Un vent de nouveauté souffle sur LAR
Depuis 1988, Luxembourg Air Rescue (LAR) sauve des vies au Grand-Duché et intervient pour le rapatriement en transport aérien médicalisé aux quatre coins de la planète. Depuis peu, l’asbl a réceptionné une nouvelle machine au sein de sa flotte d’avions et prévoit de faire très prochainement de même pour celle des hélicoptères. Le tout s’inscrit dans son plan stratégique 2023-2027. Explications avec Frank Halmes, Chief Executive Officer de LAR.
Vous avez récemment réajusté votre stratégie quant à vos flottes d’avions et d’hélicoptères de sauvetage. Quelles en sont les raisons?
Toute société doit savoir quels sont ses objectifs et quel est son plan pour les atteindre. En ce sens, nous avons élaboré un plan stratégique – «notre plan de vol» – pour les cinq années à venir. Celui-ci a pour but le développement et l’amélioration continue des services offerts à nos membres, nos patients et nos clients. Il comprend cinq axes principaux, dont un qui concerne les avions: nous souhaitons remplacer notre flotte existante constituée de Learjet depuis plus de quinze ans par des Challenger 605, c’est-à-dire des avions long-courrier. L’implémentation de cette partie du plan de vol est en cours depuis l’an dernier et nous entamerons très prochainement le deuxième volet qui a pour objet le renouvellement partiel de notre flotte d’hélicoptères.
Une première machine arrivera en ce mois de juin et une seconde suivra cet automne. Nous avons opté pour l’acquisition de deux appareils dans un premier temps car un hélicoptère nécessite une maintenance importante et régulière, il est donc souvent indisponible. Ce choix nous permet de garantir nos services offerts tous les jours de l’année. Ces nouveaux modèles, des H145 D3, remplaceront partiellement notre ancienne flotte constituée de cinq MD902. Ces derniers ne sont malheureusement plus produits. Les MD902 ont été développés il y a plus de vingt ans. Une modernisation était donc indispensable.
Quelles nouveautés apportent ce modèle dernier cri?
La différence est particulièrement remarquable au niveau du cockpit. Nos hélicoptères, contrairement aux avions, sont dirigés en mode monopilote, c’est-à-dire par une seule personne aux commandes sans le soutien d’un copilote. Grâce au nouveau modèle, celle-ci sera notamment aidée par la technologie moderne de l’autopilote quatre axes. Tous nos pilotes sont dorénavant qualifiés pour le vol aux instruments (IFR). Ce dernier, contrairement au vol à vue qui était en vigueur auparavant, permet de naviguer dans des conditions météorologiques limitant la visibilité, tout comme les avions.
Bien sûr, les Airbus H145 sont également équipés de deux moteurs plus puissants. Cet élément peut paraître quelque peu anodin, il est pourtant essentiel car les équipes médicales emportent de plus en plus de matériel pour venir toujours au secours des personnes.
Pour finir, la cabine est bien plus spacieuse, ce qui permettra aux soignants de disposer d’un meilleur accès au patient lors du transport.
L’acquisition des Airbus H145 vous a-t-elle demandé certains ajustements, par exemple pour la formation de vos pilotes ou de vos services de maintenance?
Tout à fait! Le remplacement de notre flotte est un projet d’envergure, pas uniquement en termes d’investissement. Nos pilotes avaient besoin d’une nouvelle qualification, ainsi que nos techniciens, nos ingénieurs, mais aussi les TCM (Technical Crew Member). Ces derniers sont des infirmiers qui disposent des compétences nécessaires pour assister le pilote durant le voyage aller. Toutes les équipes assignées au pilotage ont pu être formées en interne. Nous disposons de notre propre ATO (Approuved Training Organisation) pour pilotes et TCM: nous nous occupons de la partie théorique et puis nous envoyons les concernés dans un simulateur en Allemagne pour la partie pratique.
Notre plan stratégique 2023-2027 a pour but l’amélioration continue des services offerts à nos membres, nos patients et nos clients
Certains équipements ont également dû être adaptés, notamment les bouteilles d’oxygène. Les nouvelles machines disposent d’armoires d’un format différent des anciennes. Nous avons donc réorganisé notre stock en conséquence. Les anciennes ne seront pas jetées, elles serviront pour nos plus vieux modèles. D’ailleurs, les anciens hélicoptères qui seront remplacés par les H145 D3 ne seront pas vendus mais démontés pour servir de pièces détachées et mis à disposition du service technique.
Ce renouvellement dans votre flotte représente l’un des plus importants investissements de l’histoire de LAR. Comment a-t-il été rendu possible?
LAR repose sur plusieurs piliers de financement. Le principal est celui des membres et des donateurs. Sans eux, le sauvetage aérien au Luxembourg aurait tout simplement cessé, ou tout du moins ne se serait jamais développé. Nous sommes donc particulièrement reconnaissants de la fidélité de nos 180.000 membres surtout en temps de crises. Le 2e pilier est celui des activités d’intérêt général que nous accomplissons pour le SAMU et le transfert de patients entre hôpitaux qui, eux, sont partiellement rémunérés par la CNS. Finalement, en récompense des activités d’intérêt général, nous obtenons chaque année une aide financière sous forme de subside de l’État. En ce moment, nous sommes en pourparlers avec notre ministère de tutelle, le ministère de l’Intérieur, afin qu’il nous octroie une aide à l’investissement comme l’obtiennent normalement les sociétés commerciales de la part du ministère de l’Économie.
Un autre pilier de la nouvelle stratégie porte sur l’affiliation LAR. Quels en sont les objectifs pour l’avenir?
Dans un avenir plus ou moins proche, nous souhaiterions nous adresser davantage aux étrangers vivant au Luxembourg ainsi qu’aux frontaliers parce que, grâce à notre collaboration avec le CGDIS et nos relations avec les pays voisins, nous espérons être capables d’offrir nos services dans toute la Grande Région, comme nous le faisons depuis plus de quinze ans en Rhénanie-Palatinat et Sarre. Nous encourageons également les chefs d’entreprise à souscrire une affiliation LAR au profit de leurs salariés dans le cadre de leur politique RSE.