Differdange, entre paysage urbain et scène culturelle
Depuis la prise de fonction de l’équipe dirigeante, le panorama urbain de la Ville de Differdange, qui s’est vu redessiné suite à l’émergence de nombreux chantiers, a bien changé! N’en déplaise à Tom Ulveling, échevin aux bâtiments publics, qui a multiplié les projets pour que les infrastructures communales épousent au mieux l’évolution de la population. Par ailleurs, le 1er échevin, également en charge de la culture, a eu à cœur d’élargir les horizons culturels des Differdangeois, mis à l’honneur l’année dernière dans le cadre de la Capitale européenne de la Culture. Retour sur quelques grands projets en la matière.
Dans l’accord de coalition 2017-2022, la majorité affirmait sa volonté de proposer la «culture pour tous» en misant sur la participation des enfants et des jeunes et en promouvant les échanges interculturels et intergénérationnels. Qu’avez-vous pu réaliser en ce sens?
Presque tout ce que nous désirions. En tant qu’échevin, ce qui m’importe c’est que la culture soit immersive et participative. C’est pourquoi j’ai tenu à amener la culture auprès des citoyens, par exemple en déplaçant des sculptures dans les différents quartiers. J’ai également voulu donner l’opportunité aux habitants de prendre part au processus de création culturelle. Grâce à Esch2022, Capitale européenne de la Culture, nous avons eu la chance de mener de nombreux projets et d’expérimenter de nouvelles approches immersives et participatives. Dans ce cadre, nous avons invité les Differdangeois à partager leurs idées pour la transformation de leur quartier. Afin d’élargir les horizons des jeunes, nous avons notamment organisé des stages de football ou de handball dans différentes villes jumelées, un moyen de leur faire découvrir d’autres cultures.
Nous concevons également la culture comme un facilitateur d’intégration et organisons des événements susceptibles de parler à chacune des nationalités qui composent notre communauté, comme un festival du film italien pour ne citer qu’un exemple. Promouvoir les échanges interculturels n’est pas chose aisée mais nous y travaillons!
Vous souhaitiez également mettre en valeur l’histoire de la commune. Quels types d’initiatives avez-vous pris à cet égard?
C’était un processus assez long mais qui a finalement abouti. Tout d’abord, nous avons rénové tous les mémoriaux dressés sur notre sol, comme le monument Hondsbësch ou la Croix de la Peste. Dans quelques semaines, nous inaugurerons également un mémorial de la grève du 2 septembre 1942 hors les murs d’ArcelorMittal. Pour rendre accessible ce monument qui a été érigé à l’intérieur de l’enceinte de l’usine à l’origine, nous en avons réalisé une copie conforme que nous accolerons au dos de l’original, dans un petit parc situé à proximité de l’entrée principale. Il sera ainsi accessible à tous, notamment aux jeunes et aux élèves des écoles alentours. Le lieu de mémoire intégrera également un panneau explicatif sur l’histoire de l’usine de ses débuts à nos jours. Précédemment, nous avions déjà disséminé dans la commune des panneaux de ce type narrant l’histoire de personnalités differdangeoises qui se sont distinguées ou qui ont contribué à donner une image de marque à la ville. L’un d’entre eux retrace la vie de John E. Dolibois à qui nous devons l’implantation du campus de la Miami University, par exemple.
Comme dix autres communes de la région Sud et huit communes françaises frontalières, Differdange a été désignée Capitale européenne de la Culture 2022. Pouvez-vous revenir sur le programme mis en place dans ce cadre?
Ce qui m’importe c’est que la culture soit immersive et participative
30 projets culturels supplémentaires ont vu le jour spécialement pour Esch2022. Citons notamment la création d’une scène de théâtre au Lommelshaff, des stages pour jeunes, le Diff Dance, des concerts, un impressionnant spectacle son et lumière sur l’église rénovée de Lasauvage, etc. Ces événements, qui ont coûté à la Ville la somme de 1,2 million d’euros, ont globalement rencontré un grand succès bien qu’ils n’aient peut-être pas eu le rayonnement international escompté. Le public était essentiellement composé d’habitants de la commune ou des localités limitrophes. Esch2022 n’a eu qu’une portée régionale, ce qui est dommage puisque l’idée de la Capitale européenne de la Culture est de promouvoir un territoire par-delà ses frontières, mais qui n’enlève rien à la qualité du programme proposé!
En parallèle, dans le cadre du programme Man & Biosphere et en vue d’accueillir les visiteurs d’Esch2022, nous avons créé un gîte étape à Lasauvage, aux abords du sentier de randonnée du Minett-Trail. C’est un des projets qui survivra à l’événement, comme celui du théâtre immersif et participatif de Lommelshaff.
Les bâtiments publics relèvent également de vos attributions. Avant d’évoquer quelques projets spécifiques, pourriez-vous revenir sur «le standard pour la construction et l’exploitation de bâtiments publics» que les partenaires de coalition projetaient d’établir?
Nous avons consigné nos exigences dans une sorte de guide pratique que nous transmettons aux maîtres d’œuvre. Globalement, nous y avons indiqué notre intention de privilégier le bois au béton au niveau des structures ou au PVC dans les menuiseries, notre volonté de recourir à des matériaux qui puissent être facilement recyclés une vingtaine d’années après leur mise en œuvre ou encore notre ambition d’installer des panneaux photovoltaïques là où c’est possible. Naturellement, ces exigences rendent les projets plus onéreux et nous avons parfois dû faire des concessions en raison de la conjoncture actuelle.
Par ailleurs, nous sommes occupés à créer, pour chaque bâtiment communal, une charte qui nous renseigne aussi bien sur les réparations effectuées ou à réaliser que sur les frais liés à l’approvisionnement en eau, en électricité, en chauffage, etc. Cette forme de monitoring nous permettra d’identifier exactement combien nous coûte (ou éventuellement nous rapporte) chaque édifice et de déterminer comment réaliser des économies.
Souhaitez-vous évoquer l’un ou l’autre grand projet public?
Précisons qu’il faut distinguer les projets que nous menons pour la commune de ceux que nous réalisons pour le compte de l’État. Pour ce dernier, nous avons dû construire tout le campus de l’École internationale Differdange et Esch-sur-Alzette (EIDE) avec son école primaire, son lycée et une structure intermédiaire, ainsi que le nouveau commissariat de police qui est aujourd’hui en phase d’achèvement. L’État a confié la réalisation de ces projets à la commune car il estime qu’elle est la mieux placée pour les mener à bien. Bien entendu, il s’agit d’une opération nulle pour la Ville de Differdange puisque tous les frais (notamment de prêt et de personnel) sont entièrement à charge de l’État.
Si j’avais la chance de rempiler pour un nouveau mandat, j’aimerais réaliser l’agrandissement de l’hôtel de ville
En parallèle, la commune a mené de nombreux projets de construction pour son propre compte, notamment en ce qui concerne les infrastructures scolaires et sportives. Depuis ma prise de fonction, je mise à la fois sur des projets neufs et sur la rénovation et la mise en conformité du bâti existant. Nous avons par exemple construit la nouvelle école de Mathendahl et nous rénovons et agrandissons l’école de filles de Niederkron et l’école Um Bock d’Oberkorn pour accompagner la croissance de notre population. En plus de reconstruire le hall sportif de l’école Um Bock, nous rénovons le hall omnisport John-Scheuren devenu vétuste. Le stade Thillebierg, qui a eu 100 ans l’année dernière, va aussi faire l’objet d’importants travaux: nous en sécuriserons l’enceinte, qui est assez unique, rénoverons la pittoresque tribune à l’anglaise et agrandirons les vestiaires.
En parallèle, nous avons également érigé la salle polyvalente Hall O où s’organisent des événements culturels, des fêtes, des marchés ou des foires. De plus, nous dirigeons un vaste chantier à Niederkorn où sera érigé le CID. L’idée est de regrouper tous nos services techniques sur un seul et même site. Les ateliers dont nous disposons actuellement ont été conçus pour accueillir 80 employés, mais nous en avons aujourd’hui plus du double! Le coût du projet est évalué à 75 millions d’euros.
Malheureusement, nous avons aussi été contraints d’abandonner un de nos grands projets. En raison de la pandémie et d’un manque de moyens, le projet d’élargissement de l’hôtel de Ville a été mis à l’arrêt. Les plans étaient prêts et prévoyaient la mise en conformité de l’édifice actuel et une extension devant permettre de rassembler tous nos services en un lieu unique pour le confort de la population. Si je suis personnellement favorable à la concrétisation de ce projet, il reviendra à la nouvelle coalition de décider de son avenir.
Quel bilan pouvez-vous dresser de vos actions dans les domaines qui relèvent de vos attributions?
Je n’ai personnellement aucun regret: j’ai fait tout ce que j’ai pu avec les moyens qui étaient à ma disposition, sans trop m’avancer dans des emprunts qui coûteraient les yeux de la tête à la commune ou qui hypothèqueraient l’équipe qui nous succèdera. Bien sûr, il y a toujours à faire et on ne réalise jamais tout ce qu’on avait prévu, mais nos priorités ont été concrétisées: tous les grands projets d’infrastructures communales ont été réalisés. La population dispose désormais d’installations scolaires et sportives adaptées. Nous n’avons donc pas chômé! Pour faire davantage, nous aurions dû disposer de plus de moyens, mais il faut dire que la pandémie nous a forcés à revoir certains budgets. Si j’avais la chance de rempiler pour un nouveau mandat, j’aimerais réaliser l’agrandissement de l’hôtel de ville.