Eurosolar Lëtzebuerg a soufflé ses 20 bougies

Cela fait un peu plus de 20 ans qu’Eurosolar Lëtzebuerg s’efforce d’offrir un brillant avenir aux énergies renouvelables, et au photovoltaïque en particulier. Le 10 juin dernier, l’asbl a célébré cet anniversaire en compagnie de Claude Turmes, ministre de l’Énergie, et d’Henri Kox, ministre du Logement et président d’honneur de l’association. L’occasion pour Paul Zens, son président actuel, de revenir sur deux décennies consacrées à la transition énergétique, mais aussi d’évoquer les perspectives d’avenir de l’asbl. Retour sur cet anniversaire.

 

Pouvez-vous revenir sur l’évolution d’Eurosolar depuis sa création?

Eurosolar Lëtzebuerg a été fondée en 2002 par une poignée de convaincus du potentiel du photovoltaïque déjà impliqués dans des projets d’études y relatifs menés au Lycée des Arts et Métiers du Limpersberg depuis 1992. En créant l’asbl, les fondateurs ont souhaité rejoindre le réseau européen du même nom, né en Allemagne sous l’impulsion d’Hermann Scheer, homme politique à l’origine de la loi allemande sur les énergies renouvelables, et dont l’objectif principal était de contribuer au remplacement complet des énergies fossiles et nucléaires par des énergies renouvelables.

Jusqu’en 2017, l’asbl est encore une petite structure qui dispose de peu de moyens, mais, cette année-là, elle signe une convention avec le ministère de l’Environnement qui lui permet d’engager un coordinateur. Renouvelée en 2020, celle-ci détermine les missions de l’asbl, à savoir le suivi des impacts de l’approvisionnement énergétique avec des ressources renouvelables, la remise d’avis concernant les règlements, les lois, les statistiques et les projections y relatifs et le travail d’information et de diffusion des possibilités politiques, techniques et économiques de l’introduction des sources d’énergies solaires et renouvelables.

 

Quel bilan pourriez-vous tirer de vos activités depuis ces 20 dernières années?

Au-delà ds 20 ans de l’asbl, l’année 2022 était marquée par le 50e anniversaire du rapport du club de Rome intitulé «Les Limites à la croissance», et je me désole que nous ayons si peu avancé à cet égard… D’un autre côté, nous pouvons reconnaître une certaine prise de conscience écologique du grand public. J’espère que l’asbl a pu y contribuer, bien qu’elle agisse pour ainsi dire «en deuxième ligne». Si Eurosolar n’a pas concrètement construit de maisons passives, par exemple, elle a toutefois mis à disposition un outil comme archipv.lu qui se présente comme un guide sur l’intégration architecturale des panneaux photovoltaïques au Luxembourg ainsi que sur les offres de financement pour des rénovations ou constructions écologiques en relation avec le prêt climatique. Si elle n’a pas non plus installé de panneaux photovoltaïques, elle a notamment participé au projet interrégional «PV Follows Function» qui vise à renforcer la mise en œuvre des technologies photovoltaïques intégrées aux bâtiments et aux surfaces agricoles dans la Grande Région. Ces initiatives – parmi d’autres, comme la participation à des événements tels que la Klima-Expo ou encore la création du podcast «D’Sonn am Stecker» – ont certainement aidé à faire avancer les choses par petits pas.

Cependant, il reste beaucoup à faire en termes de communication et d’information. Trop de prétextes ont trop souvent été avancés pour freiner la transition énergétique, que ce soit la crise financière et économique de 2008, la pandémie ou encore la guerre en Ukraine. Sans vouloir me montrer cynique, cette dernière aidera peut-être le grand public à prendre conscience du fait qu’il n’est pas bon de dépendre de despotes belliqueux. Le monde serait sans doute un peu plus paisible, et nous autres Européens de l’Ouest serions moins dépendants de ces autocrates à la conception pour le moins douteuse de la démocratie, si nous installions des systèmes photovoltaïques en nombre suffisant! Car les énergies renouvelables ne sont pas seulement bénéfiques pour le climat et notre santé, elles le sont également pour notre démocratie.

 

Ce sont des réflexions que vous avez partagées lors de votre soirée anniversaire du 10 juin…

Effectivement, cette soirée a été l’occasion de présenter un communiqué de presse que nous avions intitulé «66.000 systèmes photovoltaïques par jour». En effet, les pays d’Europe de l’Ouest versent quotidiennement un milliard d’euros à la Russie pour son pétrole et son gaz naturel. Une somme qui permettrait donc d’installer à la place 66.000 systèmes photovoltaïques tous les jours. Ce communiqué, introduit de façon un peu provocatrice, vise principalement à diffuser les grandes lignes d’un papier que nous avions rédigé pour l’occasion et dont le titre révèle nos aspirations: «100% d’énergie renouvelable d’ici 2030». Nous appelons, d’une part, à la réduction de la consommation annuelle en énergie hors SCEQE (système communautaire d’échange de quotas d’émission) de 38.000 GWh (2019) à 10.000 GWh, soit une diminution de 3/4 environ, ainsi qu’à la décarbonisation complète des secteurs soumis au SCEQE. D’autre part, nous visons une production d’énergie 100% renouvelable. Pour réaliser notre scénario, 30 km2 de panneaux photovoltaïques devraient être installés, soit sur 12% de la superficie déjà bâtie. On peut néanmoins supposer un potentiel pour l’installation de panneaux photovoltaïques pour au moins la moitié des constructions existantes!

 

Comment envisagez-vous la suite de l’histoire de l’asbl?

J’espère qu’un jour des organisations militantes telles qu’Eurosolar deviendront superflues parce que nous aurons compris tout l’enjeu de la transition énergétique. D’ici là, je pense qu’il y a encore du travail, certainement pour les 20 années à venir!

Dans un futur proche, nous développerons le projet agripv.lu qui vise à renforcer le photovoltaïque dans le monde agricole pour combiner production alimentaire et d’électricité et ainsi promouvoir l’agriculture durable. Nous avons récemment mis en ligne le site internet biergerpv.lu, une plateforme grâce à laquelle toute personne qui ne dispose pas de toiture pouvant accueillir des panneaux photovoltaïques mais qui souhaite prendre une part active à leur développement peut adhérer à une coopérative citoyenne de production d’énergie. Suite à cela, en mai 2022, nous avons adhéré à la fédération européenne des coopératives d’énergie renouvelable, REScoop.eu, où nous représentons maintenant le Luxembourg; ce qui fait d’Eurosolar une sorte de structure faîtière à l’échelle nationale. C’est un axe que nous allons développer. Parallèlement, nous espérons pouvoir approfondir nos partenariats avec des acteurs comme le mouvement écologique, la Klima-Agence, etc.

Enfin, nous entendons renforcer notre présence sur internet et les réseaux sociaux en poursuivant la réalisation de notre podcast bimensuel et de reportages vidéo. Les projets de communication nous tiennent beaucoup à cœur et c’est l’axe que nous souhaitons développer dans les mois et années à venir.

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