L’apprentissage, une plus-value pour les apprenants et les formateurs

Dans le vaste écosystème de la formation professionnelle, la Chambre des salariés a pour mission de défendre les intérêts des apprentis. Afin d’évaluer leur satisfaction et celle des entreprises, elle a commandité, avec les autres chambres professionnelles compétentes, une étude sur la situation de l’apprentissage au Luxembourg. Françoise Schmit, conseillère de direction à la CSL, présente ses principaux résultats et rappelle la plus-value de la formation duale, alternant enseignement en milieu scolaire et en entreprise, pour tous les secteurs, public et privé confondus!

 

Au Grand-Duché, la formation professionnelle est organisée par le ministère de l’Éducation nationale en partenariat avec les chambres professionnelles. Ensemble, ces acteurs analysent et définissent les besoins, l’offre et l’organisation de la formation. Dans le cadre d’une formation duale, comme l’est l’apprentissage, les chambres patronales défendent les intérêts des patrons-formateurs, alors que la CSL, elle, garantit ceux des apprentis. «C’est dans ce contexte que nous nous intéressons à la perception de l’apprentissage. Nous nous sommes inspirés d’études réalisées à l’étranger pour commanditer une enquête à l’Université du Luxembourg. Notre objectif était d’identifier la plus-value de l’apprentissage à la fois pour les entreprises-formatrices et pour les apprentis, mais aussi de recueillir leur avis sur divers sujets tels que leur satisfaction générale, leurs motivations, les raisons d’un éventuel décrochage ou encore le programme de formation», introduit Françoise Schmit.

 

Une formation qui donne largement satisfaction

Un questionnaire a alors été soumis à 2.929 apprentis sous contrat et 2.094 entreprises-formatrices. Sur base de leurs réponses, les experts de l’Université ont dressé un bilan très positif. Selon le rapport, l’apprentissage en entreprise est vu comme une plus-value pour la formation professionnelle par 90% des répondants, preuve s’il en faut que les principaux intéressés adhèrent au principe de la formation duale. Les apprentis ont avancé comme principaux motifs de choix de leur apprentissage le plaisir d’exercer une activité manuelle et les perspectives professionnelles. «Nous avons été quelque peu étonnés par les bons résultats de l’enquête qui a notamment révélé que les jeunes choisissent délibérément le métier auquel ils se forment. On est donc loin de l’image de «dernier choix» qui peut coller à l’apprentissage dans une logique d’orientation par l’échec. C’est tant mieux car, en suivant cette voie, les possibilités de construire une belle carrière sont multiples. Des études suggèrent d’ailleurs que les jeunes qui ont suivi une formation duale sont ensuite très bien positionnés sur le marché du travail», confie Françoise Schmit.

Et pour cause: si les entreprises qui font le choix de former des apprentis évoquent des motivations altruistes, comme offrir une opportunité d’apprentissage aux jeunes, la plupart d’entre elles ont aussi et surtout des motivations d’ordre stratégique: elles y voient une opportunité de former la main-d’œuvre qualifiée dont elles manquent ou encore d’assurer une certaine continuité. Un pari réussi puisque l’étude révèle qu’après l’obtention de leur diplôme 76% des apprentis souhaitent poursuivre une carrière dans le métier auquel ils ont été formés et que 66% des entreprises interrogées parviennent à embaucher leur apprenti après sa formation. Quant à la CSL, elle encourage toujours les apprenants à prolonger leur parcours: «À nos yeux, il est important que les jeunes se forment à hauteur de leur potentiel. Qui peut faire plus devrait le faire. C’est pourquoi la formation professionnelle est construite sur un modèle en escalier qui permet de cumuler les diplômes. D’ailleurs, de plus en plus de jeunes enchaînent avec un second diplôme auprès de la même entreprise-formatrice pour être encore mieux préparés aux exigences d’une société en pleine mutation. Malheureusement, certains sont soumis à des contraintes financières qui les empêchent d’accéder à des formations qui ne seraient pas organisées de manière duale et qui ne leur permettraient pas de prétendre à une indemnité. C’est un frein sur lequel nous devons travailler», explique la conseillère de direction.

 

Un potentiel d’amélioration

Si les entreprises-formatrices sont globalement satisfaites de leurs apprentis, certaines déplorent toutefois un manque de maturité lors de l’entrée en apprentissage. «De notre point de vue, retarder l’orientation d’un an en prolongeant le cycle inférieur pourrait permettre de remédier à ce bémol. Cette année supplémentaire laisserait le temps aux jeunes de gagner en maturité, d’acquérir davantage de compétences transversales, de réaliser éventuellement l’un ou l’autre stage et d’en apprendre plus sur les différentes voies qui s’offrent à eux», précise Françoise Schmit.

 

Une plus-value dans tous les secteurs

Au 31 décembre 2022, on dénombrait pas moins de 2.081 nouveaux contrats d’apprentissage conclus pour l’année scolaire 2022/2023. Parmi les plus de 100 formations proposées, les plus convoitées demeurent celles qui relèvent des domaines administratif et automobile, tandis que des postes restent à pourvoir dans des secteurs comme la construction et l’industrie. Ceci dit, l’apprentissage n’est pas seulement l’affaire du secteur privé! «Si les entreprises-formatrices sont surtout issues du secteur privé, de plus en plus de structures du secteur public se lancent également. Aujourd’hui, 51 communes forment 223 apprentis à divers métiers, comme des instructeurs de natation pour les besoins des piscines communales, des auxiliaires de vie pour les crèches ou des pépiniéristes-paysagistes pour les parcs. Nous encourageons d’ailleurs celles qui ne forment pas encore à sauter le pas», conclut Françoise Schmit.

 

Témoignage de Daniel Hendriks, encadrant et conseiller jeunes & santé à la Ville de Luxembourg, sur la situation de l’apprentissage dans les services de la capitale.

La Ville de Luxembourg fait preuve d’une longue tradition en matière d’apprentissage. En 2013, elle avait décidé de renforcer ses efforts au niveau de l’engagement, de la formation et de l’encadrement des apprentis.

Pour l’année scolaire 2022-2023, la Ville encadre 49 apprentis dans 10 métiers et professions différents. La plupart d’entre eux suivent un apprentissage en vue d’exercer les métiers d’instructeur de natation, d’auxiliaire de vie ou de pépiniériste-paysagiste, mais de nouvelles opportunités sont en cours de développement dans les domaines de l’artisanat et des nouvelles technologies.

La Ville de Luxembourg se réjouit de l’évolution positive de l’apprentissage au sein de ses services, tant en termes de quantité de postes proposés que de demandes d’apprentissage. Toutefois, ce type de contrat demande un investissement important en temps et en ressources pour l’encadrement, ainsi que pour la coordination entre les différents acteurs. La Ville, en tant qu’employeur important du Grand-Duché, y consent dans un souci de responsabilité sociale. Elle contribue ainsi à la formation de salariés qualifiés disponibles pour le marché du travail luxembourgeois. En outre, l’apprentissage est un investissement en capital humain qui peut mener au recrutement de nouveaux salariés en cas de postes vacants auprès de la Ville.

Nous recommandons à toutes les administrations communales de s’engager dans cette démarche de formation de jeunes en vue de leur permettre d’obtenir un diplôme, et d’avoir ainsi de meilleures perspectives d’embauche, que ce soit dans le secteur public ou privé.

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