur, de la nouveauté, et renouvelle sans cesse l’esprit de l’événement.
Comment s’opèrent la présélection et la sélection finale des œuvres ?
BWG : Cette année, la présélection s’est effectuée sur dossier et photographies des trois œuvres envoyées par chaque artiste. 30 d’entre eux ont été présélectionnés par le jury qui opère ensuite une sélection finale des œuvres qui seront présentées lors de la Biennale.
Pour la première fois, nous avons imposé un thème aux participants : celui de la durabilité
NP : Il y a deux ans, près de 200 personnes s’étaient déplacées, en louant parfois des camionnettes, afin de venir présenter leurs œuvres. Tous ces gens avaient les yeux brillants d’excitation et de fierté, c’était un spectacle magnifique ! Une belle récompense pour nous, même si, bien sûr, nous ne pouvons pas sélectionner tout le monde à la fin.
BWG : Les goûts du jury, toujours différent, font évoluer les sélections d’une édition à l’autre. Les critères portent évidemment sur la technicité, mais aussi l’impact global d’une œuvre. Je me souviens aussi d’une Biennale où le premier prix n’a pas été remporté. Le jury avait estimé qu’aucune des œuvres ne se démarquait particulièrement.
Ce thème imposé, la durabilité, à quoi correspond-il concrètement ?
BWG : C’est en effet une thématique très large qui englobe de nombreux sujets. Il suffit de consulter la définition du dictionnaire pour s’en convaincre. Il nous semblait que cette thématique était plus que jamais d’actualité et que l’art est un vecteur fort pour porter un message en lien avec la protection de l’environnement, pour repenser notre manière d’être au monde.
Pour les artistes, cela implique à la fois l’utilisation de matériaux durables pour la réalisation de leurs œuvres, tout comme de s’appliquer à traiter un sujet en lien avec la durabilité. Finalement, je pense que cela devrait nous permettre de découvrir des œuvres très différentes, abordant des sujets variés.
L’événement est né en 2001, avec quelles ambitions ?
BWG : Il faut ici souligner la volonté de Gaston Greiveldinger (bourgmestre de la commune de 2007 à 2021) qui souhaitait élargir le rayonnement culturel de Strassen. C’est ainsi qu’est née la Biennale, en alternance une année sur deux avec le Stroosefestival, festival des arts de la rue et de musique.
NP : En effet, il faut rendre hommage à Gaston qui est un véritable passionné d’art. Son état d’esprit a marqué cette Biennale et y est étroitement lié.
Cette manifestation a aujourd’hui un rayonnement culturel qui excède les frontières du Luxembourg et de la Grande Région. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
NP : Lorsque l’on commence ce type d’initiative, on ne sait jamais s’il trouvera les faveurs des participants ou du public. En revanche, nous y croyions fermement et nous avons donc travaillé dur pour proposer un événement de la meilleure qualité possible.
BWG : Les débuts n’étaient pas simples ! Nous avons appris avec les années et nous nous sommes améliorés progressivement et à tous les niveaux. Je me rappelle que, lors de la première édition, nous avions imposé des tailles pour les œuvres, avant que Danièle Wagener, qui était dans le jury, ne nous dise que ce type de critère n’était pas convenable vis-à-vis des artistes !
Au-delà de la dimension strictement culturelle, qu’apporte cet événement ?
NP : C’est un événement phare de notre commune, c’est une évidence. Nos administrés, et tous nos visiteurs d’ailleurs, apprécient notre engagement et notre courage de proposer ce type de manifestation. Toutes les communes ne proposent pas d’événement de ce genre !
C’est une façon de créer du lien au sein de la Grande Région et au-delà, d’inviter les gens à échanger
C’est aussi une façon de créer du lien au sein de la Grande Région et au-delà, d’inviter les gens à échanger. Il y a toujours une belle ambiance festive qui sort tout un chacun de son quotidien. Je tiens d’ailleurs à remercier toutes nos équipes impliquées dans la mise en place et l’organisation de cet événement. Elles fournissent un travail considérable pour en faire une réussite à chaque fois.
Pouvez-vous revenir sur les récompenses à remporter cette année ?
BWG : Le premier prix s’élève à 4.000 euros, le prix spécial du jury est de 2.500 euros et le prix d’encouragement est de 1.500 euros ainsi qu’une exposition des œuvres.
Nous achetons aussi parfois certaines œuvres, pas forcément le premier prix, pour les exposer dans nos locaux.
Et demain, cet événement est-il destiné à se développer davantage ?
BWG : L’espace disponible limite en quelque sorte nos ambitions ! Avec une plus grande superficie nous pourrions présenter plus d’œuvres, c’est sûr, mais cela poserait alors certaines contraintes quant à la logistique et, notamment, aux assurances. Les œuvres ne nous appartiennent pas et nous devons mettre en place un service de sécurité 24h/24 durant la Biennale. Chaque année, nous revoyons de toute façon le dispositif intégralement pour améliorer ce qui doit ou ce qui peut l’être.