Soler, Energy from Luxembourg
Depuis dix ans qu’il administre la société, Paul Zeimet a vu Soler se développer, que ce soit en termes de compétences ou de puissance installée! Accompagné par Guy Uhres, responsable des énergies renouvelables, il revient sur cette évolution et sur les perspectives d’avenir de la joint-venture entre SEO et Enovos. Ensemble, ils insistent aussi sur leurs efforts de promotion des énergies renouvelables et de protection de la nature. Explications.
Du chemin parcouru
«Nous avons toujours eu les objectifs de l’État en ligne de mire. Ainsi, Soler a grandement contribué à l’atteinte de ceux qui avait été fixés au secteur éolien pour 2020», estime Paul Zeimet, qui a administré la société au cours de la dernière décennie. En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2012, Soler exploitait 23 éoliennes qui produisaient en moyenne 64 GWh par an. Dix ans plus tard, avec seulement 15 turbines supplémentaires, elle en produit 3,5 fois plus, soit 230 GWh. Une évolution due aux progrès technologiques rapides dans le secteur. «Nous pouvons désormais produire beaucoup plus d’énergie avec moins d’éoliennes. Une fois que les projets actuellement en construction seront mis en service, nous aurons encore dix éoliennes de plus en exploitation: cinq à Dahlem, trois dans la Vallée de l’Ernz, et deux dans le cadre de la première phase du projet Wandpark Sudwand. Avec celles-ci, le ratio augmentera encore: nous aurons doublé les infrastructures en service par rapport à 2012 et produirons cinq fois plus d’énergie verte», poursuit Paul Zeimet.
Selon l’administrateur délégué, cet essor est attribuable à une équipe qui n’a cessé de se professionnaliser. Constituée d’ingénieurs de SEO et d’Enovos, les deux actionnaires de Soler, celle-ci est particulièrement sensible à la cause environnementale et s’investit pour porter différents messages auprès des communes et de leurs habitants. «Nos ingénieurs savent trouver les mots pour expliquer la technique éolienne, même aux personnes quelque peu réticentes», considère Paul Zeimet. Une qualité non-négligeable pour l’entreprise qui met un point d’honneur à offrir la possibilité aux communes et aux citoyens de participer à ses parcs, chacun pouvant en devenir actionnaire.
Ouvrir à la participation
Repenser notre structure et notre fonctionnement afin de prendre encore plus de vitesse
Ainsi, en 2022, la société a ouvert le capital de son parc de Garnich, au sud, et de Windpower, à l’est. Aujourd’hui, les deux parcs comptent ensemble près de 125 actionnaires. Pour promouvoir la participation des communes et du public, Soler multiplie les rencontres avec ceux-ci. En septembre dernier, elle a organisé le premier «Soler Energy Afterwork» auquel elle a convié les responsables politiques de différentes communes pour dialoguer avec eux sur la thématique de l’énergie éolienne au Luxembourg. Des représentants d’Enercon, fabricant d’éoliennes, s’y sont également retrouvés pour présenter en avant-première une nouvelle génération d’éolienne capable de produire près de deux fois plus d’énergie que les modèles actuels. Quelques jours plus tard, Soler a également participé à la journée Portes Ouvertes Luxembourg. Petits et grands curieux ont pu se rassembler au pied d’une éolienne d’Esch-sur-Sûre et bénéficier d’explications et d’ateliers animés par les ingénieurs de l’entreprise.
Le souci de la nature
«Ces rencontres nous ont permis de rappeler au grand public que la crise énergétique actuelle ne nous autorise pas à construire n’importe quoi n’importe où», affirme Guy Uhres. En effet, chaque projet nécessite la réalisation d’études environnementales et, s’il peut être mené à bien, la mise en place de mesures compensatoires et d’atténuation. «Par exemple, les installations doivent être mises à l’arrêt à certains moments spécifiques: en période de nidation ou de chasse pour les rapaces ou les chauves-souris notamment. L’année dernière, ces arrêts ont généré une perte d’à peu près 2% de la production d’électricité. Mais, en contrepartie, nous apprenons beaucoup du monitoring que nous avons mis en place. Depuis 2017, nous avons équipé une dizaine de milans royaux et de milans noirs d’une balise GPS. Nous connaissons désormais très bien leurs habitudes de chasse, de migration et de reproduction. Nous avons pu constater qu’ils n’étaient pas gênés par les éoliennes: non seulement ils évitent le périmètre du rotor lorsqu’ils chassent, mais ils regagnent les mêmes nids d’année en année», ajoute le responsable des énergies renouvelables.
Toutefois, il est fréquent que Soler doive renoncer à l’exploitation de certains sites bien exposés aux vents en raison de leur trop grande proximité avec les nids de certaines espèces. Mais les dernières avancées technologiques permettront peut-être de contourner le problème. L’entreprise mène d’ailleurs un projet pilote dans la commune de la Vallée de l’Ernz. «Nous avons obtenu l’autorisation «protection de la nature» pour installer une éolienne sur un site quelque peu critique à condition de l’équiper de caméras qui détectent les grands oiseaux et de la mettre à l’arrêt automatiquement à l’approche d’un de ceux-ci. Si les résultats sont concluants, nous pourrons espérer reprendre certains projets que nous avions abandonnés», détaille Guy Uhres.
Des objectifs ambitieux
Ces bonds technologiques devraient permettre d’augmenter considérablement la puissance installée. Toujours rivée aux objectifs définis par le gouvernement, Soler pense d’ailleurs atteindre le but fixé pour 2030 en 2025. Quant à l’ambitieux objectif de 2040, elle devrait pouvoir y contribuer très largement grâce aux éoliennes de nouvelle génération qu’elle pourra installer d’ici quelques années. 60 de ces turbines – en mesure de produire en moyenne 20 GWh par an – suffiront pour y parvenir alors que, il y a 20 ans, plus de 1.000 auraient été nécessaires!
«Ces ambitions nous amènent à repenser notre structure et notre fonctionnement afin de prendre encore plus de vitesse. Nous avons le vent dans le dos pour élargir notre portfolio. Si nous misons beaucoup sur le repowering au Luxembourg, nous envisageons aussi la création de nouveaux parcs, que ce soit au sein des frontières nationales ou dans la Grande Région», conclut Paul Zeimet.