Entre clarté et transparence, le premier cloud souverain d’Europe est luxembourgeois
L’Europe et le Luxembourg sont en passe de reprendre le contrôle d’une partie de leur vie numérique avec le lancement de Clarence, contraction de « clarté » et « transparence », le cloud souverain déconnecté issu de la joint-venture entre Proximus Luxembourg et LuxConnect. Gérard Hoffmann, CEO de Proximus Luxembourg, présente les fonctionnalités du cloud souverain offert par Clarence et revient sur ses multiples avantages pour les clients des secteurs public et privé.
Qu’est-ce que le cloud souverain et comment fonctionne-t-il ?
Notre cloud souverain est installé sur deux data centres et est basé sur la solution « Google Distributed Cloud Hosted ». Nous nous sommes alliés à LuxConnect pour proposer ce type de service. Cette plateforme reprend la quasi-totalité des fonctionnalités du cloud public actuel, mais avec un accent mis sur celles dites « cloud native » qui concernent des domaines tels que l’intelligence artificielle, l’analyse de données, etc.
En d’autres termes, nous opérerons localement la technologie de Google avec la certitude qu’aucune donnée ne sortira des data centres de LuxConnect. C’est ce qui confère à notre cloud sa souveraineté.
N’y a-t-il pas un paradoxe à évoquer un cloud souverain au Luxembourg alors qu’une technologie américaine telle que Google est utilisée ?
Non, car il existe en réalité trois dimensions de souveraineté dans le cadre de notre cloud. La première concerne celle des données et de leur résidence. Celles-ci sont intégralement stockées dans les data centres Tier IV de LuxConnect à Luxembourg. Le droit local luxembourgeois s’applique donc ici. Elles sont anonymisées et Google n’y a pas accès. En résumé, le géant américain ne connaît pas l’identité du client derrière les données.
Nous sommes parvenus à sortir de la juridiction américaine pour être à 100% européen
La seconde est la souveraineté opérationnelle puisque Clarence sous-traite à Proximus (et plus particulièrement à sa marque B2B Telindus) la gestion de la plateforme. Ainsi, Google ne peut pas l’éteindre ou la désactiver pour restreindre l’accès aux données à nos clients.
La dernière est la souveraineté technologique. Bien que le logiciel soit issu de Google, ses composantes sont contrôlées localement par nos soins ce qui permet d’exécuter l’ensemble des charges de travail tout en conservant son indépendance.
Un cloud souverain tel que Clarence possède-t-il des infrastructures qui lui sont propres ?
Bien sûr, les data centres sont situés chez LuxConnect. Nos clients doivent seulement disposer d’une connexion à ce cloud, et ce grâce à des racks complétement dédiés à cela. De plus, cette plateforme permet d’isoler physiquement chaque client final grâce à des serveurs séparés qui empêchent ainsi la « contamination » de données.
Quels sont les autres avantages du cloud souverain ?
Outre la déconnexion qui est l’avantage principal, la solution est une plateforme à l’avant-garde de la technologie. Elle est en mesure d’accueillir des fonctionnalités de type LLM (Large Language Model), comme l’intelligence artificielle, contrairement aux autres plateformes sur le marché. C’est un point important à souligner notamment car le poids d’une technologie, qui peut considérablement impacter son stockage, diminue à mesure que celle-ci évolue. Aujourd’hui, de telles innovations ne nécessitent plus forcément de grandes infrastructures de stockage et peuvent être installées dans des data centres de plus petite envergure au Luxembourg. Il y a encore dix ans, ce n’était pas possible !
Évoquons également l’aspect législatif. Nos clients bénéficient de toutes les innovations possibles tout en étant sous juridiction luxembourgeoise. En effet, nous sommes parvenus à sortir de la juridiction américaine pour être à 100% européen. Peu d’acteurs peuvent offrir ce cadre réglementaire alors que la prise de conscience concernant l’importance de la souveraineté digitale prend de plus en plus d’ampleur. Le Luxembourg jouit aussi d’une bonne réputation à propos de sa stratégie digitale, reconnue comme efficace à l’international. Par le passé, le Grand-Duché avait investi dans les satellites, aujourd’hui, il fait le même pari avec le cloud souverain et devient ainsi pionnier dans cette technologie.
Le cloud souverain s’adapte-t-il à toutes les demandes des clients ?
Si nous nous basons sur ce qu’il est possible de réaliser avec les technologies actuelles, alors la réponse est oui. Le cloud souverain s’adapte à une très grande variété de besoins, notamment en ce qui concerne le traitement des données de fonctionnalités liées à l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, nous retrouvons des données de tout type qui sont parfois hautement confidentielles et qui touchent directement les citoyens. Je pense, par exemple, au domaine de la santé. Avoir recours au cloud public pour l’utilisation de ces données peut être dangereux. C’est notamment pour éviter ce risque de fuite que nous avons décidé de créer cette solution. Nous élargissons donc les possibilités pour nos clients issus du secteur privé ou public. Par exemple, une entreprise qui désire protéger ses données au niveau d’une chaîne de production est assurée de détenir un véritable contrôle sur celles-ci, car la solution proposée via Clarence est, en quelque sorte, une extension de leur informatique interne.
Nous sommes intimement persuadés que de plus en plus de clients se tourneront vers ce type de cloud à l’avenir, en particulier parce que celui-ci propose à la fois une sécurité optimale des données et un cadre juridique renforcé par la réglementation européenne.
Clarence, le résultat de la joint-venture entre Proximus Luxembourg et LuxConnect.
Gérard Hoffmann et Paul Konsbruck, CEO de LuxConnect, sont tous les deux administrateurs délégués de Clarence, la nouvelle structure qui abrite le cloud souverain. Elle est sous contrôle de l’État luxembourgeois avec LuxConnect et de l’État belge avec Proximus.