Marier l’ancien et le moderne

Depuis 2006, CBL, filiale de l’entreprise de construction belge CIT Blaton, réalise des projets d’envergure aux quatre coins du Grand-Duché. Pour la Ville de Diekirch et l’Institut national pour le patrimoine architectural (anciennement Service des sites et monuments nationaux), elle supervise et effectue en ce moment le chantier de la future maison relais. Celui-ci est particulièrement représentatif du panel de compétences de l’entreprise car il regroupe les exigences d’un bâtiment public, éducatif et du patrimoine. Frédéric Reumont, Project Manager, revient sur les éléments marquants de ce projet.

 

Pouvez-vous nous présenter la future maison relais de Diekirch en quelques mots?

Au lancement du projet en 2020, la commune prévoyait d’entreprendre des travaux lourds: l’intérieur de la structure existante – d’une surface de 2.000 m² – devait être complètement abattu pour être reconstruit à neuf. Toutefois, l’Institut national pour le patrimoine architectural (INPA) n’a pas donné son aval, le bâtiment étant classé au patrimoine national. Il s’agit en effet d’une ancienne résidence pour les sœurs datant des années 1870 qui a ensuite été utilisée par ces dernières comme pensionnat pour jeunes filles pendant 50 à 60 ans. Nous avons donc formulé une nouvelle offre en 2021 en tenant compte des exigences de l’INPA qui imposait la conservation de la quasi-totalité de l’intérieur du bâtiment, dont les carrelages, les plafonds ou encore les portes.

 

Quelles sont les spécificités de ce chantier?

À l’extérieur, nous avons tout d’abord procédé au sablage complet des façades avec une réparation ponctuelle des pierres d’époque qui ne pouvaient évidemment pas être remplacées. Les entrées du bâtiment ont également été repensées afin d’en permettre l’accès aux personnes à mobilité réduite et de répondre aux normes en vigueur. Nous avons entre autres installé une passerelle de 14 m pour rejoindre la chapelle depuis l’extérieur, utilisée à l’époque pour les religieuses. Cet élément du patrimoine constitue un bon exemple du concept architectural appliqué au projet. L’objectif était de marier l’ancien avec le moderne. L’accès extérieur de la chapelle est donc fait de métaux noirs contrastant avec l’édifice du 19e siècle et ajoutant, ainsi, une touche contemporaine. Les vitraux, eux, ont été conservés et restaurés.

La toiture a quant à elle été entièrement démontée et refaite en ardoise. La charpente a dû être conservée, mais nous l’avons dotée d’un isolant en fibre de bois. En ce qui concerne les châssis, nous avons installé des fenêtres en bois sur demande de l’INPA.

À l’intérieur, nous avons expérimenté pour la première fois le principe des planchers sur poutres en bois. Ces éléments devant être conservés, nous avons dû adopter de nouvelles techniques qui nous ont donné un peu de fil à retordre, notamment en ce qui concerne les niveaux, mais, grâce à ce projet particulièrement exigeant, nos méthodes et nos compétences se sont diversifiées et étoffées.

Grâce à ce projet particulièrement exigeant, nos méthodes et nos compétences se sont diversifiées et étoffées

La ventilation a représenté un autre défi de taille. Nous étions contraints de nous conformer à des murs existants, il était donc compliqué d’y amener des groupes de ventilation. Cependant, nous avons réussi en nous adaptant à ce que nous avions à notre disposition. La mise en conformité du réseau électrique et des coupe-feux indispensables dans un bâtiment public relevait en outre de notre responsabilité. Cette procédure nous est familière, car nous nous occupons régulièrement d’infrastructures de ce type. Par exemple, le dernier projet sur lequel nous avons travaillé était celui du Parlement européen à Luxembourg.

Au sous-sol, nous installons pour le moment une cuisine industrielle qui permettra de préparer les repas des 355 enfants qui profiteront des services de la future maison relais. S’ajouteront à cela quatre salles de restaurant au rez-de-chaussée.

Une autre exigence de l’Institut était de sauvegarder l’escalier en chêne absolument remarquable dans le cœur du bâtiment. Nous l’avons donc remis à neuf en le décapant, le traitant et l’enduisant d’une lasure, un produit de protection opaque pour matériaux poreux.

 

Comment avez-vous fait face aux différentes crises que le secteur de la construction a rencontrées?

Notre entreprise, comme toutes sociétés de construction, n’a pas été épargnée par la hausse des coûts et les pénuries de matériaux. Pour ces dernières, nous avons dû faire preuve de la plus grande flexibilité. Par exemple, le délai pour recevoir les câbles électriques a été fortement retardé. En attendant ces éléments, nous avons continué à tracer les saignées, repoussé la venue de l’électricien et avancé celle du chauffagiste à la place. Quand le matériel est arrivé, il n’y avait plus qu’à tirer les câbles et, en deux semaines, ce volet du chantier était clôturé. Aujourd’hui, les problèmes de délai ne sont clairement pas réglés dans tous les domaines, notamment pour des matériaux comme le cuivre ou l’aluminium, mais d’autres ont retrouvé leur production d’avant la crise. La situation s’est donc améliorée mais n’est pas revenue à la normale pour autant.

La fin du chantier approche désormais à grands pas, la livraison du bâtiment étant prévue à la fin du mois de mai, et je suis satisfait de la capacité de résilience dont nous avons fait preuve. La situation n’était pas facile, mais les résultats sont là!

 

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