8 octobre 2023: opération séduction

Dans le paysage politique luxembourgeois, le scrutin du 11 juin dernier avait des allures de premier rendez-vous: une occasion de vérifier que l’alchimie opère avec l’électeur. S’il a pu faire figure de préliminaires à certains égards, chacun est néanmoins conscient que politiques nationale et locale répondent à des enjeux tantôt similaires, certes, mais tantôt bien différents. Les seuls résultats des communales ne sauraient donc présager des intentions de vote. Ces législatives représentent ainsi une autre chance de séduire l’électorat.

Depuis le lancement de la campagne, il y a des mots qui sont sur toutes les lèvres, peu importe leur sensibilité politique: logement, fiscalité, pauvreté, transitions environnementale et digitale, indépendance, résilience… et beaucoup sont appréhendés sous le prisme de la compétitivité et de l’attractivité. Car force est de constater que ces derniers indicateurs accusent un recul qui inquiète, faisant de ces questions les véritables mots-clés de ces élections. Le Luxembourg, qui n’avait jamais été classé en deçà de la 15e place au World Competitivess Yearbook de l’institut suisse IMD, dégringole à la 20e position du classement 2023, une chute brutale de 7 étages par rapport à l’année passée. Ce déclin, l’Observatoire de la compétitivité le constatait déjà en mars, affirmant que le pays pouvait mieux faire sur «le coût de la main-d’œuvre, l’évolution des prix, la compétitivité sur le plan fiscal, les pratiques managériales de gestion d’entreprise ou encore l’évolution de la productivité».

Majorité et opposition dressent chacune leur bilan de la législature écoulée, mais là où il est évident que le gouvernement sortant a failli (en maintenant l’analyse sous le prisme de la compétitivité), c’est sur la question de la réforme fiscale. La tripartite refile tout bonnement la patate chaude à la nouvelle coalition qui aura à se mettre d’accord sur l’individualisation de l’impôt – une mesure qui, selon l’Union des entreprises luxembourgeoises, devrait soutenir le taux d’emploi et contribuer à pallier la pénurie de main-d’œuvre – et à faire de la fiscalité un outil au service des grands objectifs du pays.

Les Luxembourgeois, de plus en plus inquiets, attendront aussi du nouvel exécutif qu’il déclenche une véritable offensive en matière de logement. Est-il nécessaire de rappeler que, dans le contexte actuel, certains sont obligés de traverser les frontières pour s’assurer un toit au-dessus de la tête, quand d’autres, que le pays tente pourtant bien d’attirer pour garantir sa croissance, se trouvent en incapacité de les franchir pour la même raison?

Au défi du siècle, les élus ne pourront pas échapper non plus. La lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement sont déjà une fin en soi. Mais sans économie vert(ueuse), point d’attractivité, que ce soit vis-à-vis des talents ou des capitaux. Or, d’autres, notamment outre-Atlantique, ont déjà déclenché l’offensive pour s’assurer d’importants avantages concurrentiels dans la course à la transition.

Autre transition, autre défi pour le prochain gouvernement: la numérisation. Si le Grand-Duché ambitionne de devenir une «Digital Nation», «il pêche encore concernant l’intégration de la technologie numérique dans les entreprises et dans les services publics, et ce malgré l’existence de nombreuses initiatives», remarquait le directeur général de la Chambre de Commerce pas plus tard qu’à l’été 2022. Or, ajoutait Carlo Thelen sur son blog, «l’attractivité du Luxembourg dépend de l’existence sur son territoire d’entreprises à la pointe des solutions et applications digitales les plus efficaces et de services publics agiles, digitalisés et précurseurs, agissant comme autant de signaux positifs envers de potentiels investisseurs ou talents».

Et, pour clore ce survol et ouvrir ce numéro consacré à la formation et à la mobilité, comment ne pas évoquer les défis que soulèvent ces deux matières? Leurs failles sont autant de freins à la compétitivité d’un point de vue macro qu’au bien-être individuel au niveau micro.

Ce dimanche 8 octobre, les Luxembourgeois pénétreront dans l’intimité de l’isoloir avec en tête les préoccupations qui leur sont propres et auxquelles les élus de leur cœur devront apporter les solutions qui s’imposent. Car on ne badine pas avec la politique: il faut que le programme séduise pour qu’élus et électeurs s’engagent pour cinq ans de vie commune.

 

Par Adeline Jacob

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